La Mobilière portée par sa croissance organique et externe

Anne Barrat

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«La Mobilière fonctionne bien même en temps de sinistralité extra-ordinaire» se félicite Michèle Rodoni, CEO du groupe.

La plus vieille société d’assurance privée suisse (1826) a dépassé les 4 milliards de francs de recettes de primes, une croissance de 3,6% en un an qui lui a permis de limiter l’impact d’éléments exceptionnels liés à la pandémie de COVID sur son bénéfice net en recul de 10,4% à 437,8 millions de francs au 31 décembre 2020. Retour sur les résultats d’une année exceptionnelle avec Michèle Rodoni, qui a pris en début d’année la tête du leader suisse de l’assurance choses après trois décennies passées au sein des plus grands noms du secteur de l’assurance.

Quel est à vos yeux le principal enseignement des résultats de l’année 2020?

La crise n’a pas empêché La Mobilière de livrer des résultats satisfaisants tout en continuant à maintenir le même niveau de réponse aux besoins de ses clients dans des circonstances hors du commun. Commençons par ce deuxième point, nos 2,2 millions de clients. Pour les aider à faire face aux situations tout à fait hors norme induites par la pandémie, nous avons versé plus d’un demi-milliard de francs suisses en indemnisation de sinistres. Ainsi, lors de la première vague, nos équipes ont géré 35’000 cas d’assurance voyage et plus de 600 cas de rapatriement. De plus, quelque 5’000 PME ont été indemnisées au titre de leur contrat d’assurance épidémie que nous avons étendu au cas de pandémie. Pour ce faire, nous avons débloqué 200 millions de francs de la réserve que nous avons constituée au fil du temps précisément pour gérer ce type de catastrophe. 

«C’est la vivacité des marchés financiers en fin d’année
qui nous a permis de clôturer nos comptes sur une note plus positive.»

Les résultats financiers maintenant: l’érosion des résultats techniques du groupe (-37,1% à 159,4 millions de francs), constatés aussi bien sur le secteur non-vie (-20,8% à 267,8 millions) que sur le secteur vie (-28,1% à 108,3 millions) a été atténuée par le moindre recul des résultats financiers (-6,5% à 311,9 millions). C’est la vivacité des marchés financiers en fin d’année qui nous a permis de clôturer nos comptes sur une note plus positive. In fine, si recul il y a eu, en grande partie dû aux dépenses exceptionnelles d’indemnisation des sinistres, et, dans une moindre mesure, à la volatilité des marchés, il ne doit pas faire oublier la croissance que nous avons connue sur nos deux principaux secteurs. Aussi bien sur le premier (80,4% de nos recettes) et le plus le plus ancien, le non-vie (+3,3% à 3,292 milliards) que sur le second, démarré il y a une vingtaine d’années, l’assurance-vie (+5,2% à 802,3 millions). La tendance du premier trimestre 2021 se poursuit à un niveau comparable à celui de 2020.

Dans quelle mesure ces résultats valident-ils votre plan stratégique?

Nos axes stratégiques visent d’une part à consolider nos parts de marché sur le secteur non-vie, à travers l’extension de notre offre de services dans les domaines de l’habitat et des PME, d’autre part à développer notre part de marché dans l’assurance-vie, via notamment sur la prévoyance privée. Force est de constater que nous avons progressé sur chacun de ces segments en 2020. Un tiers des ménages et des PME est ainsi assuré par la Mobilière. Quant à la croissance de notre clientèle pour la prévoyance privée, elle tient beaucoup à ce que nous offrons à nos clients un portefeuille de mobi-fonds beaucoup plus flexibles et performants que des portefeuilles fondés sur des taux d’intérêts garantis. Les actifs sont gérés par nos équipes, un service que nous proposons à des caisses de pension mais qui reste marginal.

Quel a été l’élément clé qui vous a permis d’atteindre ces résultats qualitatifs et quantitatifs?

Nos investissements dans le numérique. Depuis 2015 nous avons investi plus d’un milliard de francs pour moderniser nos systèmes technologiques d’informations. Le retour sur investissement a été maximal dès lors que 90% des collaborateurs sont passés, du jour au lendemain, en télétravail. La performance de notre plate-forme a permis à nos équipes de maintenir des relations absolument normales, sinon plus fréquentes en raison des circonstances, avec les clients.

«Notre stratégie de croissance externe a pour principal objectif
de diversifier notre offre de services dans l’écosystème Habitat.»
Le groupe fait preuve d’une grande dynamique en termes de croissance externe. Comment ces développements s’intègrent-ils dans sa stratégie globale? 

Notre stratégie de croissance externe, qui consiste principalement à prendre des participations dans des plates-formes numériques, a pour principal objectif de diversifier notre offre de services dans l’écosystème Habitat. Il s’agit par exemple de toucher une clientèle de jeunes locataires et propriétaires, habitués à tout faire sur Internet. C’est dans cet esprit que nous avons acheté récemment la place de marché gratuite pour les biens immobiliers Flatfox. Ce portail renforce notre écosystème Habitat, dont font partie la place de marché Scout24 Suisse SA (coentreprise que nous détenons avec Ringier), la plateforme d’artisans Buildigo et le portail locataires aroov. Ces plates-formes sont fondamentalement complémentaires de notre réseau d’agences générales, auquel nous tenons beaucoup. 

Quid du partenariat avec Raiffeisen?

Ce partenariat, effectif depuis le début de l’année, reflète une communauté de marque, d’approche, de culture d’entreprise. La Mobilière et Raiffeisen sont non seulement proches dans leur manière de fonctionner, mais partagent également une vision semblable de leur avenir, une croissance durable et profitable. L’accord commercial que nous avons passé joue sur la complémentarité de nos réseaux. Il porte sur le développement d’une plate-forme commune, Liiva, qui permettra à des propriétaires de biens immobiliers de bénéficier de produits et services des deux partenaires. 

Y -t-il un volet international dans la stratégie de la Mobilière?

Non.

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