Un redéploiement rentable sur le long terme

Yves Hulmann

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Vontobel n’entend pas sacrifier son potentiel de croissance future au profit de mesures d’économies à court terme, selon Martin Sieg Castagnola.

Les voyants étaient au vert l’an dernier pour la Banque Vontobel. Avc un bénéfice net de 265,1 millions de francs en 2019, en hausse de 14% sur un an; des actifs de la clientèle de 226,1 milliards de francs, en progression de 17% par rapport à l’exercice précédent ainsi que des afflux nets d’argent frais de 11,7 milliards de francs, soit un taux de croissance de 6,9% (contre un objectif situé entre 4 et 6%), ainsi qu’une croissance de ses revenus de 9% (objectif de 4 à 6%) l’an dernier, la Banque Vontobel a dépassé pratiquement tous ses objectifs fixés à l’horizon 2020. Sur le ratio entre les coûts et les revenus, situé à 75,6%, est resté supérieur à l’objectif de 72% visé. Voilà pour l’«ancienne» Vontobel. 

Pour la suite, la nouvelle stratégie présentée en décembre dernier par l’établissement zurichois vise à en faire un «investment manager» entièrement centré sur le client. Cette réorganisation sur un modèle «buy-side» implique notamment un désengagement des activités liées aux marchés des capitaux et un recentrage sur la gestion de fortune et d’actifs destinée à des clients institutionnels ou à des privés très fortunés. Quel sera l’impact de ce nouveau modèle d’affaires sur les résultats financiers du groupe? Le point avec Martin Sieg Castagnola, directeur financier (CFO) chez Vontobel, qui s’exprimait mercredi en marge de la présentation des résultats de l’exercice 2019. 

«Nous nous fixons simplement pour objectif un taux de croissance
situé entre 4 et 6% pour les afflux nets d’argent frais.»
En 2019, les entrées nettes d’argent frais («net new money») ont atteint 11,7 milliards de francs, un record, soit un taux de 6,9%. Sera-t-il encore possible d’obtenir un tel montant à l’avenir avec la nouvelle stratégie?

Nous ne faisons pas de pronostic concernant les futures entrées nettes d’argent frais. Nous nous fixons simplement pour objectif un taux de croissance situé entre 4 et 6% pour les afflux nets d’argent frais. Je pense néanmoins que Vontobel a de très bonnes cartes en mains pour continuer à attirer de l’argent. La qualité de nos produits est très bonne et elle est reconnue à l’international et nous avons un bon réseau de distribution. En outre, la tendance a aussi été positive en janvier de cette année.

A fin 2019, les actifs répartis en fonction du domicile des clients provenaient toujours essentiellement de Suisse (41%), suivi par l’Allemagne et les marchés émergents avec 12% chacun. Cette répartition sera-t-elle davantage diversifiée à l’avenir?

En 2019, la part des avoirs des clients en Suisse a légèrement diminué par rapport au total. Pour la suite, cette répartition dépendra aussi de l’évolution de nos activités dans la gestion de fortune (Wealth Management) et dans la gestion d’actifs (Asset Management). La Suisse domine dans la gestion fortune, alors que l’étranger pèse davantage dans la gestion d’actifs. En fonction de la croissance dans chaque unité, cet équilibre peut légèrement varier. Notre objectif est toutefois de croître dans ces deux segments.

«La diminution des revenus opérationnels sera plus que compensée
par la baisse des dépenses et les synergies obtenues.»
En ce qui concerne le rapport entre les coûts et les revenus, ce ratio, situé à 75,6% en 2019, est resté supérieur à l’objectif visé de le ramener à moins de 72%. Est-ce toujours un objectif réaliste?

Un ratio coûts/revenus de 72% reste l’objectif officiel visé pour 2020. Maintenant, il faut tenir compte du contexte récent de forte croissance de nos activités. Nous investissons beaucoup actuellement. Nous avons récemment renforcé nos capacités en France et ferons le même au Japon dans le courant de cette année, pour ne citer que quelques exemples. Nous sommes confiants quant au fait que ces investissements seront payants sur le long terme. A court terme, ce sont cependant d’abord les coûts qui apparaissent en premier dans le compte de résultats. Nous n’allons toutefois pas sacrifier des opportunités de croissance intéressantes sur le long terme uniquement pour améliorer à notre ratio de coûts à court terme.

S’agissant de la mise en place de la nouvelle stratégie présentée en décembre, vous prévoyez sur le plan financier d’obtenir «dans l’ensemble un impact positif de 3 millions de francs» à la suite de la décision d’abandonner les activités purement liées au marché des capitaux. Sur quelle base repose cette estimation?

Pour 2020, nous anticipons que la diminution des revenus opérationnels sera plus que compensée par la baisse des dépenses et les synergies obtenues. Bien sûr, il est toujours plus facile d’estimer quelle sera l’évolution des coûts futurs, car nous pouvons contrôler nous-mêmes nos dépenses, plutôt que de prévoir quelle sera l’évolution des recettes futures. Je pense néanmoins que nos hypothèses et nos attentes sont raisonnables pour l’année en cours. Entre 2019 et 2020, nos revenus opérationnels diminueront certes de 12 millions de francs. Toutefois, nos dépenses opérationnelles baisseront, elles, de 15 millions durant le même intervalle, grâce notamment aux synergies (ndlr: regroupement des services des trois divisions) qui devraient permettre d’économiser quelque 8 millions de francs. En tenant compte de ces deux aspects, un impact positif de 3 millions de francs est ainsi attendu.

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