Bell Food: «Nous voulons être les plus rapides»

Philippe Rey

3 minutes de lecture

Le groupe alimentaire se développe dans le végétarien et le prêt à consommer. Le point avec son CEO, Marco Tschanz.

 

Bell Food Group est l’un des principaux transformateurs européens de viande et de produits prêts à consommer. Son actionnaire majoritaire est Coop avec une participation proche de 70%. Sa valeur boursière avoisine 1,7 milliard de francs. Son produit net a atteint 4,5 milliards de francs en 2023. A priori, Bell Food Group, qui emploie environ 13'300 collaborateurs, n’est pas ce qu’il y a de plus «sexy» sur le marché suisse des actions. D’autres entreprises l’apparaissent davantage. 

Il faut cependant se méfier des apparences. Car le groupe bâlois, qui a pour but de devenir l’un des meilleurs groupes alimentaires d’Europe, peut se targuer d’un parcours boursier remarquable à long terme. Alors même que l’action traverse une phase de consolidation depuis cinq ans. Son CEO, Marco Tschanz, explique à Allnews, comment il compte en sortir par le haut.

Vos liens étroits avec le groupe Coop vous assurent-ils des garanties de prix?

Aucunement, vous pouvez d’ailleurs le vérifier en comparant les prix de nos produits avec ceux de la concurrence. Coop veut des produits concurrentiels qu’il doit écouler et ne fait pas de cadeaux à ses fournisseurs en ce qui concerne la négociation des prix.

«Les produits végétariens, les plats prêts à consommer et les produits à base de volaille connaissent une croissance vigoureuse».

Quelle est la part du groupe Coop dans votre chiffre d’affaires?

Elle atteint moins de 50% sur l’ensemble du groupe; mais nous travaillons dans tous les marchés avec l’ensemble des détaillants. Nous enregistrons plusieurs centaines de millions de francs avec les détaillants et dans les services alimentaires hors de Suisse.

Bell Food Group a connu une évolution très positive sur le plan boursier lors des 30 dernières années. Ce n’est pas le cas de toutes les entreprises alimentaires. Comment l’expliquez-vous?  

Nous conduisons une stratégie de développement à long terme qui fonctionne Elle nous permet de croître de façon rentable avec nos différentes unités d’activités et de gagner des parts de marché, malgré une forte concurrence par les prix. Bell Food Group a ainsi enregistré au premier semestre une croissance du produit net de 5,1%, en monnaies locales et hors acquisitions. 

La transformation que nous avons menée porte ses fruits. Bell Food Group se caractérise aujourd’hui par un bon équilibre entre les catégories de produits: la viande, la charcuterie, la volaille, les poissons et fruits de mer, ainsi que le convenience avec des plats préparés et produits de saveur. Par ailleurs, il existe une meilleure répartition entre les affaires de food service (services alimentaires) et le commerce de détail. 

En somme, notre modèle d’affaires nous a permis de bien faire face aux problèmes causés par la covid et l’inflation notamment. Une gestion ciblée des assortiments de produits, des gains de productivité et des solutions innovantes ont renforcé notre compétitivité. Bell Food Group a profondément changé par rapport à ce qu’il était en 2013.

Quelle est plus précisément votre stratégie?

Le but est clair: être leader sur nos différents marchés avec nos différentes catégories de produits. Bell Food Group se concentre sur ce qui le distingue: son savoir-faire dans la production, ses relations avec les marchés, sans concessions sur la qualité, et son expérience en matière de durabilité et de bien-être animal.  

Consolider durablement la position de leader de Bell dans l’activité principale de la viande, la volaille, la charcuterie et des produits de la mer sur le marché du détail et du food service. D’autre part, nous visons une croissance grâce aux produits végétariens et prêts à consommer. Finalement, investir dans l’efficience et la compétitivité.

«Hubers/Sütag est le producteur de volaille le plus durable d’Europe.»

Bell Food a-t-il effectué de bonnes acquisitions avec Eisberg, Hilcona, Huber et Hügli?

C’est clairement le cas, avec internationalisation profitable et un renforcement de nos positions à l’étranger. Hubers/Sütag est ainsi le producteur de volaille le plus durable d’Europe. Eisberg occupe une position de chef de file en Suisse et en Europe de l’Est dans le secteur des salades fraîches précoupées. C’est un élément clé du secteur convenience. 

Hilcona, pour sa part, est leader du marché suisse avec sa gamme convenience tels que les plats cuisinés frais, pâtes, sandwiches, etc. C’est un important prestataire de pâtes frâiches en Allemagne et en Autriche. Enfin, Hügli occupe également une forte position en Europe dans le domaine des produits de longue conservation comme les soupes, bouillons, mélanges d’épices, sauces à salade, etc.

L’unité d’activité Bell International est-elle devenue rentable?

Oui, à notre satisfaction. Nous l’avons restructrurée et repositionnée dans les spécialités charcutières régionales et la volaille. Tout en veillant à améliorer la rentabilité du jambon cru.

Quelle est la part du chiffre d’affaires à l’international? 

Le chiffre d’affaires se répartit à concurrence de 60% sur le marché suisse et de 40% à l’international. En volumes, la répartition est d’environ 50/50.

Quel est l’avenir des produits à base de viande? La part des produit végétariens croît-elle? 

La consommation des produits à base de viande fraîche tend à décliner, tandis que celle de la chacuterie est plutôt stable. En revanche, les produits végétariens, les plats prêts à consommer et les produits à base de volaille connaissent une croissance vigoureuse. 

Nous mettons l’accent sur le développement de nouvelles solutions de produits, l’augmentation du degré de convenience, ainsi que sur des formes d’offres supplémentaires dans les assortiments végétariens et dans le domaine du convenience volaille.

«Nous investissons avec une optique à très long terme, à savoir 30 à 40 ans.»

Vous réinvestissez vos bénéfices dans la croissance interne. Cela suppose un retour sur investissement supérieur au coût du capital, n’est-ce pas?

Nous voulons croître organiquement. Nous réinvestissons dans une croissance rentable, à un rendement du capital investi supérieur à son coût. Et nous le faisons avec une optique à très long terme, c’est-à-dire 30 à 40 ans. Nous investissons notamment dans une excellente logistique, qui nous permette de livrer en l’espace de quelques heures sur nos différents marchés. Nous voulons être les plus rapides. 

Par exemple, le programme d’investissements sur le site d’Oensingen en Suisse nous permettra d’avoir des nouvelles installations pour la découpe, l’emballage et la préparation des produits qui apporteront des avantages en termes d’automatisation des processus et d’efficacité des prestations logistiques, ainsi qu’une augmentation de la durabilité en termes d’efficacité des ressources et de déchets alimentaires. 

Bell Food Group va-t-il retrouver un free cash-flow substantiel une fois son lourd programme d’investissements 2021-2025 accompli?

Notre objectif est de continuer à croître rentablement, ce qui devrait se traduire notamment par une hausse du cash-flow d’exploitation, lequel a dépassé 300 millions de francs en 2023. Une certaine normalisation des investissements opérationnels aura également lieu. Cependant, nous allons continuer d’investir tout en veillant aux coûts en n’instaurant que des processus qui apportent une plus-value à notre activité. Et en gardant une solide structure de financement. 

A lire aussi...