A l’avant-garde de la finance

Yves Hulmann

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Pour Jörg Bode, le nouveau CEO de GenTwo, le processus de démocratisation de l’accès à toutes sortes de classes d’actifs est en marche.

Changement à la tête de GenTwo, une société fintech zurichoise qui crée des plateformes de titrisation pour la clientèle institutionnelle. Jörg Bode en devient le nouveau CEO, tandis que Philippe A. Naegeli, co-fondateur de GenTwo et directeur jusqu’à présent, assurera désormais la fonction de «Chief Vision Officer». Entretien avec Jörg Bode, nouveau CEO de GenTwo à l’occasion du passage de témoin.

Vous êtes issu de la banque d’investissement. Qu’est-ce qui vous a motivé à rejoindre une société fintech comme GenTwo et à en reprendre la direction aujourd’hui?

J’ai effectivement effectué une carrière classique dans la banque d’investissement. Après des études à l’Université de Saint-Gall, j’ai ensuite travaillé plusieurs années à Londres pour différentes banques, dont Goldman Sachs. Ensuite, j’ai rejoint Leonteq où j’ai travaillé pendant cinq ans en tant que directeur pour la région Europe, Moyen-Orient et Afrique (EMEA). C’est en travaillant pour cette société spécialisée dans les produits dérivés que j’ai effectué mes premiers pas vers ce que l’on pourrait appeler le nouveau monde de la finance. C’est aussi dans cette fonction que j’ai noué des premiers contacts avec GenTwo qui m’ont motivé à rejoindre ensuite la start-up.

«Dès le départ, GenTwo a eu l’ambition d’agir
comme un acteur global et pas seulement local.»
Quelles seront vos priorités au sein de GenTwo?

GenTwo est sur le point d’entamer une grande expansion à l’international. Actuellement, environ 80% de nos activités concernent le marché suisse et les 20% restant l’international. Néanmoins, notre intention a été de proposer nos plateformes de titrisation à la clientèle la plus large possible. Dès le départ, GenTwo a eu l’ambition d’agir comme un acteur global et pas seulement local. Pour y parvenir, nous n’avons toutefois pas lancé de grandes campagnes marketing mais misions plutôt sur la publicité de bouche à oreille. Nous allons maintenant travailler à cette stratégie d’internationalisation dans des marchés hors de Suisse.

Disposez-vous de suffisamment de ressources pour adapter vos solutions à l’évolution future de la demande?

L’automation et l’extensibilité, ou «scalability» en anglais, de notre modèle d’affaires est le deuxième axe prioritaire du développement de nos activités. Ici, je dirais qu’il faut distinguer entre deux catégories d’actifs. D’un côté, il y a ce que l’on appelle les «bankable assets» et, de l’autre, les «non bankable assets». Dans la première catégorie, qui concerne des actifs plus classiques, il est relativement facile d’automatiser toutes sortes de processus. C’est pourquoi nous commençons nos efforts en matière d’automatisation et de «scalability» dans ce segment.

Dans la seconde catégorie d’actifs, c’est moins facile. En effet, les «non bankable assets» concernent toutes sortes d’actifs tels que le private equity, l’immobilier ou la dette privée par exemple. Pour ces actifs-là, nous n’en sommes encore qu’au début du processus d’automatisation.

Néanmoins, de manière générale, le processus de démocratisation de l’accès à toutes sortes de classes d’actifs pour les investisseurs est en marche. Nous n’en sommes qu’au début de ce processus de transformation.

Pouvez-vous citer un exemple de titres ou de classes d’actifs qui sont devenus beaucoup plus accessibles pour les investisseurs au cours des cinq à dix dernières années?

Le capital investissement ou «private equity» constitue un exemple intéressant de ce processus de démocratisation de l’accès à certaines catégories d’actifs. Jusqu’à il y a encore quelques années seulement, le private equity était réservé à une élite. Il y avait deux façons d’y avoir accès: soit parce que vous aviez d’excellentes connexions avec les acteurs de ce secteur, soit en ayant un portemonnaie bien rempli. Pour investir dans certaines sociétés, notamment dans la tech américaine, il fallait disposer d’au moins 100 millions de dollars. Très peu d’investisseurs y avaient accès. Même des banques ou des caisses de pension n’y parvenaient pas toujours. Les choses ont beaucoup changé depuis.

«Qu’il s’agisse de Leonteq, de Vontobel ou d’autres émetteurs de produits
dérivés ou structurés, nous les considérons comme des partenaires.»
Qu’en est-il de la régulation. Les autorités de réglementation ne vont-elles pas réglementer toujours davantage les plateformes de titrisation que vous proposez?

J’ai passé toute ma vie à être observé et surveillé par les instances de régulation. Nous avons eu chez GenTwo une démarche proactive avec les autorités en charge de la réglementation. Il faut aussi noter que GenTwo n’est ni un négociant en valeurs mobilières, ni un gérant d’actifs. Nous sommes un fournisseur d’infrastructures qui s’adresse à des clients qui sont eux-mêmes déjà régulés tels que des banques, des gérants d’actifs, des family offices, etc.

Vous avez mentionné votre ancien employeur Leonteq. De tels prestataires sont-ils des concurrents pour GenTwo ou au contraire aussi des clients potentiels?

Qu’il s’agisse de Leonteq, de Vontobel ou d’autres émetteurs de produits dérivés ou structurés, nous les considérons comme des partenaires et non comme des concurrents. Les clients finaux de ces sociétés peuvent aussi profiter d’un tel partenariat avec nous. De notre côté, nous tirerons aussi parti des capacités de distribution de ces sociétés présentes dans de nombreux pays.

Si vous vous projetez à un horizon de cinq ou dix ans, quelles seront les nouvelles possibilités offertes par vos solutions de titrisation?

De manière générale, je pense que les possibilités d’accès à toutes sortes de classes d’actifs seront beaucoup plus vastes pour les investisseurs et beaucoup plus simples. J’espère que les jeunes gens auront la possibilité d’investir dès qu’ils en auront les moyens dans un portefeuille de titres et d’actifs extrêmement diversifiés. L’époque où l’on devait se contenter d’investir dans 60% d’obligations et 40% d’actions, complétés par quelques autres actifs est révolue. Avec notre unité GenTwo Digital, les possibilités d’investir en cryptomonnaies ou en crypto-actifs seront aussi beaucoup plus vastes.

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