Brésil: Bordier & Cie citée dans une affaire de détournement

AWP

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Bordier & Cie aurait abrité en 2016 plusieurs dizaines de millions de francs répartis dans quatre comptes au nom de la société offshore Groupe Nantes SA, basée au Panama.

La banque privée genevoise Bordier & Cie a été mentionnée dans une procédure judiciaire brésilienne, pour avoir abrité en 2016 plusieurs dizaines de mio CHF répartis dans quatre comptes au nom de la société offshore Groupe Nantes SA, basée au Panama.

Selon plusieurs médias brésiliens, le bénéficiaire de ces comptes ne serait autre que l’ex-directeur de l’entreprise publique Dersa, Paulo Vieira de Souza, connu sous le nom de Paulo Preto, soupçonné par les autorités d’avoir touché des pots-de-vin à hauteur de plusieurs centaines de millions de réais pour le compte d’un sénateur.

Sollicité jeudi par AWP, l’établissement genevois n’a pas souhaité commenter l’information.

Se basant sur des informations transmises par le Ministère public de la Confédération (MPC), la Folha de São Paulo affirme qu’en juin 2016, les quatre comptes affichaient un solde cumulé de près de 35 mio CHF. Cette somme aurait ensuite été transférée, en février 2017, vers un autre établissement à Nassau, aux Bahamas.

Citée par le quotidien brésilien, la juge en charge du dossier a dit voir «de forts indices de pratiques criminelles», ainsi que «d’enrichissement injustifié du prévenu», qui l’avaient poussée à demander en octobre dernier l’aide des autorités helvétiques et la levée du secret bancaire de Paulo Preto.

LA FINMA VEILLE AU GRAIN

De son côté, l’Autorité de surveillance des marchés financiers (Finma) a rappelé dans une position écrite qu’elle avait «dans le viseur» plusieurs cas possibles de corruption en Amérique latine (Petrobras, Odebrecht, PDVSA).

Dans ce cadre, il lui arrive de demander des clarifications aussi auprès de différents instituts helvétiques, notamment en ce qui concerne le respect du devoir de diligence en matière de blanchiment d’argent. «Dans certains cas, la Finma mène ou a mené des procédures d’enforcement (enquête approfondie, ndr) afin d’enquêter sur les manquements constatés».

Comme à son habitude, le gendarme des marchés n’a pas souhaité fournir le nom des établissements visés, ni sur les détails ou le calendrier de procédures en cours.

Paulo Preto est mis en cause dans le cadre d’une enquête autour du détournement de fonds publics dans le cadre de la construction de la rocade autoroutière de São Paulo (Rodoanel), «la plus grande et la plus moderne réalisation routière» du pays, selon le gouvernement local.

L’enquête a été ouverte en 2017 par la justice fédérale brésilienne suite à des délations faites dans le cadre de l’affaire Odebrecht, qui avait indiqué à l’époque avoir versé des pots-de-vin en faveur du sénateur de São Paulo José Serra (PSDB, droite).

Au total, l’ex-directeur de Dersa aurait touché - selon les délateurs - près de 370 mio BRL en dessous-de-table, soit 106,3 mio CHF au taux de change actuel.