Engagement global

Salima Barragan

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LGIM encourage une approche des parties prenantes, et pas seulement des actionnaires. Entretien avec Marion Plouhinec et Maria Ortino.

En 2019, Legal & General Investment Management s’est opposé à l'élection de 4’000 directeurs d'entreprises mondiales dans lesquelles il est investi. Dans son neuvième rapport annuel sur la propriété active publié en avril*, le gestionnaire britannique s’engage à ne pas sacrifier le futur des entreprises et de la société pour des considérations à court-terme. En temps de crise, il leur apporte un soutien tout particulier. Entretien avec Marion Plouhinec, Analyste ESG et Maria Ortino, Manager ESG.

En tant qu’activiste actionnarial, quels éléments considérez-vous en priorité lors d’une crise comme le Covid-19?

MP: En ces moments difficiles, les bonnes façons de gouverner importent encore plus qu’en temps normal. C’est un fait que la crise a amené sur le devant de la scène. Il est primordial d’établir des dialogues constructifs avec les Conseil d’administration. Par exemple, comment un Président et Directeur General, qui combine les deux fonctions, peut-il en tant de crise, à la fois bien gouverner une société mise dans l’urgence et correctement superviser ses activités?

Nous soutenons les entreprises qui annulent leur dividende
pour le maintien de leur stabilité financière et des emplois.
Face à ces interrogations, comment soutenez-vous les sociétés dans lesquelles vous êtes investi?

MO: Nous apportons un maximum de soutien aux entreprises qui doivent actuellement prendre des décisions conséquentes. Concrètement, nous écrivons aux Conseils d’Administration pour leur rappeler que leurs décisions doivent accroître la valeur pour toutes les parties prenantes, et non pas uniquement celle des actionnaires. Nous soulignons aussi le fait que la prise de risques exagérés pour des gains à court terme au détriment d’une changement positif sur un horizon à long terme n’est pas appropriée. Les discussions sur le paiement des dividendes reviennent souvent sur la table et nous soutenons les entreprises qui annulent leur dividende pour le maintien de leur stabilité financière et des emplois. Nous nous assurons aussi que les entreprises ne licencient pas plus d’employés que la situation ne l’exige mais qu’elles revoient plutôt la rémunération de leurs cadres à la baisse.

Lorsque vous n’arrivez pas à faire passer votre message, quels autres moyens de pression utilisez-vous?

MP: Lorsque les choses se corsent, nous utilisons activement nos droits de vote. En 2019 nous avons ainsi voté contre 4'000 membres de Conseils d’Administration. De plus, nous citons régulièrement les entreprises récalcitrantes dans la presse. Récemment, ces dernières ont accru leurs engagements sur le changement climatique pour ne plus figurer dans les médias.

MO: Chaque mois, nous rendons publics nos votes aux Assemblées Générales, en indiquant le motif des votes d'opposition. Au Royaume-Uni, il n’est pas très courant de publier la résolution des actionnaires, mais l’année passée nous l’avons fait à maintes reprises.

Les rémunérations des chefs d’entreprises sont un sujet de controverse. Quel est votre philosophie en la matière?

MP: Nous visons à améliorer les pratiques de rémunération des dirigeants et à réduire les inégalités de revenus. L'année dernière, nous nous sommes opposés à 35% des rémunérations et nous avons voté contre de nombreux membres de conseils d’administration pour n'avoir pas répondu à des préoccupations persistantes.

Nos efforts d'intendance vont de pair avec l'importance croissante
des critères ESG dans le processus d'investissement global.
En 2019, le Parlement suisse a approuvé une proposition du gouvernement qui exigerait que les entreprises réservent au moins 30% des postes de conseil d'administration et 20% des postes de direction à des femmes au cours des cinq et dix prochaines années respectivement. Que pensez-vous de ces quotas?

MO: Beaucoup d’études démontrent que la diversité des genres est un facteur de succès. Si nous regardons spécifiquement le marché suisse, nous avons pu augmenter la pression grâce à notre force de frappe. Notre objectif est de 30% de femmes dans les Conseils d’Administration.  

Pourquoi, selon votre rapport, les entreprises suisses sont-elles à la traîne en matière d’évaluation des Conseils d’Administration?

MP: De nombreuses entreprises suisses ne reconnaissent malheureusement pas l’utilité des rapports d’évaluation pour démontrer leurs progrès réalisés. Dans leur rapport annuel, elles citent leurs accomplissements mais ne mentionnent pas les points à améliorer.

Comment intégrez-vous les facteurs ESG dans votre approche activiste?

MO: Nos efforts d'intendance vont de pair avec l'importance croissante des critères ESG dans le processus d'investissement global. En 2019, nous avons mis en place un cadre intégré pour l'investissement responsable et poursuivons le développement de son système de notation ESG, en lançant 14 nouveaux fonds avec des objectifs liés à l'ESG, tout en prenant des mesures supplémentaires pour les entreprises ayant obtenu de mauvais résultats.

* 2019 Active Ownership Report