ABB: retrait immédiat du patron Ulrich Spiesshofer

AWP

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ABB explique selon la formule consacrée que le départ d’Ulrich Spiesshofer a été décidé d’«un commun accord» avec l’organe de surveillance.

Patron d’ABB depuis septembre 2013, Ulrich Spiesshofer quitte à la surprise générale et avec effet immédiat le géant zurichois de l’électrotechnique. Peter Voser, président du conseil d’administration et ancien chef des finances, assure l’intérim, le temps de trouver un successeur à l’Allemand.

Dans un communiqué mercredi, ABB a expliqué, selon la formule consacrée, que le départ d’Ulrich Spiesshofer a été décidé d’«un commun accord» avec l’organe de surveillance. Après avoir servi ABB durant près de 15 ans, M. Spiesshofer a pour sa part indiqué qu’il souhaitait s’accorder un peu de temps avant d’ouvrir un nouveau chapitre de sa vie professionnelle.

Si M. Voser n’a pas souhaité éclaircir les raisons ayant entraîné le départ sans délai du directeur général, celui-ci a toutefois révélé que la décision a été prise rapidement, lors de la séance mardi du conseil d’administration, a-t-il dit en conférence téléphonique. Les discussions ont porté sur la manière dont le groupe doit être dirigé à l’avenir.

Le patron par intérim a toutefois nié le fait que le départ surprise de M. Spiesshofer soit lié à une quelconque pression d’actionnaires. Reste que les critiques à l’encontre de l’Allemand s’étaient multipliées ces derniers mois, en lien avec la cession de la division des réseaux électriques, Power Grids. Finalement, ABB a vendu mi-décembre 80% de l’unité au japonais Hitachi pour plus de 9 milliards de dollars (quasiment autant en francs).

Cession de Power Grids

La direction d’ABB était pourtant longtemps restées sourde aux appels de certains de ses plus gros actionnaires, dont Cevian Capital, qui avait manifesté publiquement et à plusieurs reprises le souhait d’une scission. D’autres importants détenteurs d’actions, comme le fonds américain Artisan ou Nordea Asset Management avaient repris à leur compte les exigences du fonds d’investissement suédois, arguant que la séparation entraînerait une augmentation de valeur.

Interrogé par AWP, Cevian Capital n’a pas souhaité commenter le départ de M. Spiesshofer. Le co-fondateur de la société scandinave, Lars Försberg, a simplement assuré son soutien à la stratégie d’ABB ainsi que sa confiance envers Peter Voser. Premier détenteur d’actions, AB Investor s’est exprimé dans le même sens.

M. Spiesshofer avait succédé mi-septembre 2013 à l’américain Joe Hogan à la tête d’ABB. Entré à la direction de la multinationale zurichoise en tant que responsable du développement organisationnel en 2005, l’Allemand a pris la tête dès 2010 de la division Automation industrielle et moteurs du groupe.

L’Argovien Peter Voser préside le conseil d’administration d’ABB depuis avril 2015. De 2009 à 2013, il a dirigé le géant anglo-néerlandais du pétrole Royal Dutch Shell, après en avoir assumé la direction des finances de 2004 à 2009. De 2002 à 2004, il a exercé des fonctions similaires au sein d’ABB.

Revenus et commandes en hausse

En parallèle à l’annonce du départ de M. Spiesshofer, ABB a dévoilé sa performance au 1er trimestre, une présentation qui n’était attendue que dans deux semaines. Entre janvier et fin mars, le géant zurichois a vu son bénéfice net se tasser de 6% sur un an à 535 millions de dollars (533,7 millions de francs), quand bien même ses revenus et commandes ont progressé.

Le chiffre d’affaires a crû de 6% à 6,85 milliards de dollars. A taux de change constant, la hausse s’est inscrite à 4%. Les entrées d’ordres ont quant à elles augmenté de manière moins soutenue de 1% (3% hors effets de change) à 7,61 milliards.

Le résultat opérationnel (Ebita) a grappillé 2% à 766 millions de dollars, s’envolant de 10% hors effets de change. Mais à l’image des trimestres précédents, l’intégration des activités de solutions industrielles reprises au concurrent américain General Electric a pesé sur la rentabilité. A celles-ci sont venus s’ajouter les coûts liés à la cession de Power Grids. La marge Ebita s’est ainsi détériorée d’un demi-point de pourcentage à 11,2%.

Evoquant les perspectives, ABB reste comme le veut son habitude plutôt vague. Les signaux macroéconomiques demeurent mitigés en Europe, alors que la croissance de la demande devrait se poursuivre en Chine et aux Etats-Unis. Les marchés globaux devraient afficher une évolution toujours favorable, même si les incertitudes géopolitiques augmentent dans certaines régions.

Les informations délivrées par ABB ont comblé les investisseurs. Après avoir ouvert sur un bond de 4,5% à la Bourse suisse, le titre a poursuivi sa progression tout au long de la séance. A la clôture, l’action s’est figée en forte hausse de 5,4% à 21,20 francs, alors que l’indice des valeurs vedettes SMI a pris 0,17%.

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