Finance 4.0: les compétences à développer

Salima Barragan

2 minutes de lecture

L’industrie exigera des aptitudes impossibles à reproduire par les machines. Avec Stella Illari (photo) de la banque Syz et Stéphane Haddad de l’EHL.

Le grand patron de JP Morgan Jamies Dimon déclarait la semaine passée dans les médias que l’intelligence artificielle bouleversera le monde du travail. La généralisation de cet outil exigera de développer de nouvelles compétences. Mais lesquelles? Afin d’apporter des éléments de réponse à cette question cruciale pour les (actuels ou futurs) professionnels de la finance, Allnews a réuni autour d’une table ronde Stella IIlari, Senior HR leader à la banque Syz, ainsi que Stéphane Haddad, Doyen Associé de l’EHL Hospitality Business School. L’avis des spécialistes est unanime: les qualités humaines occuperont une place centrale.

Les métiers de la finance ne cessent d’évoluer en réponse aux évolutions technologiques. Quelles compétences rechercha-t-on dans les années à venir?

S.I.: De nouvelles compétences se développeront en phase avec l’évolution des besoins et des réglementations. Dans les relations clients, les banquiers privilégieront le contact humain qui revient sur le devant de la scène.

De même, l’automatisation des tâches administratives et la numérisation permettront aux banquiers de se concentrer sur leur cœur de métier, et de s’adapter aux nouvelles exigences des clients, désireux d’accéder à une plateforme digitale et désormais mieux informés sur la finance et davantage impliqués dans les décisions d’investissement. Cette dernière tendance requerra des compétences techniques encore plus pointues sur les différentes classes d’actifs afin de créer la différence.

S.H.: La plupart des emplois créés jusqu'en 2030 seront des emplois de travailleurs du savoir, nécessitant des compétences sociales et interpersonnelles.

Au fil des années, nous sommes passés de tâches nécessitant des «mains», à un travail nécessitant des «têtes», et enfin aujourd’hui à un travail nécessitant des «cœurs». Il en résulte ainsi des lacunes en matière de compétences cognitives et émotionnelles très demandées aujourd’hui telles que l’empathie, l’agilité culturelle ou encore la capacité d’écoute attentive.

Parallèlement, la pandémie a accéléré un changement de paradigme en faveur d'un leadership et d'une gestion profondément centrés sur l'humain, qui considèrent les personnes dans leur ensemble - client, collaborateurs et communautés - comme la finalité ultime de l'entreprise, par rapport à une approche dépassée dans laquelle les personnes seraient uniquement un moyen d'arriver à une fin pécuniaire ou stratégique.

En tant qu’établissement bancaire, quelles sont les nouvelles compétences que vous sollicitez?

S.I.: Nous allons rechercher des profils créatifs, polyvalents, dotés d’un intérêt marqué pour la digitalisation ainsi qu’une agilité d’adaptation vis-à-vis des nouvelles technologies.

Nous sollicitons des individus capables d’apporter des solutions inédites, motivés par la volonté d’action et le sens de l’initiative. Également des personnes possédant une mentalité entrepreneuriale et intrapreuneuriale chère à la famille Syz, orientées sur les résultats et l’innovation, mais aussi prêtes à se former tout au long de leur carrière grâce à l’apprentissage continu; le «lifelong learning».

Nous apprécions les profils passionnés, à l’instar de notre CEO Eric Syz et de notre CIO, Charles-Henry Monchau, toujours portés sur des solutions innovantes telles que le big data et les cryptodevises.

Plus que jamais, les qualités humaines sont sollicitées. Elles comprennent l’esprit de collaboration, l’humilité, l’inclusivité, ainsi que les relations interpersonnelles qui redeviennent fondamentales dans le métier de banquier.

Comment l’intelligence artificielle modifie-t-elle les compétences de demain?

S.I.: Nous entamons notre réflexion autour de l’IA, car elle prendra une part significative dans les activités quotidiennes. Dans cette optique, nous apprécions les profils ouverts à cette technologie, avec un intérêt marqué pour le marketing digital ainsi que les profils quantitatifs.  

S.H: À mesure que nous progressons dans l'industrie 4.0, la technologie a mis en évidence l'importance de l’humain dans les emplois qui sont difficiles ou voire impossibles, à automatiser.

Comment percevez-vous la génération Z qui débute dans le monde professionnel?

S.I: La nouvelle génération est en quête de sens. Les compétences douces prendront toutes leur importance. Nous privilégions des rapports hiérarchiques plats et de proximité afin d’inspirer et fidéliser les jeunes talents. «Customers will never love a company until its employees love it first»; à nous d’inspirer les nouvelles générations à nous rejoindre.

Du côté académique, pensez-vous inclure des cours portant sur l’IA?

S.H.: Bien sûr. Nous suivons de près les évolutions technologiques et nous avons à cœur à les intégrer dans nos programmes éducatifs. Nous utilisons déjà la Réalité virtuelle pour dynamiser certains cours pratiques.

Quelles sont les formations que vous dispensez en lien avec les compétences de demain?

S.H.: Nous développons une offre de formation continue qui couvrira différents sujets en lien avec notre positionnement centré sur l’humain. Nous lancerons prochainement un programme permettant de mieux relever les nouveaux défis managériaux de la gestion du capital humain, en tenant compte par exemple des questions liées au management de la génération Z ou de la diversité.  

Nous réfléchissons également à un programme pour dirigeants d’entreprises sur le bien-être et la santé qui couvrira des thématiques telles que la gestion du sommeil et de la nutrition, ainsi que le développement de compétences cognitives et émotionnelles pour favoriser la mise en place d’un environnement de travail sain et positif au niveau individuel et collectif.

S.I.: Nous sommes actuellement en train de travailler sur la construction d’une SYZ Academy qui couvrirait des thèmes tels que le leadership et les techniques commerciales avec un design sur mesure, permettant de répondre aux besoins spécifiques de chaque collaborateur et ainsi de diffuser les valeurs fondamentales de l’ADN Syz.

A lire aussi...