Solutions d’investissement sur mesure

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

«Notre rôle est de définir les attributs des produits structurés selon les besoins de chaque client» explique Patrick Chotard de Lynceus Partners.

Créé en 2017 par Patrick Chotard, Lynceus Partners met à disposition des professionnels de la gestion - gérants de fortune et conseillers financiers - une expertise dans la construction de produits structurés sur mesure.  Sa plateforme Argo permet de construire des solutions d’investissement correspondant précisément aux besoins des investisseurs. Entretien.

Pouvez-vous résumer la genèse de Lynceus?

J’ai personnellement construit mon expérience sur le desk des produits structurés pour clients institutionnels de BNP Paribas à Paris puis j’ai continué la même activité chez BNP Fortis à Bruxelles. Après avoir d’abord rejoint une boutique indépendante de solutions cross assets en Suisse romande en 2015, j’ai ouvert Lynceus en 2017. 

«Notre mission est d’accompagner les gérants de fortune dans la construction
de produits d’investissement dédiés répondant aux besoins de leurs clients.»
Mais que fait exactement Lynceus?

Notre mission est d’accompagner les gérants de fortune dans la construction de produits d’investissement dédiés répondant aux besoins de leurs clients car il existe plusieurs milliards de combinaisons possibles pour construire un produit en fonction de la maturité (de 3 mois à 10 ans), de la devise (EUR, USD, CHF), des sous-jacents (actions, obligations, matières premières à l’exception des denrées alimentaires), des indices (SMI, Euro Stoxx) ou des taux d’intérêt.  Notre rôle est donc de définir précisément les caractéristiques qui répondront aux besoins de chaque client et de lancer un appel d’offres auprès des banques pour identifier le produit le plus intéressant pour l’investisseur. Dans ce but, nous avons conclu des accords avec 34 banques d’investissement. 

Vos solutions correspondent-elles à tout type de gérant?

Oui, et à plusieurs niveaux de technicité. Certains gérants, très techniques, connaissement exactement les caractéristiques des produits qu’ils désirent. D’autres établissent un cahier des charges plus général en nous indiquant par exemple l’âge du client, son profil de risque, le rendement recherché et la fourchette des montants à investir. Notre travail est de revenir avec une ou plusieurs propositions. 

Quelle est la plus-value de votre plateforme Argo?

Si le gérant maitrise les caractéristiques du produit qu’il recherche, il peut les entrer et obtenir un prix en moins de deux minutes car une dizaine de banques offrent une réponse automatisée immédiate à travers Argo. C’est un dialogue de machine à machine où Argo joue le rôle d’intégrateur et permet au gérant de comparer plusieurs offres d’un coup. Le gérant peut aussi, dans les cas plus complexes, attendre qu’une ou plusieurs banques lui construisent un produit moins standard et plus sophistiqué. Une fois la transaction exécutée, Argo assure le suivi en termes de valorisation du produit et de reporting, en fonction des échéances, et tient le client au courant grâce notamment à des notifications par email. 

«Nous opérons à partir de Genève, de Bäar,
de Paris, de Londres, de Singapour et de l’Ile Maurice.»
Où opérez-vous et comment est constituée votre clientèle?

Nous comptons plus de 700 utilisateurs de la plateforme dont environ 300 en Suisse où nos clients sont principalement des GFI et des banques privées. Nous opérons à partir de Genève, de Bäar, de Paris, de Londres, de Singapour et de l’Ile Maurice. Et ouvrons présentement un bureau à Dubaï. Notre équipe compte une quarantaine de personnes dont sept informaticiens qui développent et maintiennent une plateforme centrale commune à tous. 

Pour quels montants?

En 2019, nous avons réalisé plus d’un milliard de francs de transactions et en 2020, plus de 1,5 milliard. 

Utilisez-vous une technologie externe?

Non, toute notre technologie est propriétaire et évolue à la fois en fonction de notre roadmap et du feedback de nos clients. 

Vous évoquiez plus tôt des accords avec 34 banques. Comment les avez-vous convaincues?

Comme toujours, le plus difficile a été de persuader la première. Mais les suivantes ont vite été convaincues par le flux de transactions: plus de 600 millions dès la première année. Aujourd’hui, nous comptons parmi nos partenaires les trois banques les plus importantes de Suisse mais aussi des banques internationales de renom. N’oubliez pas que, du point de vue des banques comme du nôtre, il y a de la place pour tous.

Votre succès vient-il aussi d’une tarification favorable?

Oui, et d’une grande lisibilité de cette tarification qui est fonction du montant investi et préétablie par écrit. Nous estimons être trois fois moins cher que le marché dans une transparence qui nous permet de gagner des parts de marché en continu.  Et puisque la rémunération est fixée, nous pouvons nous concentrer sur le produit. 

Prochaines étapes?

Nous faisons feu de tout bois. Actifs sur le Tessin avec un nouveau collaborateur italophone depuis septembre, ainsi que sur l’Amérique Latine avec une équipe de trois personnes depuis octobre, nous continuons notre développement international. De plus, nous avons engagé un ancien cadre de Crédit Suisse pour déployer notre stratégie et aider à la mise en place d’un écosystème global. Par ailleurs, nous planifions le développement de nouvelles fonctionnalités d’aide à la décision sur notre plateforme. Bien sûr, la grande nouvelle du moment est l’ouverture de notre bureau de Dubaï.

Envisagez-vous une croissance externe?

Jusqu’à ce jour notre croissance a été purement organique car Lynceus Partners a été créée pour durer. J’ai démarré seul et n’ai pas eu besoin de lever de fonds pour arriver à faire croitre l’entreprise à 40 collaborateurs sur trois continents. A l’heure actuelle, il n’est pas prévu de faire entrer d’investisseurs externes mais je ne suis pas contre acquérir des parts de marché supplémentaires par une croissance externe si la bonne opportunité se présente.