Le marché européen de la dette a vu ses rendements obligataires baisser significativement vendredi en raison d’un fort mouvement d’aversion au risque des investisseurs, inquiets des derniers soubresauts dans la guerre commerciale.

Un premier léger mouvement de détente a eu lieu au moment où la Chine a annoncé son intention d’imposer de nouveaux droits de douane sur 75 milliards de dollars d’importations en provenance des Etats-Unis.

«Il y a un petit changement de stratégie de communication de la part de Pékin qui commence peut-être à copier la méthode américaine», observe Antoine Lesné, responsable stratégie et recherche chez SPDR ETF.

«On voit une forme d’escalade dans les mesures de rétorsion de Pékin qui rend les investisseurs plus pessimistes quant à la fin rapide d’un conflit», souligne le spécialiste. «C’est un jeu un peu dangereux.»

Le discours du patron de la Réserve fédérale américaine Jerome Powell a eu un impact positif supplémentaire, «semblant ne pas vouloir décevoir le marché pour l’instant», ajoute M. Lesné.

M. Powell a promis vendredi d’agir pour soutenir l’expansion de l’économie des Etats-Unis mais prévenu que la Fed n’avait pas de mode d’emploi tout prêt pour faire face aux tensions commerciales, qui se sont exacerbées vendredi.

Enfin le président américain Donald Trump a «envoyé le marché en vrille», provoquant «une très forte détente» sur les rendements des emprunts du Trésor américain mais un effet de moindre importance sur le marché obligataire européen, poursuit M. Lesné, expliquant la chronologie de la séance très animée en fin d’après-midi.

M. Trump a promis vendredi de répondre avec force aux nouveaux droits de douane imposés par Pékin, sur un ton faisant craindre que la guerre commerciale qui pèse déjà sur l’économie mondiale ne s’enflamme encore davantage.

A 18H00 (16H00 GMT), le rendement allemand à 10 ans («Bund») a nettement baissé à -0,680% contre -0,649% jeudi à la clôture du marché secondaire, où s’échange la dette déjà émise.

Celui de la France a suivi le même mouvement mais plus légèrement, terminant à -0,378% contre -0,364%, tout comme celui de l’Espagne à 0,131% contre 0,133%.

En revanche, le taux d’emprunt italien à 10 ans s’est tendu à 1,312% contre 1,301%, alors que la coalition doit former un gouvernement d’ici mardi.

Le rendement de même maturité du Royaume-Uni a reculé à 0,477% contre 0,514%.

Enfin, aux Etats-Unis, le taux à dix ans baissait nettement à 1,535%, contre 1,613%, à l’instar de celui à 30 ans, à 2,042% contre 2,104%. Le taux à deux ans évoluait à 1,520%, contre 1,612% jeudi à la clôture.