Gonet: l'actualité des marchés au 13 février

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,50%, S&P 500 +0,22%, Nasdaq -0,61%, Russell 2000 +0,18%, SOX -1,58%, Eurostoxx -1,23%, SMI -0,78%.

C’est un peu le bazar au joyeux royaume des actions. Oh rassurez-vous, l’année reste belle, l’indice S&P500 (SPX) progresse de 6,54% depuis le premier janvier, le Nasdaq100 (NDX) gagne 12,48%, tandis que le Russell2000 (RTY, les petites et moyennes capitalisations US) prend 8,95%. En Europe, l’indice élargi Stoxx Europe 600 avance de 7,77%, le CAC40 parisien s’offre le luxe de gagner 10,13%, Milan nous fait une pantani et décolle de 15,02%, tandis que Zurich reste plutôt neutre et grappille 3,74%. J’allais oublier Londres, qui ne progresse que de 5,78% sur l’année, mais l’indice FTSE100 atteint son record historique la semaine passée, malgré une situation macro-économique qui semble échapper à tout contrôle dans un pays sujet à de plus en plus de manifestations et autres grèves. Les performances des différents indices nous indiquent clairement que les investisseurs sont revenus en force dans tout ce qui avait souffert l’an passé, les actions défensives ont été délaissées, le marché s’est positionné en vue d’un atterrissage en douceur de l’économie des Etats-Unis, accompagné d’une inflation en reflux et donc d’une Fed de moins en moins agressive. Saupoudrez le tout d’un zeste de Chine sur le retour et vous obtenez la recette du retour du bull-market sur les parquets de trading.

Alors, pourquoi donc est-ce un peu le bazar au joyeux royaume des actions? La semaine passée fait graduellement prendre conscience aux investisseurs que la Fed ne va pas baisser sa garde aussi vite qu’espéré, les récentes statistiques macro-économiques et les discours répétés de membres de la Réserve Fédérale forcent le marché à repenser son scénario et les indices rendent logiquement un peu de terrain. Rien de bien grave ceci dit, le SPX perd 1,1%, le NDX 2,4%, l’Eurostoxx50 1,4% et la Suisse 1,5%. Les rendements obligataires remontent, la courbe des taux US s’inverse à un niveau plus observé depuis 1980, le marché obligataire nous dit ses craintes que l’action de la Fed envoie la première économie du monde dans les cordes, le pétrole en profite pour récupérer plus de 6% et revient à 79 dollars sur le WTI Light Crude, plutôt parce que Vladimir boude et décide de réduire sa propre production, et toc… L’or ne fait rien sur la semaine, l’once traite à 1861 dollars ce matin et le dollar reprend des couleurs, la paire EUR/USD revient à 1,0675. La configuration technique des indices reste bonne, pas de souci à se faire en l’état à ce niveau-là.

La séance de vendredi est agitée mais très calme en termes de volumes (9,46 milliards de titres traités sur le NYSE). On continue d’adopter une approche défensive dans les salles de marchés, le podium du jour se compose de l’énergie, des utilities et de la santé, tandis que la voiture balais chasse la consommation discrétionnaire, les services de communication et la technologie. Malgré un environnement plus enclin à réduire le risque, la volatilité recule légèrement, le VIX revient à 20,53, un niveau qui reste plutôt faible. Le rendement de l’emprunt US à 10 ans remonte à 3,74%, je note au passage l’ouverture d’une importante position dans le marché des options, qui gagnera si le 10 ans dépasse les 4% d’ici une semaine. Excellente transition que voici pour vous parler du chiffre macro de la semaine, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis (CPI), qui sera publié demain à 14h30. Les économistes s’attendent à un recul de 6,5% à 6,2% d’année en année. En revanche sur une base mensuelle, le CPI est attendu en hausse de 0,1% à 0,5%, pour plusieurs raisons, notamment la saisonnalité et quelques changements dans les pondérations des composants officiels. Je suis curieux de voir comment le marché réagira si les attentes des économistes se vérifient.

C’est la première semaine de baisse de l’année pour le NDX, qui ne résiste pas aux replis de Meta, Alphabet et Amazon, qui perdent 218 milliards de dollars de capitalisation boursière à elles trois.

On revient brièvement au 10 ans US, qui traite juste au-dessus de sa moyenne mobile à 100 jours pour la première fois depuis le 6 janvier. Prochaine résistance 3,90% (top en séance du 30 décembre), puis 4%. Le principal support se situe à 3,57% (moyenne mobile à 50 jours).

Dans le marché des Fed Funds, on prévoit désormais un taux de 5,2% au plus haut, contre 5% plus tôt dans le mois. Le président de la Fed de Philadelphie, Patrick Harker, déclare que les chances que la banque centrale parvienne à maîtriser l'inflation sans déclencher de récession augmentent, mais que le taux d'intérêt directeur doit dépasser 5% et s'y maintenir pour que les pressions sur les prix s'atténuent. Le moral des consommateurs américains s'est encore amélioré en février en glissement mensuel pour atteindre son plus haut niveau depuis 13 mois, mais les ménages s'attendent à ce que l'inflation reste élevée au cours des 12 prochains mois, selon les résultats préliminaires de février de l'Université du Michigan, publiés vendredi après-midi.

