«Nous n’avons jamais connu un tel attrait pour nos logements»

Olivier Wurlod

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Eric Niederhauser, CEO de Retraites Populaires, dresse le bilan de sa première année et fait le point sur la situation immobilière.

©Chris Blaser

 

Les affaires se portent bien pour pour Retraites Populaires, à en juger par ses derniers résultats annuels. Jeudi dernier, l’entreprise basée à Lausanne a présenté des chiffres solides, avec une activité d’assurance en progression et une performance nette de 5,3% sur ses placements – pour la deuxième année consécutive.

Côté encaissements, Retraites Populaires affiche un montant de 930 millions de francs, un niveau qui se situe parmi les plus élevés enregistrés ces dernières années. Cette solide performance revêt une importance particulière, alors que l’entreprise romande bouclait sa première année sous la direction d’Eric Niederhauser.

Quel bilan tirez-vous de vos douze premiers mois comme CEO de Retraites Populaires?

Cette première année en tant que directeur général s’est conclue avec l’annonce de très bons résultats annuels 2024 et une poursuite du développement des affaires. Pendant l’année écoulée, j’ai consacré du temps afin d’être présent sur le terrain et nouer de nombreux contacts avec les acteurs de la région. 

Au niveau de la Direction, l’intégration réussie de deux nouveaux membres permet d’avoir une équipe performante et au complet. Ensemble, avec mes collègues et le Conseil d’administration, nous avons également actualisé la stratégie d’entreprise pour faire face aux défis futurs.

La passation de pouvoir a été longue et avec l’objectif d’une vraie continuité avec votre prédécesseur… Est-ce que cela a été vraiment le cas?

L’annonce de ma nomination est intervenue en avril 2023, pour une prise de fonction officielle début 2024. Le passage de témoin a donc été long mais il a permis d’assurer une continuité de nos activités ainsi qu’un bon suivi des dossiers. Toutefois, durant cette période, j’ai dû assumer une double activité à savoir celle de directeur de la division actuariat et systèmes d’informations et de futur directeur général. Dans l’ensemble, cette période intense et riche en activités s’est très bien déroulée.

En ce qui concerne le canton de Vaud, la tendance à la pénurie devrait se poursuivre. 

Les taux liés au marché immobilier ont pas mal bougé ces derniers temps, avec une orientation plutôt à la hausse. Comment Retraites Populaires s’adapte-t-elle dans un marché aussi volatil?

Sur le plan des acquisitions, nous observons une évolution du prix de l’immobilier en lien avec celle des taux d’intérêt. Après la hausse survenue à la fin de l’année 2022 et une détente des prix de l’immobilier sur le marché, la tendance de nouveau baissière des taux a conduit à la reprise de la hausse des prix de l’immobilier. Au regard de l’évolution des marchés boursiers et de leur volatilité, on remarque que l’immobilier reste une valeur refuge, ce qui explique l’intérêt croissant des investisseurs pour cette classe d’actifs. En ce sens, nous suivons avec attention l’évolution de ce secteur et adaptons, au besoin, notre politique d’acquisition, tout en maintenant une politique proactive en matière de rénovation.

L’inquiétude concernant le nombre de logements disponibles redevient d’actualité… Y a-t-il un risque de pénurie en Suisse?

Dans nos propres statistiques, à la fin mars 2025, nous disposons de très peu de logements. Le volume est faible, et nous n’avons jamais connu un tel attrait pour nos logements. Plusieurs raisons expliquent cet engouement. Le marché immobilier suisse subit une forte pression, avec une demande extrêmement élevée que l’offre ne parvient pas à satisfaire.

De plus, les logements de Retraites Populaires et de ses caisses de pension sous gestion sont attractifs en raison de leur bon positionnement sur le marché et de la pratique de loyers raisonnables.

Le risque est-il le même en Suisse romande, une région qui a beaucoup construit ces dernières années?

En ce qui concerne le canton de Vaud, la tendance à la pénurie devrait se poursuivre. Malgré un nombre important de constructions, le nombre de nouveaux logements arrivant sur le marché reste largement inférieur aux besoins. En outre, les lenteurs des procédures et les oppositions influencent de manière négative la capacité à répondre à la demande.

Il faut cependant faire preuve de prudence lorsqu’on évoque le risque de pénurie en Suisse romande, car il est faux de considérer notre région linguistique comme un ensemble homogène et cohérent en matière d’offre immobilière. Au contraire, elle est multiple, comme en témoigne la forte attractivité de l’Arc lémanique et du sud du canton de Fribourg. À l’inverse, le Jura connaît une réalité différente. 

Cette logique s’observe également en Suisse alémanique, avec des villes comme Zurich qui connaissent une véritable pénurie, alors que la situation est plus détendue dans les régions centrales.

On manque de force pour construire, mais surtout pour rénover… Le secteur du bâtiment pourra-t-il répondre aux enjeux climatiques?

Il est vrai que la rénovation représente un enjeu important. À ce stade, les premières difficultés concernent surtout la multitude de démarches administratives, notamment les processus d’obtention des autorisations nécessaires. Reste également la question de la disponibilité des entreprises et des ressources, qui devra être suivie attentivement. Face à cette situation, une bonne planification et l’anticipation des besoins seront essentiels.

Suite à vos diverses acquisitions en 2024, quelles sont vos ambitions à venir pour le secteur immobilier?

Nous restons dans une logique de croissance de notre parc immobilier et sommes à la recherche d’opportunités d’acquisition intéressantes. Celles-ci doivent cependant s’inscrire dans nos différents critères, notamment en matière de rentabilité à court et à long terme, d’impact sur les coûts de rénovation, de localisation et de positionnement en termes de loyers.

Nous n’avons toutefois pas de contrainte absolue à acquérir et continuons d’observer l’évolution du marché de manière attentive.

Le contexte géopolitique, marqué par de nouvelles barrières douanières, peut-il avoir un impact concret sur vos perspectives de 2025?

Depuis l’annonce du 2 avril concernant les tarifs douaniers, les marchés financiers connaissent d’importantes turbulences, avec des performances en territoire négatif et une très forte volatilité. Du côté de Retraites Populaires, les réserves de fluctuation accumulées ces dernières années devraient nous permettre d’absorber les effets négatifs attendus en 2025.

L’important sera de garder son calme et de suivre attentivement l’évolution des différentes annonces côté américain ainsi que les ripostes du reste du monde. Pour l’instant, il n’est pas nécessaire de prendre des mesures à très court terme. D’autant plus que nous bénéficions d’une bonne diversification de nos placements, ce qui nous permet de faire face aux turbulences des marchés boursiers.

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