Ne tombez jamais amoureux d’un placement

Emmanuel Garessus

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Sur les marchés de crédit, le segment du leveraged loan est attractif à l’inverse de la distressed debt, selon Jonathan Berger d’AS Birch Grove.

L’essentiel est de n’avoir aucun biais au moment d’investir, et certainement pas celui de l’analyste adorant les titres de son domaine de compétence. Telle est la philosophie d’investissement que conseille Jonathan Berger, CEO d’AS Birch Grove, un spécialiste des investissements dans toutes les classes d’actifs liées au crédit (6 milliards de dollars d’actifs sous gestion). Il s’exprimait lors d’un webinar organisé mercredi par le gérant d’actifs suisse Petiole Asset Management AG et animé par son CIO Naji Nehme.

En clair «ne tombez pas amoureux d’un placement, insiste Jonathan Berger. Il est conseillé d’être agnostique. Avec une inflation durablement plus élevée que ces dernières années et une situation géopolitique complexe, mieux vaut disposer d’une bonne culture générale afin de s’adapter aux nouvelles réalités.

Si ce gérant actif dans le crédit basé à New-York privilégie en ce moment le segment du leveraged loan, c’est-à-dire du prêt d’une institution financière à une entreprise à fort endettement, il demande une grande sélectivité et une soigneuse analyse du bilan. Il aime bien les CLO (collateralized loan obligations) dans la phase actuelle d’une hausse de l’inflation. Autant sous l’angle des revenus que des perspectives de plus-value, c’est une opportunité, avance-t-il.

Dans les branches liées à la consommation, AS Birch Grove constate une meilleure résistance des entreprises qui se concentrent sur le luxe que celles qui visent les biens de première nécessité.

A l’inverse, Jonathan Berger, qui dit collaborer depuis de longues années avec Petiole, estime qu’après le fort rebond boursier du début d’année, il a fait passer la part des obligations convertibles de 30 à 10%.

Il se méfie encore plus des dettes en difficulté (distressed debt) et des situations de restructuration. Avec le nouveau régime d’inflation et de taux d’intérêt, les entreprises dont le modèle d’affaire n’est pas durable rémunèrent insuffisamment le risque. A ce propos, le critère de choix reste le flux de trésorerie net (free cash-flow) dans une perspective à long terme et non pas limitée au dernier trimestre.

Plusieurs entreprises technologiques ont adapté leur modèle à l’environnement de taux et d’inflation, à l’image d’Uber, se réjouit le gérant. Leurs résultats ont mis en exergue leurs mesures d’économie. La priorité est passée de la croissance des ventes à celle du profit.

En 2022, AS Birch Grove indique avoir accru ses positions lors des phases les lus difficiles des marchés. Aujourd’hui, Jonathan Berger se dit davantage positif pour le crédit que pour les actions. Il se dit neutre à l’égard de ces dernières.

Sous l’angle sectoriel, les entreprises technologiques comprennent de nombreux cas semblables. Leur financement se fonde sur des promesses de rendement qui risquent de ne pas être satisfaites. Par contre, les sociétés d’assurances, la santé et les services présentent souvent un bilan solide. Mais ici comme ailleurs l’analyse doit être individuelle et porter sur le risque idiosyncratique.

Dans les branches liées à la consommation, AS Birch Grove constate une meilleure résistance des entreprises qui se concentrent sur le luxe que celles qui visent les biens de première nécessité.