Gestion d’impact, cap sur l’Inde

Salima Barragan

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Les investissements dans les énergies renouvelables feront la différence, estime Nandita Sahgal-Tully de ThomasLloyd GAM.

Avec la conviction que les marchés émergents sont une source d’opportunités pour l’investissement à impact, ThomasLloyd Global Asset Management s’est spécialisé dans les projets d’infrastructure en Asie. Le continent abrite actuellement 60% de la population mondiale et devrait compter 650 millions de personnes de plus au cours des 25 prochaines années. Tous les trimestres, la croissance démographique de l’Inde, au cours des 10 dernières années, est comparable à la population de l’Australie. Cette croissance démographique fulgurante associée à une économie en plein essor, fait de l'Asie le plus grand consommateur d'énergie, mais également le plus grand émetteur de CO2 par rapport au PIB. Orienter les investissements à impact dans cette région prend alors tout son sens. Le point avec Nandita Sahgal-Tully, Responsable des investissements dans le sous-continent indien.

Pourquoi favorisez-vous les projets d’infrastructures dans les marchés en développement plutôt que développés?

A l'heure actuelle, 80% des émissions carbone sont émises sur le continent asiatique. Il faut donc agir en priorité sur cette région plutôt qu’ailleurs dans le monde afin de réduire significativement les émissions globales. Le marché asiatique des énergies renouvelables est considérable. Les capacités existantes sont obsolètes et doivent être remplacées. Mais il faut aussi prendre en considération la croissance exponentielle de la population, de l’économie et l’urbanisation grandissante de ces marchés qui nécessitent de nouvelles installations rapidement.

La Chine, le Japon et la Corée du Sud se sont engagés à atteindre l'objectif «zéro émission» d'ici 2050, ce qui laisse présager une transformation complète du secteur énergétique asiatique.
Pourquoi la décarbonisation de l'Asie représente un défi sans précédent?

Cette situation résulte du développement économique rapide du continent, de sa base manufacturière dominante et de sa dépendance à l'égard du charbon comme principale source d'énergie. La Chine, le Japon et la Corée du Sud se sont récemment engagés à atteindre l'objectif «zéro émission» d'ici 2050, ce qui laisse présager une transformation complète du secteur énergétique asiatique et pourrait servir de catalyseur à la décarbonisation. L'une des principales raisons de l'adoption de cet objectif est l'importance des avantages économiques et sociaux qui en découlent, car les énergies renouvelables sont aujourd'hui moins chères que les combustibles fossiles tout en générant plus d'emplois par dollar dépensé.

Dans quels types de projets d’infrastructure durables investissez-vous en Asie?

Depuis plus d’une décennie, nous participons à la transition énergétique en finançant de nouvelles capacités de production d’énergies renouvelables et en construisant et exploitant ces projets sur les marchés émergents asiatiques. Nous fournissons des solutions dans le secteur clé de la transition énergétique et nos investissements aux Philippines et en Inde ont un impact positif durable sur les communautés dans lesquelles nous opérons. Pour vous donner un exemple, lorsque nous avons commencé à investir sur l’île de Negros aux Philippines il y a 10 ans, nous étions les premiers et les seuls à investir puis à financer entièrement le premier projet d’énergie renouvelable du pays. À l’époque, les contrats d’achat d’électricité en étaient à leurs balbutiements dans le pays et le gouvernement n’avait que récemment présenté un projet de loi sur les énergies renouvelables. Nous avons travaillé avec eux sur le terrain et leur avons apporté notre expertise pour façonner une nouvelle législation aujourd’hui. Nos projets réduisent activement la pollution et fournissent à des millions de personnes sur les marchés émergents des alternatives renouvelables qui contribuent au développement économique régional.

Le gouvernement indien a lancé un ambitieux programme de réformes réglementaires visant à créer un environnement favorable commercial.
Quels sont vos investissements en cours en Inde, et comment le variant delta les affecte-t-il?

L’Inde est l’un des plus grands marchés pour les énergies renouvelables. L’approvisionnement en énergie étant critique pour le développement du pays, le gouvernement indien a établi un plan ambitieux de déploiement des énergies renouvelables d’ici à 2030. En outre, suite à la pandémie mondiale, le gouvernement a classé tous les projets d’approvisionnement en énergie comme des infrastructures essentielles, ce qui nous permet de continuer à développer, construire et exploiter nos centrales électriques. Actuellement, nous développons un nouveau projet de centrale solaire dans l’État de l’Uttar Pradesh, au nord de l’Inde, qui sera relié à quatre villages et permettra de fournir de l’électricité notamment aux habitations et écoles situées en zones rurales. L'impact immédiat est clair: une énergie stable et fiable pour éclairer les maisons et les écoles, alimenter la productivité économique et soutenir le développement socio-économique.

Comment les réglementations indiennes ont-elles évolué afin de devenir plus favorables aux investisseurs?

Depuis les dernières élections présidentielles, l’Inde est véritablement sur la voie de l’attractivité. Le gouvernement indien a lancé un ambitieux programme de réformes réglementaires visant à créer un environnement favorable commercial. L'Inde s'est imposée comme l'une des destinations les plus attrayantes, non seulement pour les investissements, mais aussi pour faire des affaires. Ces dernières années, le pays a fait un bond impressionnant dans le classement de la Banque mondiale sur la facilité de faire des affaires, passant de la 142e place (2014) à la 63e place (2019).