Marcel Rohner, président de l’ASB, et August Benz, directeur par intérim, ont commenté mardi les conséquences de la reprise de Credit Suisse par UBS.

Prévue à l’agenda de longue date, la conférence de presse annuelle de l’Association suisse des banquiers (ASB), ou SwissBanking, qui s’est tenue mardi à Zurich, a finalement été entièrement consacrée au plan de sauvetage présenté dimanche par la Confédération et la Banque nationale suisse (BNS) qui conduira à la reprise de Credit Suisse par UBS. Marcel Rohner (M.R.), président de l’ASB, et August Benz (A.B.), directeur général par intérim suite au départ de Jörg Gasser en début d’année, se sont exprimés devant les médias à cette occasion. Extraits de quelques-uns des points qui ont été abordés à cette occasion.
Marcel Rohner: La vitesse des développements survenus en lien avec le secteur bancaire ces dernières semaines nous a surpris. La Silicon Valley Bank était une banque américaine relativement peu connue il y a quelques semaines seulement. Une forte dynamique s’est mise en place suite à l’annonce des difficultés de cette banque régionale. Ensuite une décision rapide a dû être prise concernant Credit Suisse. La variante A était un rachat par un autre institut. La variante B était de démanteler Credit Suisse conformément aux procédures prévues dans le cadre de la loi sur les banques trop grandes pour faire faillite. De mon point de vue, la priorité était que l’on puisse rétablir la confiance aussi rapidement que possible. Il faut aussi souligner qu’il s’agit d’un rachat effectué par une banque forte, accompagné du soutien de la BNS et de la Confédération. Les banques suisses sont bien capitalisées et le secteur financier demeure solide.
M.R.: Dans un monde où les informations circulent à une vitesse extrêmement rapide et alors que la sensibilité des investisseurs était très élevée, il fallait prendre rapidement une décision capable de stabiliser les marchés.
August Benz: En l’absence d’une solution rapide, personne n’aurait su dimanche ce qui aurait pu se passer sur les marchés lundi matin. La solution qui a été trouvée a permis de garantir la stabilité.
A.B.: Il faut garder à l’esprit que les activités d’UBS seront essentiellement centrées autour de la gestion de fortune, une activité qui comporte moins de risques que d’autres. La gestion de fortune sera le domaine de compétence clé d’UBS, même après la reprise de Credit Suisse. Lorsque l’on évoque la question de la taille qu’aura UBS à l’avenir, il faut aussi prendre en considération cet aspect.
M.R.: En tant qu’association, ce n’est pas notre rôle de dire à nos membres ce qu’ils doivent faire ou non en la matière. Il s’agit d’une décision qui relève de la compétence des établissements bancaires. La notion de bonus comporte différentes facettes – certaines formes rémunérations variables sont parfois aussi décrites sous le terme de «bonus». Personnellement, j’aurais de la peine à m’imaginer que l’on dise à des milliers d’employés de Credit Suisse, qui avaient bien fait leur travail, qu’aucun bonus ne leur sera versé.
M.R.: En Suisse, les banques évoluent dans un marché qui reste très compétitif. Il faut laisser à UBS le temps nécessaire pour réorganiser ses activités en Suisse. Du reste, UBS n’a certainement aucun intérêt à avoir une position trop dominante. Nous partons du principe que la concurrence restera préservée. En outre, il ne faut pas oublier qu’en plus des différents acteurs bancaires qui existent en Suisse, il y a aussi des établissements étrangers qui vont évaluer quelles sont leurs chances sur tel ou tel segment sur le marché helvétique.
A.B.: En comparaison historique, la taille cumulée des deux grandes banques sur le marché suisse a même diminué au fil des années dans certains domaines, comme les hypothèques par exemple.