«Nous cherchons à créer de l’alpha»

Salima Barragan

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«Nous avons créé des nouvelles façons de les surperformer», explique Christopher Gannatti, directeur de la recherche chez WisdomTree.

 

Christopher Gannatti, de WisdomTree, répond aux cinq questions d’Allnews sur la gestion passive.

Comment a évolué le marché des ETFs?

Dans les années 1990, nous avons assisté au premier round de la gestion passive qui consistait à répliquer des index pondérés par la capitalisation boursière. Mais en 2006, quelques années après l’éclatement de la bulle, WisdomTree a eu l’idée de construire d’autres produits car il y avait de plus en plus d’éléments qui jouaient en défaveur de la première génération d’index. Depuis, nous avons créé des nouvelles façons de les surperformer. Aujourd’hui, nous construisons des ETFs avec des règles de gestion active, quantitative et d’algorithme au prix de la gestion passive. La frontière entre la gestion passive et active a disparu avec la création de nouveaux ETFs factoriels, smart beta ou valeur. Nous assistons à une convergence entre la gestion passive et active qui ne doivent pas être antagonistes

Dans un environnement difficile, que pouvons-nous attendre de la gestion passive?

Grâce à des produits de plus en plus complexes, nous cherchons à surperformer les indices classiques en toute transparence. Avec nos stratégies compétitives, nous cherchons à créer de l’alpha; et les ETFs smart beta y arrivent. Il est vrai qu’en 2017, les stratégies de type momentum ont eu d’excellents résultats. Mais lors de corrections, nous avons observé que les titres de qualité ont offert la meilleure protection. Les stratégies de gestion active ajoutent de la valeur mais restent plus chères que les stratégies de smart beta dont les frais se montent à 30 points de base. C’est une sérieuse concurrence à la gestion active!

Où voyez-vous actuellement des opportunités?

Actuellement, notre stratégie de «put writing» sur le S&P 500 est particulièrement indiquée lors d’une consolidation ou une baisse de marché. Le Cboe Global Markets (Chicago Board of Exchange) a créé un indice simple relatif à cette stratégie dans laquelle nous vendons mensuellement des options de vente à la monnaie afin de collecter un prime qui absorbera une éventuelle baisse. Nous plaçons la liquidité disponible dans des bons du trésor américain. De plus, cette stratégie permet de gérer le risque systémique en abaissant le bêta à 0,5.

En Europe, nous tablons que le taux d’intérêt ne va pas augmenter avant mi-2019. Nous voyons donc des opportunités sur des sociétés de qualité dont les dividendes sont en croissance. Nous avons sous-pondéré le secteur bancaire de 18% et cette portion a été allouée au secteur technologique.

Enfin, au sein des poches de risque géopolitique comme le Venezuela, l’Argentine, le Brésil ou la Turquie. Ces pays jouissent toutefois de fondamentaux robustes à l’heure où les P/E américains deviennent chers; ils offrent donc des perspectives de rendements intéressants.

Existe-t-il des marchés non adaptés à la gestion passive?

Dans certaines catégories, la gestion passive superforme dans le quartile supérieur, dans d’autres non. Par exemple, si le marché est très efficient, il sera compliqué de générer de l’alpha comme dans le segment des larges capitalisations US. A contrario, les marchés moins efficients comme les petites capitalisations émergentes, recèlent davantage d’opportunités car nous pouvons exploiter les erreurs de valorisation. Enfin, le marché obligataire est particulièrement difficile et nous essayons d’éviter les stratégies trop sensibles à la hausse des taux d’intérêt. A cet égard, on privilégie les indices sur les CoCos.

Quels sont les produits que vous comptez lancer dans le futur?

Nous cherchons à renforcer notre offre sur la dette gouvernementale avec des émetteurs de qualité. Contrairement aux benchmark les plus courants sur ce type de dette souveraine, nous aimerions créer un indice avec un biais ajusté au risque. Nous recherchons aussi toujours plus de revenus selon une approche quantitative. Il y a beaucoup de poches de marché sur lesquelles nous pouvons encore innover.

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