Terres Rares: Enjeu géopolitique du XXIe siècle

Présélection prix Turgot

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Damien Degeorges, Editions L’Harmattan.

Damien Degeorges consultant international diplômé en études nordiques de l’Université de Paris-Sorbonne et passionné par ses expéditions sur la calotte glaciaire.

L'avis du Club de présélection du prix Turgot
Jean Louis Chambon  

Le Groënland, immense mais très peu peuplée région autonome danoise au cœur de la «région monde» ultra- stratégique de l’Arctique, suscite, pour ses réserves de «Terres rares», des appétits croissants et une vive compétition entre les grandes puissances mondiales, jusqu‘à justifier «l’annonce choc» de Donald Trump de l‘éventualité de son acquisition par les USA. Les Terres Rares, légères ou lourdes, constituent un groupe de métaux comprenant 17 éléments dont 15 lanthanides allant du lanthane à l’yttrium. Elles restent modérément abondantes, quasi monopolisées par la Chine, et incontournables dans de nombreuses productions sensibles (numérique, puces informatiques, etc,). Elles sont associés à des éléments radioactifs comme l’uranium et le thorium ce qui rend leur exploitation sensible . Aussi, pour leur extraction et leur affinage, ces terres rares entrainent l’apparition d’un dilemme environnemental majeur, il a été établi en effet que le Groëland était l’un des pays disposant des plus importantes réserves au monde de ces «trésors» contemporains.

Aussi l’enjeu géopolitique que sous-tend le potentiel en terres rares du Groënland aura fortement impacté ses choix politiques jusqu’à lui faire rêver de devenir comme son voisin Islandais un Etat autonome. Mais cette utopie se heurte à une réalité première, son incapacité à pouvoir disposer durablement des attributs d’une pleine souveraineté (monnaie, défense , budget). Avec un territoire quatre fois plus grand que celui de la France, quasi intégralement recouvert d’une calotte glaciaire et guère plus que 50’000 habitants concentrés majoritairement dans leur capitale Nuuk, le potentiel de développement autonome reste très mince même si des ressources pétrolières difficiles à exploiter peuvent venir s’ajouter aux réserves des terres rares. Reste que ce pays de «l’or vert» n’est pas à vendre bien qu’il soit menacé par les ambitions chinoises qui souhaitent renforcer encore plus leur leadership sur les terres et ressources rares, et par les enjeux majeurs des intérêts vitaux de Défense pour les Etats Unis. Tout l’enjeu de ses tensions géopolitiques autour de ce «petit département danois» , prétendument autonome, tient à ce que les terres rares sont incontournables à la fois à l’ère numérique mais également et surtout dans un siècle où l’ économie faiblement émettrice en gaz à effet de serre s’affirme comme préalable à toute croissance; Ce qui appelle ,de facto, une concurrence dans leurs recherches et leurs approvisionnements, de plus en plus forte. Tout l’enjeu donc pour les pays arctiques est de rester vigilants face au défi chinois dans une région qui reste l’arrière- cour des Etats Unis et… de la Russie. C’est dire combien cette «région monde» représente des risques d’extrêmes tensions géopolitiques pour l’avenir. Comme l’avait noté Deng Xiaoping: «Le Moyen Orient a le pétrole, la Chine a les terres rares». Dans ce petit opuscule l’auteur démontre que l’ultra dépendance notamment sur les terres rares à la Chine n ‘est pas saine du fait de la nature du régime chinois et de ce qui en découle. Il souligne la nécessité et les moyens pour «entamer une cure de désintoxication à cette dépendance au plus tôt..». Enfin et surtout il fait découvrir la bataille en cours, souvent sous-marine, de plus en plus diplomatique, entre les grandes puissances , mais pas seulement ( La France tente aussi de tirer quelques marrons du feu..) pour faire bouger les lignes autour et sur le Groënland.