Les marchés européens en nette hausse, malgré un coup de frein en fin de séance

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Paris clôture sur une montée de 3,83%, Londres de 3,04% et Francfort de 4,53%. Milan grimpe de 4,73%.

La politique commerciale de Donald Trump accapare toujours les marchés jeudi: Wall Street, le pétrole et le dollar dévissent, sur fond d’inquiétudes sur l’économie mondiale, tandis que l’Europe a bondi après le revirement spectaculaire du président américain la veille.

Après un rebond historique, provoqué mercredi par l’annonce du président américain d’une suspension pour trois mois d’une grande partie des surtaxes à l’importation imposées le jour même à des dizaines de pays et partenaires, l’inquiétude revenait jeudi à Wall Street.

Vers 15H30 GMT, le Dow Jones dévissait de 3,44%, l’indice Nasdaq de 5,01% et l’indice élargi S&P 500 de 4,25%.

«On reste dans un climat de forte défiance. La séquence va laisser des traces, et les investisseurs craignent l’impact de la politique commerciale de Donald Trump sur l’économie», explique à l’AFP Alexandre Hezez, stratégiste pour le groupe Richelieu.

D’autant que «les droits de douane universels de 10%», autre pan du paquet de mesures protectionnistes de Trump, restent «toujours en vigueur» malgré le revirement de mercredi, explique Jochen Stanzl, analyste pour CMC Markets.

Surtout, la Chine fait figure d’exception dans la suspension des droits de douane américains. La Maison Blanche a même annoncé jeudi que les surtaxes visant Pékin allaient finalement atteindre un niveau vertigineux de 145%.

Pékin va de son côté réduire, «modérément», le nombre de films américains diffusés sur son territoire, une nouvelle mesure de rétorsion.

Or, ce pays «reste un marché clé» pour de nombreuses entreprises américaines, relève Ipek Ozkardeskaya, analyste chez Swissquote Bank. Pour elle, «les incertitudes vont persister».

Le dollar et le pétrole dévissent, nouveau record de l’or

Dans ce contexte, l’or, considéré comme la valeur refuge par excellence, a dépassé un nouveau record jeudi, à plus de 3171 dollars l’once.

En revanche, signe de la perte de confiance des investisseurs dans l’économie américaine, le dollar dévisse. Le billet vert a atteint un plus bas depuis plus de dix ans par rapport au franc (+3,69% à 1,2117 dollar vers 15H50 GMT), considéré comme une valeur refuge. Contre l’euro, le billet vert dégringolait de 2,50% à 1,127 dollar pour un euro.

La monnaie américaine a également été plombée par le ralentissement de l’inflation en mars aux États-Unis plus prononcé qu’attendu, à 2,4% sur un an, selon des chiffres publiés jeudi, en raison de la baisse des prix du pétrole.

Côté or noir, les prix chutaient aussi lourdement, les investisseurs tablant sur une demande mondiale plus faible en raison d’un ralentissement économique attendu en Chine et aux Etats-Unis en raison de l’escalade entre les deux pays, principaux consommateurs de pétrole.

Le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 3,45% à 63,22 dollars, quand son équivalent américain, le WTI, cédait 3,92% à 59,90 dollars vers 13H20 GMT.

L’Europe résiste

Contrairement à Wall Street, les bourses européennes ont bondi, profitant de la suspension par Donald Trump des surtaxes douanières pour l’Union européenne, après plusieurs séances de débâcle. Paris a pris 3,83%, Londres 3,04% et Francfort 4,53%. Milan a gagné 4,73%.

Elles ne rattrapent toutefois pas leurs pertes des dix derniers jours, affichant une chute comprise entre 6 et 8% depuis le 1er avril.

L’annonce du revirement du président américain avait été rendue publique après la fermeture des marchés du Vieux Continent, qui n’avaient donc pas pu l’intégrer mercredi dans les cours.

Le marché de la dette dans le viseur

La guerre commerciale a aussi fait trembler le marché de la dette américaine.

«C’est la vente éclair de bons du Trésor américain ces derniers jours qui a finalement poussé Donald Trump à reculer sur sa stratégie commerciale», estime Ipek Ozkardeskaya.

«Je surveillais le marché des obligations», a reconnu le président américain, ajoutant avoir constaté que ses surtaxes douanières «effrayaient un peu» les investisseurs.

Le taux d’emprunt américain à 10 ans, qui évoluait jusqu’à plus de 4,50% mercredi, s’est quelque peu détendu avec le volte-face de Donald Trump. Il atteignait 4,37% vers 15H40 GMT, contre 4,34% la veille en clôture.

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