Romande Energie a vu ses recettes et sa rentabilité plonger l’an dernier, affectées par le cadre réglementaire. Si aucun rebond n’est attendu à court terme, le groupe mise sur le chauffage à distance et les rénovations pour sa croissance future. Le dividende est maintenu.
En glissement annuel, le chiffre d’affaires a reculé de 10% à 832 millions de francs, ressortant toutefois à son 2e niveau le plus élevé de l’histoire du groupe, souligne l’énergéticien morgien mardi dans un communiqué. Ce repli résulte d’un effet mécanique dû notamment aux prix de marché inférieurs, conjugué à des volumes d’énergie moindres vendus sur le marché libéralisé.
Pénalisé par une marge énergie «sous pression maximale», le résultat opérationnel (Ebit) ajusté, soit avant effets non-opérationnels, a été divisé par près de quatre à 23 millions. Ces effets non opérationnels péjorent l’Ebit de 9 millions supplémentaires. Ils sont liés à des corrections de valeurs sur une technologie n’ayant pas atteint les niveaux de performance escomptés dans le chauffage à distance (-11 millions), que n’a pas compensé le gain de deux millions réalisé sur la vente d’une filiale rattachée à Romande Energie Services. Le bénéfice net ressort à 26 millions, divisé par six comparé à l’exercice 2023.
Lors de l’assemblée générale du 14 mai, les actionnaires se verront proposer un dividende inchangé de 1,44 franc par action, grâce à son «haut niveau de liquidités». Au 31 décembre dernier, le flux de trésorerie totalisait 147 millions, contre 136 millions précédemment.
«Notre rythme d’investissements prouve que nous sommes toujours dans une phase de croissance, mais à un rythme ajusté», souligne Patrick Bertschy, directeur ad interim du groupe, lors d’un entretien accordé à AWP. Et de rappeler les projets annoncés ces dernières semaines, notamment la reconstruction du poste électrique de Puidoux, ou encore l’inauguration de la nouvelle centrale pour le chauffage à distance à Lonay.
Vitesse de densification surestimée
Le développement du réseau thermique devrait par ailleurs prochainement amener de la croissance. «Les retours sur investissements - conséquents pour ce type d’installation - sont plus lents que ce que nous avions anticipé.» Le rythme de densification des raccordements a été surestimé. A cela s’ajoutent le renchérissement des matériaux, ainsi que l’ampleur de la charge administrative que cela représente pour certaines communes et qui freine elle aussi le développement de ces réseaux, ajoute le directeur financier, Nicolas Conne, assurant que la rentabilité n’est pas remise en question, juste décalée.
L’entreprise compte aussi pour sa croissance future sur les rénovations énergétiques des bâtiments qui bénéficient toujours d’importants encouragements de la part de la Confédération et des cantons, souligne le CFO. Et de manière générale sur le développement de l’électrification, dans le cadre de la transition énergétique, avec l’essor des renouvelables, notamment l’éolien et le solaire.
D’autant que dès l’an prochain, en vertu de la nouvelle loi sur l’électricité, les prix de revente de l’énergie solaire seront fixés sur la base des prix constatés durant le trimestre, ce qui permettra d’atténuer les pertes liées à la revente de cette énergie, pour laquelle les fournisseurs ont une obligation de reprise à un tarif minimal souvent plus élevé que celui du marché.
A propos de perspectives, l’entreprise anticipe une année 2025 en ligne avec la précédente. Mais à l’horizon 2030, Nicolas Conne anticipe une hausse de l’excédent brut d’exploitation (Ebitda) de l’ordre de 50%. Sans toutefois retrouver les niveaux «exceptionnels de l’an dernier», liés à des effets de rattrapage. «En 2023, nous avons encore bénéficié des ajustements de prix sur les tarifs fixés d’avance, avant les fortes hausse de 2021 et 2022» liées à la crise sanitaire et au conflit en Ukraine, précise Patrick Bertschy. «Nous sommes actuellement en phase de normalisation, mais vers une nouvelle normalité».
Les défis restent de taille, le contexte régulatoire évolue, après avoir été déjà rabotée à deux reprises, la marge autorisée sur l’énergie tombera à zéro dès 2026. Les effets des dernières ordonnances annoncées récemment par la Confédération sur la performance sont en cours d’examen, précise la direction, qui sera renouvelée cette année avec l’arrivée dès le 1er octobre de François Fellay au poste de directeur général en remplacement de Christian Petit.