Angry Birds? Les États-Unis abattent un troisième objet volant en autant de jours, le quatrième dans l'espace aérien nord-américain ce mois-ci, après que Washington a décidé d'être plus prudent en matière d'intrusions. Le Pentagone ne connaît pas encore la nature des objets les plus récents, mais déclare qu'ils s'approchaient de sites militaires sensibles et constituaient une menace potentielle pour l'aviation commerciale. Taiwan voit des ballons militaires chinois dans son espace aérien environ une fois par mois, rapporte le FT.

L'inflation de base de la zone euro atteint déjà un pic à son niveau actuel de 5,2% et ralentira à 3,6% au cours des trois derniers mois de 2023, selon les économistes. Malgré cela, la pression inflationniste persistera, avec une moyenne de 2,1% pour les mesures globales et sous-jacentes en 2025, juste au-dessus de l'objectif de 2% de la BCE. Les répondants à l'enquête prévoient une contraction de 0,2% du PIB européen au premier trimestre, suivie d'une croissance de 0,4% cette année et de 1,2% en 2024.

Maintenant qu'il semble probable que Kazuo Ueda sera le prochain gouverneur de la Banque du Japon (BOJ), les traders vont se concentrer sur la plus grande inquiétude des investisseurs obligataires mondiaux: une vague potentielle de flux de liquidités des marchés internationaux vers le Japon. L'année dernière, les investisseurs japonais se sont débarrassés d'un montant record de 181 milliards de dollars de dette étrangère et ont versé 30’300 milliards de yens (231 milliards de dollars) dans les JGB (bons du Trésor japonais), et ils détiennent encore plus de 2’000 milliards de dollars d'obligations à l'étranger.

Les sociaux-démocrates d'Olaf Scholz subissent le pire résultat de leur histoire dans les sondages de Berlin, perdant face aux chrétiens-démocrates. Il s'agit de la première défaite du SPD dans cette ville depuis 1999. La CDU obtient 28,2% des voix, contre 18% en 2021, selon les résultats préliminaires. Le soutien au SPD, dirigé par la maire Franziska Giffey, chute à 18,4%.

Cette semaine le flux des résultats de sociétés restera important (notamment Coca-Cola, Airbnb, Zoetis, Cisco, Glencore, Kering, Heineken, Nestlé, Airbus, Schneider, Applied Materials, Air Liquide, Pernod Ricard, Hermès ou Mercedes). À ce jour, 50% des sociétés du SPX ont communiqué leurs résultats pour le quatrième trimestre 2022. 70% ont battu les attentes, ce qui est égal au pourcentage de 70% à la fin de la semaine dernière, mais inférieur à la moyenne sur 5 ans de 77% et à la moyenne sur 10 ans de 73%. Dans l'ensemble, les entreprises ont publié des bénéfices supérieurs de 0,6% aux estimations, ce qui est inférieur au pourcentage de 1,5% enregistré à la fin de la semaine dernière, à la moyenne sur 5 ans de 8,6% et à la moyenne sur 10 ans de 6,4%. Dans le calendrier économique américain, nous suivrons donc le CPI demain, les ventes au détail, l'utilisation des capacités de production, la production industrielle, les stocks des entreprises, les flux de TIC et les stocks de pétrole brut du DOE mercredi, les permis de construire, les mises en chantier, l'indice de la Fed de Philadelphie, l'IPP, les demandes d'indemnisation hebdomadaires et les stocks de gaz naturel de l'EIA jeudi; et nous terminerons la semaine vendredi avec les prix des importations/exportations et les indicateurs avancés.

Rien à se mettre sous la dent au menu macro-économique du jour, on garde de la place pour le plat de résistance de demain (US CPI).

Ford devrait installer son usine de batteries avec CATL dans le Michigan. Volkswagen fait tourner des parties de son propre système d'exploitation dans de nouveaux véhicules. Citigroup serait proche de céder sa banque de détail mexicaine, Banamex, pour 6 à 8 milliards de dollars, un prix faible par rapport aux évaluations précédentes, selon le FT. Apple devrait faire face à la Commission européenne et aux responsables nationaux de la concurrence lors d'une audience à huis clos mardi concernant le système de paiement mobile Apple Pay. BMW atteint son objectif de bénéfices avant impôts pour 2022, selon son directeur financier dans Focus. Alcon versera 199 millions de dollars à Johnson & Johnson dans le cadre du règlement d'un litige concernant un dispositif de chirurgie oculaire.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Shanghai qui progresse de 0,72%. Tokyo abandonne 0,88% à la cloche, Hong Kong perd 0,06% et Séoul rend 0,69%. Le future SPX recule de 7 points et l’Europe ouvre en légère hausse, de 0,2%.

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