Chine: de l’avance technologique à la crise de confiance

Arthur Jurus, ODDO BHF

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La baisse drastique de l'indice Hang Seng China Enterprise de 58% en moins de 3 ans témoigne de l'inquiétude croissante des investisseurs.

La Chine traverse une période de crise, tant sur le plan politique que économique. En juin 2023, le gouvernement a interrompu la publication des données sur le chômage des jeunes, suite à un taux de 21,3% jugé politiquement indésirable. Cette décision reflète une tendance à exclure des données impopulaires du discours public, illustrée par des exclusions similaires de personnalités politiques.

Sur le plan économique, la Chine fait face à une crise de confiance. La baisse drastique de l'indice Hang Seng China Enterprise de 58% en moins de 3 ans témoigne de l'inquiétude croissante des investisseurs. Les chiffres de croissance rapportés par le gouvernement sont remis en question, avec des estimations indépendantes suggérant une croissance bien moindre que les 5,2% officiellement annoncés pour 2023.

La crise immobilière constitue un autre défi majeur pour l'économie chinoise. Des signes de bulle immobilière ont été identifiés dès 2021, avec des promoteurs lourdement endettés. La construction, moteur de l'économie, a fortement chuté depuis 2020, amplifiant les inquiétudes sur l'impact de cette crise sur d'autres secteurs, en particulier le secteur bancaire. En outre, les actifs immobiliers représentent 78% de la richesse des chinois contre 35% aux Etats-Unis, et le secteur immobilier représenterait 30% de l’économie chinoise.

L'approche interventionniste du gouvernement chinois a également des répercussions sur les entreprises technologiques. Des leaders tels que Jack Ma ont été sous pression, illustrant une tendance à subordonner les entreprises aux objectifs politiques. Les mesures disciplinaires, notamment des blocages d'introduction en bourse et des amendes, ont renforcé une nouvelle fois l'incertitude pour les investisseurs internationaux.

Les politiques économiques se veulent néanmoins proactives. Les autorités monétaires poursuivent les baisses des taux pour réagir à l’environnement déflationniste. Les autorités fiscales soutiennent l’économie avec un nouveau plan de 240 milliards de francs annoncés la semaine dernière. L’internationalisation du yuan se poursuivra et l’ouverture progressive du marché obligataire se poursuivra. Actuellement, les taux réels chinois sont positives et moins volatiles que la majorité des obligations des économies développées.

Il semblerait que les investisseurs internationaux priorisent le financement des entreprises innovantes ailleurs qu’en Chine. Les flux nets vers les actions chinoises sont négatifs. Plutôt que d’investir dans la numérisation les semi-conducteurs, l’intelligence artificielle, l’électromobilité et les énergies renouvelables chinoises, la majorité des investisseurs préfèrent financer le rattrapage technologique d’autres pays. Cela signifie d’une part que la crise de confiance des investisseurs sur la Chine est devenue consensuelle, d’autre part que les investisseurs jouent désormais une fonction motrice de la bipolarisation du monde du numérique, entre les Etats-Unis et la Chine.

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