COP27: il n’y a plus de temps à perdre

Matt Christensen, Allianz Global Investors

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Il existe un effet multiplicateur important pour chaque élément d'action et d'inaction au cours des prochaines années.

La COP26, qui avait pour thème «Uniting the World to Tackle Climate Change», avait recueilli des engagements importants pour maintenir l’objectif de 1,5 degré: élimination progressive du charbon, réduction du méthane, arrêt de la déforestation et accélération de l’adoption des véhicules électriques. Mais ils ne faisaient que réduire le réchauffement climatique prévu de 2,2 à 1,8 degrés.

Plutôt que de prendre des engagements supplémentaires ou d’améliorer les contributions nationales, l’accent sera davantage mis cette année sur la mise en œuvre des plans actuels et sur la démonstration des mesures d’atténuation et des stratégies d’adaptation. De fait, après une année dominée par les bouleversements géopolitiques, la remise en cause de notre mix énergétique et les difficultés économiques grandissantes, le slogan de la COP27, «Delivering for People and the Planet», illustre le fait qu’il n’y a plus de temps à perdre.

Quels seront les principaux sujets de discussion? Commençons le principal: quels impacts les événements de 2022 auront-ils sur la trajectoire de 1,5 degré? Le mandat politique court-termiste visant à assurer la sécurité énergétique et un approvisionnement abordable présente un réel risque pour la transition vers des sources d’énergie plus propres et l’abandon du charbon. Toutefois, des initiatives majeures ont eu lieu, telles que la loi américaine sur la réduction de l’inflation, ou le fait que deux fois plus d’entreprises ont rejoint l’initiative Science Based Targets cette année par rapport à 2021. Les progrès considérables réalisés dans le domaine des énergies renouvelables en Chine, en Europe, en Inde et aux États-Unis constituent également un facteur d’optimisme important. La capacité des énergies renouvelables devrait dépasser le seuil des 300 GW pour la première fois cette année.

L’année dernière, nous espérions que la biodiversité prendrait la même importance que les questions climatiques. Nous n’en sommes pas encore là, mais trois journées thématiques distinctes y seront consacrées.

Le rôle de la finance sera aussi au centre des discussions. La COP27 débutera par le Finance Day, au cours duquel l’initiative Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ) sera mise en avant. Le GFANZ doit prochainement publier son rapport final sur les lignes directrices relatives à la planification de la transition Net-Zero par les institutions financières. Il s’agit toutefois toujours d’une initiative volontaire. Des mesures réglementaires et politiques formelles seront donc probablement nécessaires, ainsi qu’une meilleure coordination avec les financements public.

Le thème de la «Just Transition» – c’est-à-dire une transition socialement acceptable vers un système économique plus respectueux du climat – ainsi que le plan Climate Finance Delivery reviendront sur le devant de la scène. Ce dernier vise à mobiliser 100 milliards de dollars par an pour soutenir les projets liés au climat dans les pays émergents. Or le rapport de cette année a clairement montré que nous étions encore loin du compte. Nous devrions nous inspirer de l’exemple du Danemark, dont les engagements directs et indirects ont augmenté de manière significative, ce qui nous rappelle le rôle clé des initiatives public-privé, notamment pour l’adaptation.

L’année dernière, nous espérions que la biodiversité prendrait la même importance que les questions climatiques. Nous n’en sommes pas encore là, mais trois journées thématiques distinctes y seront consacrées: Adaptation & Agriculture Day, Water Day et Biodiversity Day. Avec la fréquence et la gravité croissantes des phénomènes météorologiques, comme en témoignent la pire sécheresse européenne depuis des siècles et les inondations au Pakistan, le rôle de la biodiversité dans la protection du bien-être et du changement climatique devient évident. En décembre, Montréal accueillera la Conférence des Nations unies sur la biodiversité (COP15), au cours de laquelle les États discuteront d’un cadre mondial pour la biodiversité pour la prochaine décennie. La COP27 pourrait être la préparation idéale pour cela.

La COP27 devrait s’efforcer de trouver le juste équilibre entre l’optimisme et le réalisme. Ce n’est que par une interaction cohérente et collaborative entre le climat, la planète et les populations que nous pourrons retrouver l’élan perdu en 2022. Malgré les vents contraires à court terme, la nécessité et la volonté de développer des solutions climatiques demeurent. Il est peu probable que l’agenda évolue de manière linéaire à cet égard. Mais la finance fait partie de la solution. Les secteurs public et privé ont un rôle essentiel à jouer en innovant autour du financement du climat afin de développer des solutions pour nos économies et nos sociétés.

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