Raiffeisen: les résultats fléchissent en pleine réorientation

AWP

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Un correctif de valeur sur les participations pèse sur le bénéfice net au premier semestre. La performance opérationnelle se maintient sur douze mois.

Raiffeisen affiche une rentabilité en baisse à l’issue du premier semestre 2019. Alors que ses revenus se sont tassés, le 3e groupe bancaire helvétique a vu son bénéfice net chuter en l’espace d’un an de 14,7% à 355 millions de francs, conséquence notamment d’un correctif de valeur sur sa participation dans Leonteq.

Outre cette correction de valeur se montant à 38 millions de francs, conséquence de l’évolution négative du cours de l’action du spécialiste zurichois des produits structurés, dont il détient 29% du capital-actions, Raiffeisen a subi l’impact d’un premier amortissement ordinaire de 26 millions passé au titre du nouveau système bancaire, explique mercredi l’établissement sis à St-Gall. Le résultat opérationnel s’est quant à lui inscrit à 446 millions, soit une contraction de 13,7%.

Sans considérer la performance de la banque privée Notenstein La Roche, cédée en juillet 2018 à Vontobel dans le contexte d’un exercice tumultueux lié aux charges issues de l’ère Pierin Vincenz, ancien patron du groupe, Raiffeisen note que la performance opérationnelle se situe au niveau de celle présentée douze mois auparavant. Le résultat semestriel illustre la réorientation de l’établissement coopératif.

Dans le contexte d’un exercice de transition et d’une nécessaire réorientation de l’établissement, celui-ci a engrangé un bon résultat opérationnel, a estimé en conférence téléphonique son directeur général Heinz Huber, en fonctions depuis le début de l’année. La réorganisation devrait pour l’essentiel s’achever au 2e semestre.

Réorganisation

Considérés dans leur ensemble, les revenus se sont pour leur part hissés à 1,52 milliard de francs, un montant en baisse de 7,2%. En tenant compte de la cession de Notenstein La Roche, le recul se limite à 3%.

Dans le détail, le produit des opérations porteuses d’intérêts, principale source de revenus de Raiffeisen, a augmenté de 1,1%. Les affaires liées aux commissions et prestations de services ont également affiché un chiffre d’affaires en hausse, quoique dans une moindre mesure (+0,4%).

Les charges d’exploitation ont reculé de 6,6% à 934 millions. Sans tenir compte de Notenstein La Roche, elles ont toutefois légèrement crû, soit de 0,6%, en raison de la constitution de provisions pour la restructuration en cours, laquelle, annoncée en avril dernier doit permettre d’économiser annuellement quelque 100 millions de francs.

La réduction des coûts entraînera la suppression de 200 emplois sur les quelque 2200 actuellement recensés. Pour l’heure, la restructuration concerne 38 postes, pour lesquels quinze licenciements ont été prononcés. Une deuxième vague est déjà prévue. Indiquant vouloir procéder à l’opération «avec soin», M. Huber n’a pas souhaité fournir de données plus précises.

Direction à compléter

D’ici la fin de l’année, le groupe entend en outre parvenir à compléter sa direction générale, des départs étant intervenus après l’éclatement de l’affaire Pierin Vincenz. Quant aux économies, elles produiront leurs effets à compter de l’an prochain déjà. Après les effets extraordinaires de 2018, le rapport coûts-revenus a retrouvé un niveau jugé normal de 61,5%, contre 64,9% six mois plus tôt.

Entre janvier et fin juin les avoirs de la clientèle ont crû de 3,9% au regard de fin 2018 à 203,7 milliards de francs. L’afflux net de nouveaux capitaux a atteint 4,9 milliards. Quant aux créances hypothécaires, elles ont de leur côté progressé de 1,5% à 182,2 milliards.

L’établissement s’estime en bonne voie pour atteindre ses objectifs en matière de fonds propres. Le groupe Raiffeisen a d’ores et déjà presque atteint le taux de 17,9%, exigé dès le 1er janvier 2026, avec une valeur TLAC (Total Loss-Absorbing Capacity) pondérée du risque de 17,7%.

Améliorer l’efficacité

Evoquant ses perspectives, Raiffeisen table sur un ralentissement continu de la conjoncture mondiale durant le 2e semestre, reflet d’incertitudes géopolitiques persistantes. Alors que la Banque nationale suisse (BNS) devrait maintenir ses taux directeurs à leur niveau actuel, l’environnement des taux d’intérêt négatifs devrait persister ces prochains trimestres, avec comme corollaire une pression continue sur les marges. Le groupe Raiffeisen entend continuer d’accorder ces prochains moins la priorité à la réorientation de ses activités.

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