Liontrust se veut rassurant sur l’offre à GAM

Nicolette de Joncaire

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«Nous ne sommes pas là pour réduire les coûts mais pour apporter de la stabilité». Entretien avec John Ions, CEO de Liontrust.  

Le gestionnaire d’actifs zurichois GAM faisait part il y a une semaine d’une offre publique d'achat émanant du spécialiste des fonds de placement britannique Liontrust Asset Management[1]. Au terme de cette offre, la nouvelle l’entité consolidée gérerait plus de 60 milliards de francs et les actionnaires actuels de GAM en détiendraient 12,6%. S’il semble que la direction et les employés de GAM soient plutôt favorables à la transaction, les termes de cette offre étaient contestés mercredi par un groupe d’investisseurs composé de NewGAMe et de Bruellan[2]. Ils mettent en cause en particulier une clause permettant à Liontrust de retirer son offre si GAM ne se sépare pas de ses activités de services d’administration des fonds. Pour mieux comprendre la situation, Allnews a posé quelques questions à John Ions, CEO de Liontrust.

Pour quelle raison Liontrust s’intéresse-t-il à GAM et depuis quand êtes-vous en pourparlers?

Forte de 8 équipes d’investissement chevronnées, Liontrust a connu une croissance organique rapide mais, - si l’on exclut une petite équipe de 6 personnes au Luxembourg – cet essor s’est fait essentiellement en Grande-Bretagne où notre marque est solide et bien connue. Nous désirons désormais nous développer ailleurs, et en particulier en Europe. Or GAM bénéficie d’une équipe talentueuse sur un marché différent et il n’y a que peu de chevauchement entre nos activités tant sur le plan de la clientèle que sur celui des expertises. Liontrust est fort sur les marchés actions et GAM sur les produits à revenu fixe, les produits alternatifs et les multi-actifs. Les plateformes de distribution sont également très complémentaires. Pour résumer, je dirais que Liontrust opère pour 90% sur le marché britannique et GAM pour un tiers sur le marché suisse. Ce que nous avons en commun est une gestion active des marchés et de solides processus d’investissement. Nous nous sommes rencontrés plusieurs fois au cours des 3 ou 4 dernières années mais le début d’un engagement réciproque date d’il y a neuf mois environ et le dialogue s’est intensifié dans les 3 derniers mois. La volonté de part et d’autre est d’élargir l’éventail de clients avec une gamme de produits présentant d’excellentes performances.

Combien de temps cela prendra-t-il, selon vous, pour concrétiser cette transaction?

Nous publierons l’offre le 9 juin et l’assemble générale des actionnaires de Liontrust devrait l’approuver au cours de la première semaine de juillet. Il faut aussi que deux tiers des actionnaires de GAM l’approuvent. La période d’offre proprement dite devrait se terminer à la mi-août. Viendra ensuite l’acceptation des différentes autorités de surveillance, en Grande-Bretagne, en Suisse, aux Etats-Unis et partout où elle est nécessaire ce qui devrait prendre de l’ordre de 3 mois. Nous espérons donc clôturer la transaction au quatrième trimestre et en tous cas avant la fin de l’année.

«Il existe d'excellents acteurs, bien plus qualifiés que nous ne le sommes, pour administrer des fonds de tiers.»
L’une des conditions de votre offre – et celle qui est contestée par un groupe d’investisseurs de GAM – est que GAM devrait se séparer de ses activités de services d’administration pour compte de tiers. Pourquoi cette clause?

Liontrust est un pur gestionnaire d'actifs et nous pensons qu'il existe d'excellents acteurs, bien plus qualifiés que nous ne le sommes, pour administrer des fonds de tiers. Nous sommes convaincus que GAM identifiera une bonne solution dont les résultats seront parfaitement satisfaisants pour toutes les parties impliquées dans cette activité, y compris le transfert de clients. Quant aux opposants à notre offre, je pense qu’avec le temps ils en percevront les avantages car ni GAM, ni la Suisse ne perdront quoi que ce soit dans ce rapprochement, bien au contraire. Nous ne nous sommes pas portés acquéreurs pour optimiser les coûts, ni pour rapatrier l’activité mais bel est bien pour lui donner un souffle supplémentaire.

Au terme de la transaction, les actionnaires de GAM devraient détenir 12,6% de l’entité consolidée. Confirmez-vous ce chiffre?

Je le confirme. Nous émettrions 9,4 millions d’actions supplémentaires aux 65 millions en existence.

L’étape la plus délicate d’un rapprochement est l’intégration des deux entités. Qu’envisagez-vous à ce propos?

L’intégration est effectivement l’étape la plus délicate et peut être un échec si elle n’est pas bien préparée et menée rapidement selon des directives claires. Encore une fois, je le répète, il ne s’agit pas ici d’un rapprochement visant à réduire les coûts mais au contraire à développer l’activité, à «élargir la vitrine du magasin». Ce qui est beaucoup plus aisé. Côté produits, les processus d’investissement sont robustes et les chevauchements quasi inexistants. Si deux fonds couvrent des actifs similaires, ils ne sont pas gérés de la même manière chez Liontrust et chez GAM, la distinction sera facile à faire pour les investisseurs.  Côté distribution, le recouvrement est tout aussi faible et la plateforme est prête pour un essor à l’international.

Combien de temps cette intégration devrait-elle durer?

Elle doit être très rapide pour maintenir l’élan. L’équipe qui s’en chargera est déjà sur les blocks de départ. Y compris le rebranding des fonds, nous devrions y arriver en 12 mois. C’est important pour communiquer clairement aux clients. 

Envisagez-vous de nouveaux développements suite à cette fusion?

Le plus important sont les clients existants. Nous nous focaliserons en priorité sur eux. Pour le reste, l’avenir le dira.

Pensez-vous devoir réduire le personnel en Suisse?

Il s'agit d'une entreprise que nous voulons faire progresser. Nous ne sommes pas là pour réduire les coûts mais pour apporter de la stabilité.

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