Durabilité: on peut résumer les indicateurs pertinents en quelques pages

Yves Hulmann

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Pour Reto Ringger, CEO de Globalance Bank, un document de 50 pages contiendra certes plus d’informations mais il est moins lisible car la plupart des investisseurs ne les lisent pas.

La conférence marquant le 10e anniversaire de Swiss Sustainable Finance (SSF) a réuni jeudi à Berne des représentants reconnus des autorités suisses et du secteur financier ainsi que différents experts des placements durables. Comment a évolué la finance durable au cours des dix dernières années en Suisse? Allnews.ch s’est entretenu avec Reto Ringger, directeur et fondateur de Globalance Bank, un établissement bancaire spécialisé dans les placements durables basé à Zurich et qui avait aussi co-fondé en 1995 SAM Group, le premier prestataire au monde à se concentrer sur cette thématique. Entretien.

Chez Globalance Bank, les placements effectués sont de toute façon durables. Quels sont dès lors les critères que vos clients regardent en priorité: la performance; le fait de disposer d’un reporting détaillé; les approches utilisées en matière de sélection des placements durables?

Notre ambition est de construire des portefeuilles qui génèrent des rendements conformes au marché tout en ayant une empreinte (footprint) positive. Il s’agit d'une approche proactive, dans laquelle nous sélectionnons des entreprises qui profitent des thèmes de croissance autour de la décarbonation, des nouvelles technologies, de l'urbanisation, de la nouvelle mobilité, etc. Nous pensons que la transformation vers une économie durable entraînera de grands changements et qu’elle fera des gagnants et des perdants.

«Si nous considérons les efforts de réglementation en Europe, le flux d'informations va encore augmenter et il sera encore plus difficile pour les investisseurs de s'y retrouver dans cette jungle d'informations.»

Lors d’un panel de discussion, vous avez déclaré que les clients veulent davantage de «simplicité» - et non pas devoir lire 50 pages ou diapositives en plus. N’est-ce pas contradictoire avec les exigences des autorités de régulation qui vont dans le sens de plus de «transparence», ce qui requiert justement toujours plus de reporting?

De notre point de vue, il n'y a pas de contradiction entre ces deux aspects. Au contraire : la simplicité exige de la transparence et aussi une certaine standardisation. Comme pour la plupart des sujets importants dans l'économie ou dans la vie, on peut toutefois résumer les indicateurs pertinents en quelques pages. Si tout cela est présenté sur 50 pages, nous aurons certes plus d'informations, mais moins de transparence en termes de lisibilité, car la plupart des investisseurs ne lisent pas 50 pages. Dans ce sens, moins c'est plus.

Quelle évolution attendez-vous sur ce plan?

Si nous considérons les efforts de réglementation en Europe, le flux d'informations va encore augmenter et il sera encore plus difficile pour les investisseuses et les investisseurs de s'y retrouver dans cette jungle d'informations.

«Selon différents sondages réalisés en Suisse, 50 à 60% des investisseuses et investisseurs souhaitent effectuer des placements durables.»

Quel bilan tirez-vous du Swiss Climate Score? Est-ce un outil suffisamment simple – est-il utile?

C'est un bon début et Globalance a été la première banque de Suisse à mettre en œuvre les Swiss Climate Scores. C'est une bonne première étape, même si nous avons bien sûr besoin d'un développement supplémentaire. Il s'avère toutefois que les prestataires ont eux aussi besoin de temps pour répondre aux exigences.

Globalance et vous-même faites partie des pionniers dans le domaine des placements durables en Suisse. Dans quels domaines anticipez-vous les principales évolutions dans 5 ou 10 ans en matière de placements durables en Suisse?

La complexité des offres va continuer à augmenter au cours des prochaines années. Le flux de données et les exigences réglementaires vont également continuer à s’accroître. D'un autre côté, l'innovation va également augmenter et de nouvelles solutions judicieuses vont se faire concurrence sur le marché. Selon différents sondages réalisés en Suisse, 50 à 60% des investisseurs souhaitent effectuer des placements durables. Le côté de la demande influencera donc positivement le côté de l’offre et je suis optimiste quant au fait que notre secteur aura fait un grand pas dans cinq ans.

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