Gérer les risques face au regain de volatilité sur les marchés

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

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La volatilité a fait son retour sur les marchés. Le regain d’inquiétude quant à une possible escalade du conflit au Moyen-Orient a engendré un accès d’aversion au risque. Décryptage.

 

L’indice S&P 500 a ainsi enregistré sa plus forte baisse depuis le mois de février. Le cours du baril de brut Brent a grimpé, franchissant le seuil des 90 dollars pour la première fois depuis octobre.

Le S&P 500 a rebondi le lendemain de la publication des chiffres de l’emploi aux Etats-Unis, les investisseurs étant encouragés par les importantes créations d’emplois conjuguées au ralentissement de la progression des salaires en glissement annuel. Néanmoins, l’indice de référence américain a cédé 0,95% sur l’ensemble de la semaine en question, sa plus mauvaise performance hebdomadaire depuis trois mois.

Des montagnes russes après une hausse régulière

Ces fluctuations sont intervenues après une période de progression régulière des marchés d’actions. L’indice VIX de la volatilité implicite des actions américaines, un baromètre très prisé de la peur dans les rangs des investisseurs, a dépassé les seize points, son plus haut niveau depuis novembre. Il reste néanmoins en deçà de sa moyenne de long terme, à savoir 19,5.

Selon la Recherche d’UBS, les dernières évolutions des marchés rappellent qu’une gestion efficace des risques à l’échelle des portefeuilles reste essentielle dans le contexte macroéconomique actuel.

Les inquiétudes sont toujours d’actualité

Les investisseurs ont semblé accueillir favorablement les derniers chiffres de l’emploi aux Etats-Unis, préférant retenir le ralentissement de la progression du salaire horaire moyen à 4,1% en glissement annuel, soit le rythme le plus faible depuis juin 2021. Cela pourrait rassurer les hauts responsables de la Réserve fédérale américaine (Fed) quant à la modération des augmentations de salaires, qui ne risquent ainsi pas de compromettre l’atteinte de l’objectif d’une inflation à 2%.

Les tensions se sont encore accentuées au Moyen-Orient: l’Iran a annoncé des représailles à l’égard d’Israël, qu’il tient pour responsable de la frappe aérienne sur son consulat en Syrie. 

Dans ces conditions, la Fed pourrait ne pas s’émouvoir outre mesure du chiffre des créations d’emplois qui, à 303'000 en mars, s’est avéré nettement supérieur à la prévision du consensus (200'000 postes). «En soi, une forte croissance de l’emploi n’est pas un motif (d’inquiétude pour l’inflation)», a récemment estimé son président, Jerome Powell. Enfin, l’augmentation du taux d’activité, qui est passé de 62,5% à 62,7%, est encourageante car l’arrivée d’un plus grand nombre de travailleurs sur le marché de l’emploi peut freiner la progression des salaires.

Toutefois, les très bons chiffres de l’emploi dans l’ensemble renforcent l’incertitude. Les marchés ont encore revu à la baisse leurs anticipations concernant le calendrier et l’ampleur de la baisse des taux de la Fed en 2024.

L’incertitude géopolitique reste une menace bien présente

Les tensions se sont encore accentuées au Moyen-Orient: l’Iran a annoncé des représailles à l’égard d’Israël, qu’il tient pour responsable de la frappe aérienne sur son consulat en Syrie. De son côté, le premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que son pays poursuivrait ses opérations contre l’Iran et ses supplétifs.

De son côté, le président des Etats-Unis, Joe Biden, a fait savoir à Benjamin Netanyahu que son soutien à l’offensive israélienne à Gaza pourrait être conditionné à des mesures concrètes pour protéger les travailleurs humanitaires et les civils. C’est la première fois que Joe Biden brandit une telle menace depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas, qui dure depuis six mois. Par la suite, Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël autoriserait davantage de convois humanitaires à entrer dans la bande de Gaza et une partie des troupes a été retirée du sud de l’enclave.

Par ailleurs, l’Ukraine poursuit ses attaques contre des raffineries de pétrole en Russie et l’élection présidentielle qui se tiendra en novembre aux Etats-Unis pourrait accentuer la complexité de la situation.

Eventualité d’un repli des marchés après leur belle progression

Les actions américaines ont connu un début d’année impressionnant. L’indice S&P 500 a enregistré 22 sommets historiques au premier trimestre, du jamais vu depuis 1998. Après une progression de 11,2% au quatrième trimestre 2023, il vient de signer une performance (rendement total) de 10,6%.

L’analyse de la Recherche d’UBS montre que l’inquiétude des investisseurs, qui redoutent que les marchés ne retombent après avoir atteint de nouveaux sommets historiques, n’est généralement pas étayée par les données historiques. Le rebond actuel est certainement soutenu par les fondamentaux. Les investisseurs doivent néanmoins s’attendre à des corrections et s’y préparer.

Privilégier la diversification

Les données historiques indiquent qu’il est préférable de rester investi et de couvrir les risques plutôt que de liquider ses positions ou d’être sous-exposé. Par conséquent, les investisseurs devraient chercher des moyens de gérer les risques au sein des portefeuilles.

L’un des principes fondamentaux est de bien diversifier son portefeuille, aussi bien en termes de classes d’actifs que de zones géographiques ou encore de secteurs (ne pas se contenter des valeurs technologiques et faire le tri parmi elles).

Les investisseurs feraient bien de s’intéresser aussi aux actifs alternatifs, pour peu qu’ils aient la volonté et la capacité de gérer les risques inhérents, tels que l’illiquidité. Enfin, les stratégies systématiques, qui font abstraction des émotions, peuvent également être des compléments judicieux pour les portefeuilles traditionnels.   

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