Il y a un an, La Financière Patrimoniale d’Investissement (LFPI) reprenait Mandarine Gestion et décidait d’en conserver le nom lors de la récente fusion de cette dernière avec Meeschaert AM, issue du Groupe Meeschaert acquis en 2021. Elle-même fusionnée avec Amilton AM achetée deux ans plus tôt. C’est donc par intégrations successives que le groupe LFPI a renforcé son pôle de gestion d’actifs cotés, en diversifiant son expertise et en faisant croite les encours à 6 milliards d’euros au sein d’un groupe présent sur quatre lignes de métier et 28 milliards d’euros. Tour d’horizon avec Fabien Bismuth, issu de LFPI pour présider le directoire de Mandarine Gestion.
Pouvez-vous brièvement résumer les acquisitions et fusions successives qui ont donné naissance à Mandarine Gestion, aujourd’hui pôle de gestion d’actifs cotés de LFPI?
LFPI est née en 2002 au sein de la «galaxie» Lazard, quelques années avant le rachat en 2009 de la société Fonds Partenaires Gestion (FPG), filiale de capital-investissement de la banque Lazard fondée en 1989. Sur le pôle de gestion d’actifs cotés, en 2019, LFPI est entrée au capital d’Amilton AM, société de gestion spécialisée dans les Small & Mid caps et dans la création de fonds sur-mesure et l’a fusionné avec sa société historique LFPI AM. Puis, en 2021, LFPI a acquis le Groupe Meeschaert, pionnier de la gestion étique, et a fusionné sa filiale de gestion d’actifs avec Amilton AM pour donner naissance à Meeschaert Amilton AM dans un premier temps, rebaptisée Meeschaert AM en 2022. Enfin, il y a un an, LFPI acquérait Mandarine Gestion que nous venons de fusionner à Meeschaert AM, l’ensemble opérant désormais sous le nom de Mandarine Gestion. L’ensemble compte en tout près de cent collaborateurs dont plus de quarante gérants et analystes.
Quelle expertise a apportée chacun des composants de l’ensemble?
Né en 1935 à Lille, le Groupe Meeschaert était un acteur historique de la gestion privée et de la gestion d’actifs, gérant notamment l’un des tous premiers fonds éthiques créé il y a plus de 40 ans et disposant d’une forte expertise obligataire. Fondé à Paris en 2007, Amilton Asset Management excellait dans la gestion des Small & Mid caps, la gestion diversifiée et dans la création de fonds sur-mesure. Quant à Mandarine Gestion, également née à Paris, elle était spécialisée en gestion de conviction des actions cotées. Pour sa part, LFPI a apporté son expérience de la gestion obligataire court terme. Aujourd’hui, Mandarine Gestion couvre l’ensemble des grandes classes d’actifs cotés, avec près de six milliards d’actifs sous gestion, repartis pour la moitié en actions et ensuite équitablement entre les obligations et la gestion multi-actifs.
A quelle clientèle vous adressez-vous?
Nous offrons l’expertise de Mandarine Gestion sur les marchés cotés à tous types de clientèle, en France comme à l’international. En Suisse nous commercialisons notre offre auprès d’une clientèle de tiers-gérants, de banques privées, de banques cantonales, de multi-gérants, de caisses de pension et de gérants de fortune indépendants. En France, nous servons notamment des clients institutionnels (caisses de retraites, entreprises, mutuelles, assureurs...), des conseillers en gestion de patrimoine, mais aussi des familles, des associations et des congrégations. Nous mettons également à disposition de nos clients français des fonds de partage dont une partie des revenus est reversée à une cause. En tout neuf fonds dédiés à douze causes différentes peuvent être souscrits par nos clients et représentent environ 5% de nos encours.
Quelles sont, à votre sens, vos expertises phare?
L’un de nos meilleurs thèmes est la transition énergétique sur laquelle Adrien Dumas, notre CIO, gère un fonds global très important, classé article 9. Avec une réglementation de plus en plus exigeante, les entreprises ont de gros besoins et la thématique a récemment regagné tout l’intérêt qu’elle pouvait avoir perdu dans les dernières années en raison du contexte de taux. Dans les domaines de la transition et de la décarbonation, face à la gestion passive, la gestion de conviction fait une vraie différence, raison pour laquelle nous avons par ailleurs développé un outil propriétaire pour mesurer la biodiversité dont l’usage sera étendu à d’autres portefeuilles.
Avec la croissance de l’intelligence artificielle, l’augmentation de l’efficience énergétique ne devient-elle pas clé?
Effectivement, l’IA est couteuse en électricité. Une requête à ChatGPT serait dix fois plus couteuse en énergie qu’une requête au moteur Google. Mais elle oblige aussi cette industrie à adapter les standards les plus avancés technologiquement pour limiter l’empreinte environnementale de son déploiement. Les centres de données et les réseaux intelligents sont aujourd’hui des accélérateurs de l’innovation pour la transition énergétique.
La hausse des taux et la gestion passive n’ont-elles pas asséché la liquidité des petites et moyennes entreprises, un autre de vos secteurs de prédilection?
Les small et mid caps ont en effet pas mal souffert. La baisse des taux devrait leur être favorable et elles offrent un potentiel de croissance significatif. La gestion passive peut s’écarter de la valeur intrinsèque des entreprises et créer des effets de bulle sur des segments trop concentrés. Mieux vaut s’attacher aux fondamentaux avec une gestion active normée et quantitative pour faire les bons choix d’investissement. Dans tous les cas, il faut diversifier son patrimoine quel qu’en soit la typologie. La gestion obligataire le permet aussi et notre prochain fonds à échéance 2030 sera global pour sécuriser du rendement sur les six prochaines années.
Continuerez-vous à grandir par acquisitions successives?
Si nous procédons à de nouvelles acquisitions, ce serait pour acquérir des compétences complémentaires et en fonction des opportunités qui se présenteraient. Notre objectif est aujourd’hui d’étendre notre emprise internationale. Nous sommes actuellement présents en Suisse, avec une filiale dirigée par Steve Bouteiller, en Allemagne et en Belgique et avons des accords de distribution locaux en Autriche, en Italie et en Espagne. Notre priorité est de nous renforcer là où nous sommes déjà implantés avant de nous étendre, probablement vers l’Europe du Sud. La Suisse dont nous couvrons aujourd’hui la partie alémanique fait partie de nos marchés prioritaires. Par ailleurs, le groupe LFPI est implanté au Moyen-Orient, en Asie et aux Etats-Unis et nous pourrions bénéficier de ces antennes pour notre développement global.