En souffrance, Oerlikon opère une nouvelle réorientation

AWP

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Apuré d’une charge de 114 millions de francs liée aux opérations abandonnées et d’amortissements de 14 millions, l’Ebit a atteint 235 millions de francs, contre 301 millions en 2022.

Face à un environnement difficile pour l’industrie textile, Oerlikon opère une réorientation radicale de ses activités. Alors que son bénéfice net a dégringolé de près des trois-quarts à 23 millions de francs, le groupe industriel schwytzois veut désormais se concentrer sur les traitements de surface et abandonner d’ici trois ans son secteur des machines textiles.

La division Polymer Processing Solutions, émanation de l’acquisition à grands frais en 2006 du fleuron thurgovien Saurer, que le groupe de Pfäffikon a par la suite recentré sur les machines destinées au traitement des fibres textiles synthétiques, sera séparée, écrit mardi Oerlikon dans un communiqué. Pour l’heure, l’entreprise examine diverses options, dont notamment une cession, a confié en conférence téléphonique le directeur financier du futur-ex conglomérat, Philipp Müller.

Le groupe, qui a changé à plusieurs reprises de raison sociale au gré de ses multiples restructurations opérées ces vingt dernières années après s’être appelé Oerlikon Bührle, puis Unaxis, va voir sa taille se réduire. En abandonnant Polymer Processing Solutions, l’entreprise, qui emploie quelque 13’000 salariés sur onze sites de production, va perdre 3800 collaborateurs et s’alléger de plus de 40% de ses ventes, soit 1,2 milliard de francs (-23,1% sur un an) sur un total de 2,69 milliards dégagés l’an dernier (-7,4% sur un an).

Face aux difficultés de l’industrie textile, Oerlikon avait déjà pris à fin 2022 des mesures en vue de réduire le coûts. Celles-ci ont entraîné la suppression de pas moins de 800 emplois, principalement en Allemagne. Cette réorganisation désormais achevée permet à la division d’être positionnée favorablement dans un contexte de baisse de la demande, a expliqué M. Müller, ce dernier anticipant cette année une marge opérationnelle Ebitda de 11%, contre 14% en 2003.

Toutes les options considérées

L’abandon de l’activité des machines utilisées pour produire des vêtements, des moquettes, des tissus d’ameublement, des emballages, des ceintures de sécurité ainsi que des airbags se justifie aussi par le manque de synergies avec la division des traitements de surface, a poursuivi M. Müller. Mais le groupe n’entend pas précipiter sa décision, se donnant un horizon jusqu’à trois ans pour sa mise en oeuvre, au gré de la reprise cyclique de l’industrie textile.

Pour autant qu’une cession intervienne, les moyens financiers dégagés par une telle transaction serviront à la croissance organique de Surface Solutions. L’an dernier, la division, qui a pris de l’ampleur ces dernières années après l’acquisition de Sulzer Metco en 2014, puis notamment du tessinois Riri en 2022, a dégagé des revenus de 1,52 milliard de francs, en hausse de 9,9% sur un an. Mais celle-ci est aussi passée par la case restructuration, via la concentration aux Etats-Unis de l’activité de production augmentée (imprimantes 3D).

Oerlikon entend encore optimiser la division, en particulier sur ses sites allemands et en abandonnant les prestations de services dans le domaine de la projection thermique aux États-Unis. L’opération, qui se limite à un allègement de l’organisation, ne devrait pas entraîner d’importantes suppressions d’emplois. Toujours au niveau organisationnel, l’actuel directeur général du groupe, Michael Süss, cédera son fauteuil de président du conseil d’administration une fois l’abandon des machines textiles acté.

Au chapitre de la performance 2023, Oerlikon a souffert du retournement de tendance dans l’industrie textile, ainsi que de charges de restructuration. Le résultat d’exploitation (Ebit) s’est inscrit à 105 millions de francs, contre 176 millions douze mois auparavant, alors que le dernier partiel a vu la perte se creuser de 22 à 49 millions.

Objectifs confirmés

Apuré d’une charge de 114 millions de francs liée aux opérations abandonnées et d’amortissements de 14 millions, l’Ebit a atteint 235 millions, contre 301 millions en 2022. En termes ajustés, le résultat d’exploitation Ebidta, s’est contracté en l’espace d’un an de 513 à 444 millions. L’Ebitda publié a lui chuté de 418 à 384 millions.

Oerlikon a cependant confirmé son objectif à moyen terme d’une croissance organique des ventes de 4 à 6 % (à taux de change constants) pour Surface Solutions et d’une marge Ebitda ajustée de plus de 20%.

Les investisseurs ont visiblement salué le réorientation radicale du groupe, quand bien même le dividende proposé au titre de l’exercice sous revue a été raboté de 35 à 20 centimes par action. Vers 10h00, la nominative Oerlikon bondissait de 6,99% à 4,162 francs, alors que l’indice SPI était quasiment stable (+0,02%).

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