Omicron devrait inciter la Banque d’Angleterre à la prudence

AWP

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L’inflation, qui a déjà atteint un record en dix ans en octobre, à 4,2% sur un an, devrait «nettement» dépasser 5% en avril selon un des gouverneurs adjoints de la BoE.

La Banque d’Angleterre (BoE) devrait maintenir jeudi son taux directeur historiquement bas pour éviter de gripper une économie britannique affectée par le variant Omicron du Covid-19, malgré l’inflation qui dépasse largement son objectif de 2%, estiment les économistes.

L’inflation, qui a déjà atteint un record en dix ans en octobre, à 4,2% sur un an, devrait «nettement» dépasser 5% en avril selon un des gouverneurs adjoints de la BoE.

Pour contrer cette accélération des prix, l’institut monétaire pourrait juger logique de relever son taux directeur, à un plus bas historique de 0,1% depuis le début de la pandémie.

Mais le Royaume-Uni compte actuellement autour de 50'000 contaminations quotidiennes et fait face à «un raz-de-marée» d’Omicron», selon le Premier ministre Boris Johnson, qui a annoncé le rétablissement de mesures sanitaires.

«L’effet immédiat qu’a eu le nouveau variant du Covid-19, une forte baisse du prix du pétrole et d’autres matières premières, signifie que les facteurs qui dopent l’inflation sont un peu moins inquiétants» qu’on pouvait le craindre, note Martin Beck, économiste du EY ITEM Club.

Il juge qu’Omicron «représente d’autres défis pour la reprise économique», avec notamment la possibilité d’une nouvelle baisse des dépenses de consommateurs et d’entreprises inquiètes.

Or, l’économie britannique montre déjà des signes de faiblesse: la croissance a stagné en octobre à 0,1% après avoir déjà ralenti au troisième trimestre, et l’activité reste 0,5% sous son niveau d’avant la pandémie. Des données qui datent d’avant la propagation du variant Omicron.

Action dès février?

La plupart des observateurs du marché estiment donc que les «faucons», comme sont surnommés les partisans d’une politique monétaire stricte, patienteront encore en décembre et attendront la réunion de février pour défendre un durcissement.

Sur le marché, la probabilité d’une hausse des taux est de seulement 25%. En novembre, une très large majorité des investisseurs tablaient sur un relèvement et avaient été surpris de voir la BoE passer son tour.

Le mois dernier, le comité monétaire avait justifié sa décision par l’incertitude qui planait sur l’économie britannique: les aides d’État à l’emploi s’étaient arrêtées fin septembre, mais les dernières données officielles ne portaient que jusqu’au mois d’août.

Depuis, le taux de chômage a continué de reculer en septembre et la BoE prendra connaissance des chiffres pour octobre mardi.

Pour Ruth Gregory, économiste au sein de Capital Economics, les dernières données en date «laissaient penser qu’une hausse des taux en décembre était sur la table».

Mais «Le comité monétaire ne sait pas encore à quel point le variant Omicron est contagieux, s’il résiste aux vaccins et si le gouvernement va être obligé de prendre des mesures plus strictes que celles annoncées pour l’instant», ajoute-t-elle.

Elle table donc elle aussi sur un taux inchangé en décembre, même si «nous n’excluons pas complètement» une hausse, précise-t-elle.

Sanjay Raja, économiste de Deutsche Bank, estime au contraire que la BoE va durcir sa politique: «les informations sur Omicron ne changent rien aux perspectives à moyen terme de l’économie», affirme-t-il, soulignant que «l’inflation continue de dépasser les prévisions des économistes de la BoE».

Lundi, la Banque d’Angleterre a publié le résultat de son test de résistance et a estimé qu’elles étaient toutes assez robuste pour survivre à un plongeon de l’économie de 37% par rapport à son niveau d’avant la pandémie.

L’institut britannique n’est pas le seul à faire face à ce dilemme: outre-Atlantique, la Réserve fédérale américaine (Fed) devrait annoncer mercredi une accélération de la réduction de son programme de rachats d’actifs, jugent les observateurs.

De l’autre côté de la Manche, la Banque centrale européenne (BCE) devrait au contraire opter pour l’attentisme.

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