Coup de projecteur sur Eric Sturdza Asset Management

Nicolette de Joncaire

3 minutes de lecture

Les objectifs ambitieux de croissance de l’activité de gestion d’actifs du groupe nécessitaient une séparation de cette activité de celle de la banque privée. Entretien avec la nouvelle direction.

De gauche à droite: Eric Vanraes, Andreas Söderholm, Jerôme Papailhau.

 

Début avril, Eric Sturdza Asset Management (ESAM) annonçait l’obtention d’une licence de gestionnaire de placements collectifs de la Finma ainsi que la validation par la Banque Centrale d’Irlande de son statut de gestionnaire de fonds UCITS. La réussite de pratiquement deux ans d’efforts pour une équipe de trois hommes chargés de réorganiser l’activité de gestion institutionnelle et collective d’Eric Sturdza: le CEO, Andreas Söderholm, le CIO, Eric Vanraes et le COO Jerôme Papailhau, épaulés par un Conseil d’Administration composé de Michaela Sturdza (Présidente), de Stéphanie Hodara el Bez et de Marc Craquelin, figure incontournable de l’asset management. Avec une gamme de huit fonds, ESAM couvre tous les univers cotés, d’Europe, d’Asie et des Etats-Unis, sur les petites, moyennes et grandes capitalisations avec pour objectif déclaré l’excellence à travers une gestion active de conviction. Partie intégrante du groupe Sturdza, l’asset management s’est détaché de la banque pour voler de ses propres ailes. Entretien.

Pourquoi avoir dissocié l’asset management de la banque?

Les dirigeants du groupe Sturdza sont arrivés à la conclusion que les objectifs ambitieux de croissance et de développement de l’activité asset management nécessitaient une séparation de cette activité de celle de la banque privée. Aujourd’hui ESAM veut grandir. En premier lieu, nous avons dû ouvrir le chantier des outils de gestion pour gagner en efficience et en flexibilité au sein d’un univers dédié exclusivement à la gestion d’actifs. Nous avons ainsi démarré avec une page blanche qui nous a permis de choisir les méthodes, les flux de données et les logiciels qui convenaient le mieux à nos objectifs.

«Nous nous adressons principalement aux banques privées, aux tiers-gérants, aux family offices (single et multi) ainsi qu’aux caisses de pension.»

Et quels sont vos objectifs?

Nous souhaitons continuer de délivrer des performances de premier plan et croître en termes de notoriété et d’actifs sous gestion, l’un n’allant pas sans l’autre. Nos gérants ont un point commun: de fortes convictions qu’ils mettent en œuvre dans des portefeuilles à indice d’octane élevé par rapport aux gestions semi-passives ou actives exagérément benchmarkées. C’est en ce sens que nous avons ajouté à notre identité visuelle le slogan «active conviction». Nous avons déjà le savoir-faire, le faire-savoir doit s’améliorer. Notre mission consiste également à promouvoir notre philosophie d’investissement «maison» symbolisée par une triple compétence composée d’une gestion de conviction - et de l’analyse fondamentale qui l’accompagne -, d’une analyse quantitative, toutes deux complétées par un usage de l’intelligence artificielle utilisée comme une assistance, notamment pour agréger les données à notre disposition.

Quel est désormais votre rapport avec la banque?

Nous appartenons au même groupe et la banque reste un client privilégié. Nous avons également des liens étroits avec COGES et l’une des missions qui nous ont été confiées par la famille consiste à renforcer les liens intra-groupe entre les trois entités qui le composent (Banque Eric Sturdza, COGES et désormais ESAM). Nous nous y attelons avec la plus grande énergie.

A quel type de clientèle vous adressez-vous?

Nous nous adressons principalement aux banques privées, aux tiers-gérants, aux family offices (single et multi) ainsi qu’aux caisses de pension. Grâce à nos fonds UCITS nous pouvons également nous adresser à des investisseurs non qualifiés mais nous n’opérons pas de distribution grand public.

Quelle gamme de fonds offrez-vous aujourd’hui?

Nous déployons toujours une stratégie hybride de type best-of-breed composée de fonds gérés en interne et de fonds gérés par des partenaires externes. Nous avons toutefois beaucoup internalisé depuis 3 ans avec l’arrivée de Ludovic Labal sur les actions européennes, de Shasha Li Mafli sur l’Asie à travers deux fonds (le Strategic Rising Asia et le Strategic Vietnam Prosperity) et d’Alexandre Déruaz qui est en charge de notre fond vedette, le Sturdza Family Fund. Sur un total de huit fonds, six sont désormais gérés en interne y compris le Nippon Growth Fund, toujours conseillé par le très réputé gérant japonais Yutaka Uda, secondé par sa fille Maiko. Pour ce qui est des gérants externes, nous proposons le fonds UCITS Strategic Long Short géré par Crawford Fund Management, LLC sur les small et mid caps américaines (dont une version « long only » a vu le jour récemment) et le fonds Strategic European Silver Stars Sur les small mid caps européennes, géré par Pascal Investment Advisers SA. La couverture sur les marchés actions est ainsi globale et sur tous les segments de capitalisation.

Vous aviez déjà évoqué dans une précédente interview l’usage propriétaire que vous faites de l’intelligence artificielle. Avez-vous quelque exemple des résultats que vous obtenez?

Les méthodes que nous avons développées nous permettent notamment de traiter plusieurs dizaines de milliers d’emails de recherche pour en extraire une information pertinente et condensée. Compte tenu de nos ressources, notre outil nous autorise des gains de temps et de productivité considérables. Cette capacité est tout particulièrement précieuse lorsqu’il s’agit de cas d’investissement sur des petites sociétés très peu (voire pas du tout) couvertes par les analystes. Grace à l’IA nous pouvons explorer des documents rédigés en toute langue - et pas seulement celles que nous maitrisons - ainsi que tous les flux de nouvelles internet concernant l’objet de notre recherche.

Quelles nouvelles activités envisagez-vous?

Nous comptons lancer rapidement un nouveau véhicule de gestion obligataire destiné aux institutionnels suisses dont la stratégie s’appuie sur une allocation dite «quatre piliers» : 40% en obligations Investment Grade en dollar, 20% en US Treasuries, 20% en obligations émergentes en dollar et 20% en corporates hybrides.

ESAM est une petite entité, pourquoi un investisseur institutionnel se tournerait-il vers vos produits ou s’adresserait-il à vous?

Nous avons démontré à de nombreuses reprises que nous sommes capables d’atteindre l’excellence si l’on en croit les récompenses que reçoivent régulièrement nos fonds. Pour ne citer que les plus récentes, Eric Sturdza Investment vient d’être noté Platine par Citywire, ce qui nous place dans le top 10 % des gestionnaires les plus performants, une reconnaissance extraordinaire dans notre métier. Grâce à l'expertise de Yutaka et de Maiko Uda, notre stratégie d'investissement en actions japonaises se classait en décembre dernier au premier rang de son groupe parmi 1000 pairs selon Morningstar sur une base de 3 ans et de 5 ans. Ce même véhicule remportait également en novembre 2024 le prix Citywire France du meilleur fonds dans sa catégorie. Sur les dernières années, notre gamme a reçu 57 prix dans 11 catégories de la part de 17 entités différentes. Il nous semble que ces résultats parlent d’eux-mêmes et que les investisseurs suisses sauront reconnaitre le talent que nous incarnons. Encore une fois, notre faire-savoir n’est pas tout à fait à la hauteur de notre savoir-faire. 

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