Ces Chinois qui pourraient détrôner Tesla

Salima Barragan

2 minutes de lecture

La Chine ne compte pas inonder l’Ouest de véhicules électriques bas de gamme. Avec Chris Beauchamp et Jeremy Naylor (photo) d'IG Bank.

NIO, Xpeng, Li Auto: gardez-en tête le nom de ces trois constructeurs chinois de véhicules électriques nés dans les années 2014-2015. Ils pourraient bien détrôner Tesla d’ici quelques années. Mais avant d’imposer leurs véhicules haut de gamme sur les marchés internationaux, ils devront d’abord s’affranchir de la piètre réputation du «made in China» héritée des dernières décennies. Selon IG Bank, les investisseurs devraient commencer à s’intéresser à ces challengers asiatiques qui rattrapent leur retard technologique à grande vitesse. Le point avec Jeremy Naylor et Chris Beauchamp, analystes chez IG Bank. 

Pourquoi les constructeurs chinois pourraient-ils détrôner Tesla au niveau mondial?

Jeremy Naylor: En 2020, la Chine qui était le plus gros marché au monde comptait 2,3 millions de voitures électriques en circulation, soit presque la moitié du parc mondial de VE. Pendant ce temps, en Europe et aux Etats-Unis, on comptait respectivement 1,2 million et 1,1 million de VE en circulation. LMC Automotive, une société de données internationale, estime pour sa part que la Chine fabriquera plus de huit millions de voitures électriques par an d'ici 2028, contre un million l'année dernière alors que l'Europe en produira 5,7 millions d'ici là. 

Parlons des nouveaux venus asiatiques NIO, Xpeng et Li Auto, dont les actions sont toutes cotées en dollar US…

Chris Beauchamp: Le constructeur NIO basé à Heifei et coté au New York Stock Exchange, se concentre sur la conception et la production de véhicules haut de gamme. Il intègre des technologies de pointe comme la connectivité, la conduite autonome et l’intelligence artificielles pour le marché des VE. Il compte s’implanter d’ici deux à trois ans en Europe. Li Auto, cotée sur le Nasdaq, produit des véhicules tous terrains ainsi que des véhicules hybrides permettant de réduire la dépendance aux stations de recharges électriques, le défi numéro un des utilisateurs. Enfin, Xpeng a récemment attiré l’attention des traders avertis, car l’année 2020 a été couronnée par une hausse de 326% des véhicules livrés. En outre, les constructeurs chinois n'ont pas d’exposition au bitcoin, qui met actuellement le cours de l’action de Tesla sous pression.

Après un lent démarrage, les actions des nouveaux venus se sont toutes redressées de manière significative depuis la fin de l'année dernière.
Comment les cours des actions de ces nouveaux venus se sont-ils comportés depuis leur création vers 2014-2015? 

JN: Après un démarrage lent, elles se sont toutes redressées de manière significative depuis la fin de l'année dernière.  

Les consommateurs internationaux sont-ils prêts à conduire des véhicules totalement chinois? 

CB: Se remettre de décennies d’atteintes à la réputation, dues à des produits de mauvaise qualité, a été une lutte difficile pour les entreprises chinoises. Bien que la Chine ait parcouru beaucoup de chemin pour rétablir cette réputation, la concurrence avec les produits haut de gamme de marques européennes bien connues, telles que VW, Audi ou Volvo, risque d’être un combat difficile. Mais la Chine ne veut surtout pas inonder l’Ouest de VE bon marché, juste pour s’implanter. Cependant, si elle est préparée à jouer sur le long terme, en offrant des rabais, tenant compte de l’absence de retour pour un temps, elle pourrait bien être en position de convaincre les consommateurs occidentaux que les VE construits en Chine ont de la valeur.

Dans ce marché prometteur, quelle sera la place des constructeurs européens appréciés auprès des consommateurs; tels que VW, Audi ou encore Volvo, qui visent une production totalement électrique pour le futur? 

JN: VW et Audi ont l'avantage d'être des marques connues des consommateurs. Volvo a le double avantage d'être une marque connue et d'appartenir à la société chinoise Zhejiang Geely, qui possède l'une des plus grandes usines d'assemblage au monde. 

A lire aussi...