«Malgré une claire volonté de changement, un nouveau régime politique est improbable» estime le Professeur Oreste Foppiani de Webster University.
Colère anti-régime, flambée du prix du baril, imposture politique; les élections législatives en Iran progressent en terrain miné. Un nouveau régime semble improbable et les relations de ce grand producteur de pétrole avec les autres nations demeurent alambiquées. Oreste Foppiani, professeur associé en Relations Internationales à Webster University, donne quelques clés de lecture de la situation actuelle à la veille des élections législatives du 21 février.
Un nouveau régime politique est improbable car le dispositif répressif est toujours très fort. Bien que la population soit mécontente, il n'y a ni opposition organisée, ni vrai groupe d'opposition. Les Iraniens veulent un changement mais ne veulent pas d’un conflit total qui pourrait précipiter leur pays dans le chaos, voire dans une guerre civile.
Les élections présidentielles et législatives iraniennes n'ont jamais été démocratiques au sens strict du terme. Seuls ceux dont la loyauté au système islamique républicain est irréprochable sont considérés comme candidats possibles. L'Iran n'est pas un état totalitaire mais, malgré quelques aspects d'un Etat démocratique, le pays reste basé sur un système autoritaire ou quasi-autoritaire.
une pression maximale jusqu'ä ce que Téhéran capitule.
Indépendamment des résultats des prochaines élections, les relations entre l'Iran et les Etats-Unis sont déjà pitoyables suite à l'abandon par Washington du JCPoA1, à l'imposition des sanctions économiques les plus dures observées depuis la naissance de la République islamique, puis à l'assassinat de l’un des officiers les plus aimés des Iraniens. La stratégie de l'administration Trump est d'appliquer une pression maximale jusqu'ä ce que Téhéran capitule ou jusqu'à l'implosion du régime. Les frappes de missiles iraniens du 8 janvier sur les bases irakiennes qui accueillait des troupes américaines était un geste symbolique mais l'Iran utilisera tous les outils dont il dispose pour rendre la vie encore plus difficile aux Américains en Irak et en Afghanistan.
Depuis la crise migratoire sur sa frontière méridionale, l'Union Européenne ne fait plus partie des protagonistes qui comptent dans le MENA2. Elle ne peut donc plus faire grand-chose en tant que médiateur d’autant que les Européens ne partagent pas le point de vue américain sur l'Iran - en particulier sur le dossier nucléaire – et que Bruxelles n'a que peu d’influence sur Washington. En outre, l'effort de l'UE pour établir un système international de paiement alternatif - INSTEX3 - pour le commerce des sociétés européennes avec l'Iran (et ainsi se protéger des sanctions américaines) n'a eu pour l’instant aucun succès. Par contre, en toute discrétion, la Suisse continue d’œuvrer comme médiateur entre Washington et Téhéran.