UniCredit: bénéfice trimestriel plombé par l’exposition à la Russie

AWP

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Le profit net chute de 72% au premier trimestre. Les provisions pour pertes sur prêts s’élèvent à 1,28 milliard d’euros.

UniCredit, numéro deux des banques italiennes, a vu son bénéfice net chuter de 72% au premier trimestre, en raison d’importantes dépréciations de créances dues à sa forte exposition à la Russie, mais a confirmé jeudi ses prévisions pour l’année.

Les provisions pour pertes sur prêts se sont élevées à 1,28 milliard d’euros, provenant majoritairement des risques liés à la Russie. Un pays que la banque envisage de quitter en raison de l’invasion de l’Ukraine, mais préfère attendre le deuxième trimestre pour y voir plus clair.

Même s’il fallait tirer un trait sur tous les actifs russes fin juin, un cas jugé «extrêmement improbable», l’impact sur les fonds propres serait «limité» grâce aux mesures prises, a assuré son PDG Andrea Orcel.

Le bénéfice net de 247 millions d’euros enregistré au premier trimestre est inférieur au consensus des analystes fourni par la banque, qui tablait sur 413 millions d’euros. Sans la Russie, le bénéfice aurait atteint 1,2 milliard d’euros.

Le chiffre d’affaires du groupe a cependant augmenté de 7,3%, à 5,07 milliards d’euros, dépassant largement les attentes des analystes.

Les commissions ont grimpé de 7,9% à 1,8 milliard d’euros. Le revenu net d’intérêts a progressé de 6% à 2,3 milliards d’euros dans un contexte de hausse des taux sur les marchés.

«UniCredit a enregistré d’excellents résultats financiers trimestriels dans tous les domaines d’activité», a souligné M. Orcel devant des journalistes, se déclarant «confiant» quant à la mise en oeuvre du plan stratégique 2022-24.

M. Orcel a ainsi confirmé son objectif ambitieux de reverser aux actionnaires au moins 16 milliards d’euros d’ici à 2024, par le biais de dividendes et rachats d’actions dont l’un, de 1,6 milliard, devrait être lancé prochainement.

Dans ses prévisions pour 2022, le groupe table toujours sur «plus de 3,3 milliards d’euros» de bénéfice net, un chiffre d’affaires de 16 milliards et un ratio de fonds propres (CET1) compris entre 12,5% et 13%.

Ce ratio, indice très suivi par les analystes car il mesure la capacité à faire face à des crises, a baissé à 14% au premier trimestre, contre 15,9% un an auparavant, sous l’effet de la Russie et des dividendes.

Les annonces de M. Orcel ont été bien accueillies à la Bourse de Milan, où le titre progressait vers 15H20 (13H20 GMT) de 5,27% à 8,84 euros, dans un marché en hausse de 0,91%.

«Même s’ils ont pris un coup en raison de l’invasion russe en Ukraine, les résultats du premier trimestre ont été solides», ont jugé les analystes de Santander.

Ceux de Credit Suisse se sont montrés confiants dans «la capacité de la banque à atteindre les objectifs de rentabilité» prévus par le plan stratégique.

«Sortie compliquée»

UniCredit figure parmi les banques européennes les plus exposées à la Russie.

«Une sortie de la Russie est compliquée, nous envisageons toutes les options», a déclaré M. Orcel. «Nous communiquerons les choses lorsque nous les ferons et non lorsqu’elles sont en cours», a-t-il ajouté.

L’exposition d’UniCredit à la Russie «a été réduite d’environ 2 milliards d’euros, à un coût minimum», notamment en «échangeant des actifs» avec des entités russes «qui ne sont pas soumises à des sanctions», a-t-il annoncé.

«Dans un scénario extrême» d’une dépréciation totale des activités en Russie, l’impact sur le CET1 d’UniCredit serait de 128 points de base, soit un coût maximal d’environ 5,2 milliards d’euros, a expliqué M. Orcel, revoyant ainsi à la baisse des chiffres communiqués en mars.

Interrogé sur d’éventuels projets de la Russie de saisir ou nationaliser des avoirs de certains pays jugés «hostiles», il a estimé qu’»il n’y avait aucun signe» d’une telle volonté de la part de Moscou.

Présente en Russie depuis 2005, la banque avait assuré à la mi-mars «envisager de quitter» le pays et dit être en train d’analyser «de manière urgente» les conséquences d’une telle décision.

Dès fin janvier, UniCredit avait renoncé à se porter candidate au rachat de sa concurrente russe Otkrytié en raison des tensions dans la région.

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