GAM table sur une perte de 925 millions et tranche dans le vif

AWP

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La baisse de la masse sous gestion entraîne une réduction des recettes. Le titre clôture sur une chute de plus de 20%.

Le gestionnaire d’actifs GAM prend des mesures pour endiguer la crise qu’il traverse depuis cet été. Confronté à d’importantes sorties d’argent, le groupe zurichois va supprimer un emploi sur dix l’année prochaine, indique-t-il jeudi. Les exercices 2018 et 2019 vont boucler dans le rouge vif.

A fin novembre, GAM présentait une masse sous gestion de 139,1 milliards de francs, en recul de 4,8% sur deux mois. La société de gestion subit une véritable saignée depuis la suspension en juillet du gérant star Tim Haywood, soupçonné d’irrégularités. Cette affaire a précipité la chute de certains fonds de placement, les ARBF («Absolute-Return-Bond Fund»).

La liquidation suit son cours et présente des taux d’avancement différents selon la domiciliation des véhicules de placement (Irlande à 92%, Luxembourg 89%, Iles Cayman à 66% et Australie à 72%).

Ces mesures n’ont pas permis de restaurer la confiance des clients dans la marque GAM. Le groupe continue de subir des reflux d’argent même dans les véhicules d’investissements non concernés par la liquidation. Les sorties ont atteint 4,2 milliards de francs en octobre et novembre pour les fonds non-ARBF.

La baisse de la masse sous gestion entraîne une réduction des recettes. Dans ce contexte, le gestionnaire zurichois se voit contraint à réduire ses frais. En tout, quelque 10% des postes de travail seront supprimés en 2019, soit quelque 90. Le groupe revendique sur son site un effectif total de plus de 900 personnes réparties dans 14 pays.

Lors d’une conférence téléphonique, le directeur général intérimaire David Jacob n’a pas pu préciser le nombre exact d’emplois qui finiront à la trappe. De nouvelles mesures d’économie sont envisagées.

Dividende 2018 supprimé

La direction n’échappe pas au coup de sac. Elle passera à sept membres, contre neuf actuellement. Larry Hatheway, chef économiste et directeur de GAM Investment Solutions (GIS), ainsi que Tim Dana, responsable du développement des affaires, vont quitter le comité exécutif mais conserver leurs prérogatives actuelles.

Dans l’oeil du cyclone, GAM s’était déjà séparé de son directeur général Alexander Friedman en novembre. «Nous sommes déterminés à faire tout ce qui est en notre pouvoir pour regagner la confiance de nos actionnaires», déclare David Jacob, cité dans le communiqué.

Un important déficit est attendu pour 2018, à savoir 925 millions de francs, résultat à comparer au bénéfice de 123,2 millions en 2017. La performance sera plombée en particulier par une dépréciation de 855 millions de francs.

La perte devrait être encore plus forte l’année prochaine, en raison des coûts de restructuration. Une embellie est prévue pour 2020.

Le conseil d’administration propose de ne pas verser de dividende au titre de l’exercice en cours. La politique de rémunération sera ensuite révisée. A partir de l’année prochaine, la moitié du bénéfice net sera réservée aux actionnaires.

Les mesures de restructuration devraient déjà produire quelques effets en 2019. Le groupe anticipe une réduction des coûts de 40 millions de francs.

Citant une source proche du dossier, AWP annonçait mardi la suppression de 18 postes de hauts responsables des investissements chez GAM, 14 à Zurich et quatre à Londres.

La direction n’a visiblement pas réussi à rassurer les investisseurs. Le titre a une nouvelle fois chuté à la Bourse suisse, s’effondrant de 21,9% à 3,58 francs. Le cours a touché en matinée un plus bas jamais atteint en 20 ans. Le marché dans son ensemble (SPI) a reculé de 0,50%.

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