La désinflation mondiale est dispersée

Seema Shah, Principal Asset Management

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Comme elle évolue différemment selon les régions et les secteurs, quelle est la prochaine étape pour les banques centrales?

Depuis la fin de la pandémie, la conjoncture mondiale peut être résumée par un seul facteur macroéconomique défavorable: l’inflation. Dans la plupart des régions du monde, le pic de l’inflation semble avoir été franchi. Pour autant, tout n’est pas toujours rose. Reste à savoir comment cela va se traduire dans les prochains mois en termes de taux d’intérêts et de mesures prises par les banques centrales.

Au cours des derniers mois, l’inflation mondiale a continué à s’atténuer, en partie en raison de la baisse des prix de l’énergie. Cependant, l’inflation sous-jacente des marchés développés reste très élevée aujourd’hui. Des efforts supplémentaires sont donc nécessaires pour la maîtriser complètement.

Sur les marchés développés, l’inflation sous-jacente s’avère être une source de préoccupation

Bien que l’inflation doive évoluer différemment d’une zone géographique à l’autre, les investisseurs surveilleront de près les niveaux d’inflation sur les marchés développés.

Au vu des derniers chiffres de l’IPC, l’inflation des marchés développés devrait rester nettement supérieure aux objectifs des banques centrales, et les progrès réalisés en matière de désinflation seront moins importants que souhaités par ces dernières. L’inflation sous-jacente des matières premières aux États-Unis devrait encore baisser, compte tenu de la faiblesse continue de la demande en biens, et l’inflation liée aux coûts du logement devrait également commencer à diminuer lentement.

Mais la décélération très lente des services de base hors logement est une source de préoccupation. Si le marché du travail reste extrêmement tendu, l’inflation dans ce segment essentiel restera trop élevée aux yeux de la Fed, et la tendance à la désinflation ne sera pas effective.

En revanche, les prix à la consommation de la Chine connaissent une hausse très faible, et en avril dernier, l’inflation des marchés émergents a baissé en dessous du niveau de l’inflation des marchés développés. Cela semble indiquer que la désinflation mondiale est contrastée.

Par conséquent, l’inflation devrait rester difficile à contrôler et demeurera au-dessus des objectifs mondiaux des banques centrales à la fin de l’année. Les banques centrales devront peut-être donc maintenir plus longtemps les taux d’intérêt à un niveau plus élevé.

Mesures de resserrement par les banques centrales: Ne pas crier victoire trop vite

Au début du deuxième trimestre, un vaste consensus du marché s’est établi autour de l’idée que l’assouplissement monétaire mondial commencerait avant la fin de l’année, ce qui a eu pour effet de stimuler les actifs à risque. Cependant, comme nous l’avons vu, il apparaît désormais évident que les hausses de taux n’ont pas encore eu l’impact souhaité sur l’inflation, ce qui nécessite un resserrement supplémentaire cette année de la part des banques centrales.

Le dernier graphique en nuage de points de la Fed montre que la plupart des membres du comité s’attendent à au moins deux hausses supplémentaires au deuxième semestre 2023. En revanche, avec une récession modeste à l’horizon, nos prévisions à long terme pour la Fed suggèrent que nous sommes maintenant à des taux maximum suite à la décision de la Fed de juillet.

Dans l’ensemble, il est clair que la BCE et la Banque d’Angleterre sont confrontées à des difficultés liées à l’inflation. Pour la BCE, cela implique que les hausses de taux pourraient persister jusqu’à l’automne. Quant à la Banque d’Angleterre, les taux directeurs augmenteront probablement de 100 points de base supplémentaires et pourraient dépasser 6%, ce qui augmentera le risque de récession.

Les banques centrales devront également garder un œil sur la stabilité financière. En fait, nous nous attendons à ce que les banquiers fassent preuve de prudence pour tenter de trouver l’équilibre entre stabilité financière et pressions inflationnistes. Prenons l’exemple des États-Unis. Si la crise des banques régionales aux États-Unis a dépassé sa phase aiguë, un resserrement supplémentaire pourrait représenter un nouveau stress.

La persistance de l’inflation signifie également que les réductions de taux ne seront cette année pas à l’ordre du jour de toutes les grandes banques centrales sur les marchés développés. En revanche, les banques centrales des marchés émergents, qui avaient commencé à augmenter leurs taux en 2021, bien avant leurs homologues des marchés développés, sont en train de les réduire ou vont bientôt commencer à le faire.

Par conséquent, les investisseurs doivent envisager des hausses de taux supplémentaires sur les marchés développés, et exclure définitivement toute baisse de taux cette année.

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