Les banques centrales réactives face aux marchés

Alexandre Baradez, IG Bank

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La réponse à la nervosité des marchés n’est pas la même d’une banque centrale à l’autre mais la volonté d’intervenir pour «couper le feu» est là.

Il y a quelques jours c’est le Japon qui intervenait directement sur le marché des changes pour arrêter l’hémorragie du yen face au dollar mais aussi envoyer un message aux marchés et aux spéculateurs. Plus récemment c’était au tour de la Banque d’Angleterre d’intervenir entre deux réunions, ce qui est évidemment très inhabituel, pour annoncer des achats d’obligations d’état (les fameux «Gilts») afin de contrer leur chute qui a accéléré en septembre notamment après l’annonce du budget la nouvelle Première ministre britannique. Le message est clair, la Banque d’Angleterre veut un retour à des «conditions de marché ordonnées».

Et pour s’assurer que le message est suffisamment dissuasif face à ceux qui voudraient spéculer contre les actifs britanniques, la Banque d’Angleterre a indiqué le 10 octobre qu’elle se tenait prête à accroître la taille de ses achats quotidiens d’obligations d’état. Tout en annonçant également la mise en place d’une facilité de prêt pour les banques afin de faire baisser la pression sur la liquidité.

C’est donc un revirement temporaire spectaculaire qui visait à arrêter la chute violente des obligations d’état…et peut-être aussi de la livre sterling qui avait accéléré sa chute face au dollar notamment. Plusieurs banques centrales semblent avoir atteint le seuil de tolérance face à la dépréciation de leur devise.

Les principales banques centrales donnent l’impression de piloter la normalisation monétaire.

Il y quelques jours, la banque centrale chinoise (la PBOC) a mis en garde contre la spéculation sur le yuan qui venait tout juste de marquer un plus bas historique face au dollar. Elle a demandé aux banques du pays de se tenir prêtes à vendre des dollars pour enrayer la baisse du yuan. Les réserves de devises étrangères de la banque centrale chinoise se replient depuis plusieurs mois, signe potentiel que la Chine cherche à limiter la glissade de sa devise.

En septembre puis ce mois-ci, la BCE par la voix de Christine Lagarde indiquait que la baisse de l’euro contribuait à l’inflation dans la zone. On arrive clairement à un tournant pour de nombreuses banques centrale face à la puissance du «roi dollar».

Mais on peut aussi noter un élément important: même si certaines banques centrales sont très fermement engagées dans une phase de durcissement monétaire pour lutter contre une inflation massive, elles sont quand même prêtes à prendre des mesures temporaires pour lutter contre le risque systémique lorsque celui-ci fait son apparition, comme ce fut le cas au Royaume-Uni ces dernières semaines avec la montée des risques pour les fonds de pension.

On peut légitimement penser que Fed et BCE feront de même si la volatilité sur certains segments de marché devenait trop importante en raison d’ajustements monétaires trop intenses. Récemment, François Villeroy de Galhau (BCE) a déclaré que la BCE n’était plus graduelle dans ses hausses de taux mais qu’il était important que cela reste «ordonné».

Les principales banques centrales donnent donc l’impression de piloter la normalisation monétaire, conscientes des effets que cela aura sur l’économie et les marchés mais prêtes à prendre des mesures intermédiaires si la situation le nécessite.

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