«Gagner de nouveaux mandats fait partie de nos axes stratégiques de développement»

Yves Hulmann

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Eric Niederhauser, CEO de Retraites Populaires, souligne que l’institution peut être active dans toute la Suisse romande pour ses activités de gestion de caisse, des investissements et de l’immobilier.

©Chris Blaser

 

Le rebond des marchés l’an dernier a profité à Retraites Populaires qui a enregistré une performance nette positive de 4,3% sur ses placements en 2023. Ces résultats ont permis au spécialiste de la prévoyance et assureur vaudois de consolider son bilan et de redistribuer aux assurés des excédents à hauteur de 32 millions de francs. En termes d’encaissements, l’institution basée à Lausanne a réalisé un montant de 800 millions de francs, soit son deuxième meilleur résultat sans tenir compte des apports extraordinaires, a précisé Retraites Populaires à l’occasion de la publication jeudi de ses résultats pour l’exercice 2023. Entretien avec Eric Niederhauser, le nouveau directeur général de Retraites Populaires depuis janvier 2024.

Retraites Populaires a enregistré en 2023 une performance nette positive de 4,3% sur ses placements, contrastant avec le recul de 7% enregistré en 2022. Une performance de même ordre que celle de l’an dernier peut-elle être répétée à l’avenir?

Nous ne maîtrisons pas les éléments liés aux variations des marchés qui influent sur la performance des placements. En revanche, nous travaillons avec des attentes de performance, lesquelles se situaient à 2,9% en 2023 tout comme c’est le cas pour 2024. Au cours des trois premiers mois de cette année, la performance nette des placements s’est établie à 2,4% (au 31.3.2024).

«Nous avons donc une volonté plus grande de limiter les risques et avons adopté de ce fait une approche un peu plus défensive.»

Si l’on observe la répartition du bilan, la part des actions représente moins de 20% du total. Est-ce une proportion qui reste stable sur la durée ou serait-il envisageable pour Retraites Populaires d’investir davantage dans les actions?

Nous n’agissons pas comme si nous étions une caisse de pension au sens strict mais aussi en tant qu’assureur. Nous avons donc une volonté plus grande de limiter les risques et avons adopté de ce fait une approche un peu plus défensive.

La part investie en obligations est sensiblement plus élevée avec environ 33% du total. Y a-t-il une plus grande visibilité concernant les rendements pouvant être obtenus dans le domaine obligataire?

Les obligations sont aussi soumises aux fluctuations des marchés, car leur prix est sensible aux variations des taux d’intérêt, notamment. Toutefois, il faut être conscient que même la visibilité à long terme sur l’évolution des taux d’intérêt reste limitée.

La répartition des différentes classes d’actifs reste-t-elle inchangée sur la durée à Retraites Populaires ou procédez-vous parfois à des ajustements?

Oui, tous les trois ans, nous remettons en question cette répartition, en augmentant, réduisant voire en supprimant la part allouée à certaines classes d’actifs. Par exemple, il y a quelques années, nous avons renoncé à investir dans les matières premières et nous investissons davantage dans les infrastructures. Cette allocation est décidée en tenant compte à la fois des perspectives de rendement de chaque classe d’actifs, des risques qu’elle comporte ainsi que de la répartition globale des risques de l’ensemble du portefeuille.

Dans ses activités en tant que plateforme de gestion, Retraites Populaires a intégré l’an dernier la gestion administrative de la Caisse de prévoyance du personnel de la Ville de Fribourg (CPPVF). Avez-vous pour objectif de gagner régulièrement le nombre de ces mandats à l’avenir?

Gagner de nouveaux mandats fait partie de nos axes stratégiques de développement. Ajouter un nouveau mandat par année peut être tout à fait gérable pour Retraites Populaires. Maintenant, il faut préciser que les prestations peuvent varier d’un mandat à un autre. Il y a des mandats qui portent sur l’ensemble des prestations, alors que d’autres ne concernent qu’une partie de celles-ci, qui se répartissent en trois catégories. Il s’agit de la gestion des assurés de la caisse, ou gestion administrative, de la gestion des investissements ainsi que de la gestion du parc immobilier. Dans nos activités en tant qu’assureur, nous nous limitons au territoire du canton de Vaud comme prévu dans la loi. En ce qui concerne les activités de gestion de la caisse, des investissements et de l’immobilier, Retraites Populaires peut être active dans toute la Suisse romande.

«Nous avons doublé le volume des rénovations à une part de 3% par année, comparé à une part de 1,5% qui était visée initialement.»

Dans le domaine de la prévoyance, Retraites Populaires a lancé en 2022 la souscription en ligne de ses solutions appelées Modulo (3e pilier) et PLP (police de libre passage). Dans le cadre de Modulo, Retraites Populaires avait démarré une offre en ligne pour la prévoyance liée du pilier 3a visant à encourager les jeunes à épargner pour le troisième pilier. Comment cette offre s’est-elle développée depuis?

Cette offre fait partie des 6% des contrats qui ont été souscrits en ligne l’an dernier. Notre but n’est pas que tout se fasse en ligne à l’avenir mais de proposer différentes offres complémentaires. Nous misons aussi bien sur la distribution à l’interne, à l’externe ainsi que via nos canaux numériques.

L’immobilier représente environ un quart de vos placements. Retraites Populaires prévoit d’accélérer le rythme de rénovation de son portefeuille immobilier, de façon à réduire de 35% les émissions de CO2 par mètres carrés à l’horizon 2030. Comment comptez-vous y parvenir?

Nous avons doublé le volume des rénovations à une part de 3% par année, comparé à une part de 1,5% qui était visée initialement. Une part de 3% signifie que tous les 33 ans, on renouvelle l’ensemble du parc immobilier.

Est-ce faisable compte tenu du nombre d’oppositions qui existent dans le domaine de l’immobilier?

Bien sûr, il s’agit de risques dont il faut tenir compte. Le temps nécessaire entre le moment où un projet est développé et le début des travaux est une source d’incertitude. Les défis concernent aussi bien la phase de préparation des projets, en tenant compte de la mise à l’enquête et des éventuelles oppositions, que celle de sa mise en œuvre, car il faut trouver les entreprises disponibles et s’assurer de disposer des matériaux. Néanmoins, nous nous donnons les moyens de réaliser ces travaux de rénovation et maintenons nos objectifs dans ce domaine.

Vous avez réalisé cette année deux projets de logements destinés aux seniors. Est-ce parce que l’occasion s’est présentée ou avez-vous une ambition spécifique dans l’offre de logements pour les seniors?

La demande pour des logements qui prennent en compte les critères et les besoins des seniors est une tendance de fonds. Cela s’inscrit aussi dans l’engagement social de Retraites Populaires car nous pensons qu’il s’agit d’un enjeu qui va gagner en importance ces prochaines années. Nous allons ainsi continuer à proposer des immeubles adaptés aux besoins des seniors. 

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