La croissance chinoise attendue à environ 5% au premier trimestre

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Selon les analystes interrogés par l’AFP, le PIB chinois a progressé de 5,1% sur un an au premier trimestre, n’affichant qu’un ralentissement modéré par rapport au trimestre précédent (5,4%).

La Chine devrait annoncer mercredi une croissance économique d’environ 5% au premier trimestre 2025, portée par une accélération des exportations en anticipation des surtaxes américaines, et malgré une consommation interne toujours atone, selon un panel d’experts interrogés par l’AFP.

L’objectif de croissance annuelle «d’environ 5%» fixé pour cette année par Pékin est menacé par des droits de douane astronomiques de 145% désormais imposés par Washington aux produits chinois.

Le chiffre officiel du Produit intérieur brut (PIB) pour janvier-mars, qui sera publié mercredi, offrira un premier aperçu des effets de ce bras de fer commercial.

Selon l’estimation médiane d’un panel d’une dizaine d’analystes interrogé par l’AFP, le PIB chinois a progressé de 5,1% sur un an au premier trimestre, n’affichant qu’un ralentissement modéré par rapport au trimestre précédent (5,4%).

Cette performance s’explique notamment par l’accélération des exportations, les entreprises ayant précipitamment gonflé leurs commandes avant l’entrée en vigueur de la plus grosse part des surtaxes américaines en avril, estiment les experts.

En mars, les exportations chinoises ont ainsi augmenté de 12% sur un an, ont annoncé lundi les douanes chinoises, avec un bond d’environ 9% de celles à destination des Etats-Unis.

Mais l’entrée en vigueur des droits de douane américains, couplée à des difficultés persistantes de l’économie chinoise, devraient rapidement mettre un terme à cette éclaircie, jugent les analystes.

Les résultats du premier trimestre «sont plutôt bons», mais «le deuxième trimestre va être bien pire», avertit ainsi Alicia Garcia-Herrero, économiste en chef pour l’Asie-Pacifique chez Natixis.

«L’économie chinoise fait face à des difficultés sur plusieurs fronts», précise pour l’AFP Sarah Tan, économiste au cabinet Moody’s Analytics.

«Les bons résultats des exportations vont s’estomper à mesure que les hausses des droits de douane américains prennent effet», ajoute-t-elle. Et «la demande intérieure reste atone dans un contexte de chômage élevé et d’ajustement du marché immobilier».

«Relance ciblée»

Face aux incertitudes pesant sur son commerce, la Chine espère voir la consommation interne prendre le relais des exportations comme moteur de croissance pour atteindre son objectif annuel de PIB.

L’Etat-parti a déjà annoncé l’an dernier une série de mesures de relance de l’économie, notamment une baisse des taux d’intérêt et une augmentation du plafond de la dette des administrations locales.

Ces mesures ont contribué à porter la croissance au premier trimestre, selon Gene Ma, responsable de la recherche sur la Chine à l’Institut de la finance internationale.

Et de nouvelles mesures de relance devraient être annoncées prochainement par Pékin, estiment les économistes.

L’enjeu-clé sera la capacité des autorités à stabiliser le secteur immobilier, toujours empêtré dans une crise structurelle alors qu’il représente 6% du PIB, rappelle l’analyste Guo Shan, du cabinet de conseil chinois Hutong Research.

Pékin devrait également actionner des leviers budgétaires et monétaires pour stimuler l’économie, anticipe Sarah Tan.

«Le gouvernement déploiera davantage de mesures de relance ciblées en direction des ménages» et la banque centrale chinoise «réduira probablement ses principaux taux directeurs», précise-t-elle.

«Miracle»

Mais les analystes doutent de la capacité des autorités chinoises à compenser pleinement la baisse attendue des exportations en raison des surtaxes américaines.

«Les exportations vont diminuer, et les investissements pourraient également ralentir à mesure que les incertitudes affectent la prise de décision des entreprises», affirme Guo Shan.

«Nous considérons qu’il existe un risque significatif de baisse de la croissance du PIB chinois», affirment les analystes d’ANZ. Un «scénario extrême» verrait la Chine connaître un choc externe similaire à celui de la crise financière de 2008, précisent-ils dans une note.

Mais un plan de relance efficace qui doperait la consommation intérieure pourrait entraîner un rééquilibrage de la balance commerciale chinoise via l’augmentation des importations, tempère Gene Ma.

Ce rééquilibrage pourrait réduire les tensions avec Washington, l’excédent commercial chinois étant un point de crispation majeur pour Donald Trump.

Washington a déjà donné des signes de relâchement vendredi, en accordant des exemptions pour les smartphones, les ordinateurs portables ou encore les semi-conducteurs, dont la Chine est un producteur majeur.

Mais des surtaxes colossales s’appliquent toujours aux autres secteurs et devraient rapidement plomber l’activité au second trimestre.

Dans ce contexte, «il faudra un miracle» pour atteindre l’objectif de croissance d’environ 5% en 2025, affirme Sarah Tan.

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