Résultats encourageants aux tests de résistance bancaire américains

Christian Hantel, Vontobel

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Leur portée reste toutefois limitée. Seules 23 des 4136 banques commerciales américaines y ont participé.

Les tests de résistance des banques américaines se sont révélés encourageants. Les créanciers américains ont prouvé qu'ils disposaient d'un capital suffisant pour faire face à toute nouvelle turbulence sur le secteur bancaire. L'impact du scénario de stress le plus sévère annonce des pertes de 540 milliards de dollars pour les banques participantes avec les ratios Common Equity Tier 1 (CET1) diminuant de 12,4% au quatrième trimestre 2022 à 10,1% en moyenne. Bien que ces résultats soient rassurants, il ne faut pas oublier qu'ils varient considérablement d'une banque à l'autre. Les pertes importantes non réalisées sur les portefeuilles, source d'inquiétude au printemps de cette année, ont augmenté au cours du test, car les taux d'intérêt étaient censés baisser dans le cadre du test de résistance.

En ce qui concerne les pertes prévues de 540 milliards de dollars, la majeure partie est relative aux prêts de 424 milliards dont les principaux facteurs sont les cartes de crédit, les prêts commerciaux ou industriels et les prêts. Sans surprise, les banques les plus exposées à ces activités enregistrent les pertes les plus élevées et, par conséquent, l'impact le plus important sur leurs fonds propres. En ce qui concerne l'immobilier commercial, la perte globale prévue pour les banques avoisine les 65 milliards, avec un taux de perte de 20% pour l'immobilier de bureau, qui dépasse même le taux de perte le plus élevé observé pendant la crise financière de 2008.

Une grande partie du secteur bancaire américain n'est tout simplement pas couvert par ce test de résistance, leurs actifs étant inférieurs au seuil défini par la Fed.

Il est toutefois regrettable que seules 23 banques sur les 4136 banques commerciales américaines aient participé à ce test de résistance. Cela souligne les limites de cet exercice: une grande partie du secteur bancaire américain n'est tout simplement pas couvert par ce test de résistance, leurs actifs étant inférieurs au seuil défini par la Fed. Les banques de catégorie 1, notamment celles d'importance systémique mondiale (G-SIB), sont soumises à la surveillance réglementaire la plus stricte, tandis que les banques de catégorie 3 à 5, qui regroupent de nombreuses banques régionales américaines, sont soumises à des réglementations beaucoup moins strictes. Nombre d'entre elles ne sont même pas prises en compte dans le test de résistance annuel.

La Fed renforcera probablement les normes réglementaires imposées aux grandes banques régionales, simplement pour les dissuader d'accorder certains prêts plus risqués que même les grandes banques, type G-SIB, refuseraient d’accorder.

Les investisseurs ont encore à l'esprit la débâcle de la Silicon Valley Bank (SVB) faillite en mars. Pourtant, depuis le sauvetage de SVB par JP Morgan, les clients et les acteurs du marché ne semblent plus s'inquiéter des banques régionales américaines. Elles ont d’ailleurs récemment émis des obligations séniores non garanties et les investisseurs sont manifestement prêts à absorber cette offre. Même si ces banques doivent émettre à des niveaux de spreads beaucoup plus élevés qu'avant les turbulences, les préoccupations en matière de refinancement se sont atténuées.

Le test de résistance des banques américaines a malgré tout confirmé que le secteur bancaire américain restait solide et bien équipé pour faire face à tout ralentissement, même si certains des risques qui pèsent sur les banques régionales semblent de nature plus structurelle et sont donc susceptibles de perdurer.

La prochaine étape consistera pour les banques à annoncer, à partir de demain, leurs besoins en capitaux et leurs plans de restitution de capitaux, sur la base de ces résultats. Dans la mesure où nous constatons une augmentation des plans de rachat d'actions, nous voyons le potentiel d'une augmentation des émissions d'obligations seniors.

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