La troisième banque italienne Banco BPM a introduit un recours auprès du gendarme de la concurrence contre l’offre publique d’échange (OPE) lancée sur elle par sa rivale UniCredit, assurant qu’il s’agirait d’une «acquisition prédatrice», a indiqué mercredi à l’AFP une source financière.
Cette plainte a été déposée fin décembre auprès de l’autorité de la concurrence italienne, a précisé cette source, confirmant des informations rapportées par le quotidien Il Messaggero. Interrogée, BPM n’a pas souhaité commenter.
Une «acquisition prédatrice» ou «killer acquisition» vise à éliminer un concurrent gênant en entravant ses activités et en freinant son expansion.
La deuxième banque italienne UniCredit avait lancé fin novembre une OPE sur le numéro trois du secteur, alors que Banco BPM s’était engagé peu auparavant dans une offre publique d’achat (OPA) sur le groupe de gestion d’actifs Anima.
BPM a déploré le fait que cette OPE lui impose le «principe de passivité», une règle qui limite notamment sa «flexibilité stratégique» concernant l’OPA sur Anima.
La banque dirigée par Giuseppe Castagna avait également acquis à la mi-novembre 5% du capital de Monte dei Paschi di Siena (MPS), mis en vente par l’Etat italien.
Cet achat avait été vu comme le prélude à la création d’un troisième pôle bancaire en Italie formé par Banco BPM et MPS afin de concurrencer Intesa Sanpaolo, première banque du pays, et UniCredit.
A la mi-décembre, le conseil d’administration de BPM avait déjà demandé au gendarme boursier italien, la Consob, de prendre des mesures afin de «protéger toutes les parties prenantes (de BPM, ndlr) et du marché» et bloquer l’offensive d’UniCredit.
Banco BPM, issu en 2017 de la fusion entre Banco Populare et Banca popolare di Milan, juge largement insuffisante l’OPE d’UniCredit la valorisant à 10,1 milliards d’euros.
BPM a assuré qu’une fusion avec UniCredit entraînerait 6.000 suppressions d’emplois, compte tenu des synergies de coûts de 900 millions d’euros par an invoquées par sa rivale.
UniCredit avait qualifié de «pure conjecture» ces accusations, estimant avoir fait ses preuves «dans la gestion de son personnel».