Au cours des deux derniers mois, les marchés financiers ont subi d'importantes variations dues à des ajustements des politiques budgétaires, remettant en question le consensus précédent sur une économie américaine forte et une économie mondiale en déclin.
La politique budgétaire devient le pilier central de la stratégie. La nouvelle administration américaine a mis l’accent sur l'immigration, la réduction des dépenses publiques et l'imposition de tarifs douaniers. En revanche, le reste du monde a adopté une approche différente.
La Chine et l’Europe, en particulier, se distinguent par des plans budgétaires de relance ambitieux. L’Europe réagit massivement aux risques Trump et Poutine. Ursula von der Leyen a annoncé des dépenses d’armement pour une Europe sûre et résiliente de €800 milliards, dont €150 milliards de prêts, sur 4 ans. 650 milliards sortiront du cadre des règles budgétaires obligeant les Etats-membres à limiter leur déficit public à 3% du PIB et seront utilisés pour l'augmentation par les États membres de leurs dépenses nationales en matière de défense et de sécurité. La France et l’Allemagne ont déjà annoncé des dépenses de €100 milliards par an d’ici 2 ans, soit 3%-3.5% de leur PIB. Libérer tout le potentiel des marchés de capitaux sera également indispensable pour le plan d'Ursula von der Leyen. "Nous devons veiller à ce que les milliards d'euros épargnés par les Européens soient investis sur les marchés au sein de l'UE", a-t-elle écrit aux États membres. L'Union européenne ne manque pas de capitaux. Les ménages épargnent 1 400 milliards d'euros par an, contre 800 milliards d'euros aux États-Unis, mais 300 milliards d'euros de l'épargne des Européens sont investis chaque année sur des marchés extérieurs à l'UE. Pour remédier à cette situation, la Commission présentera d'ici le 19 mars une communication sur une Union européenne de l'épargne et de l'investissement visant à encourager le capital-risque et à promouvoir des flux de capitaux fluides à travers l'UE. La Banque européenne d’investissement (BEI) devrait modifier sa politique de financement en prêtant plus à l’industrie de l’armement. La Commission européenne pourrait aussi créer une banque de réarmement et/ou augmenter les dépenses de défense dans le prochain budget de l’UE.
Ces changements de politique budgétaire ont eu un impact notable sur les perspectives économiques, comme en témoigne la baisse de 35pbs du swap de taux à 2 ans US depuis le début de l'année, tandis que son équivalent européen, il a subi une augmentation de 15pbs. Des perspectives économiques divergentes ont poussé l'EUR/USD à 1,08 et continueront de le soutenir.
Les investisseurs anticipent désormais à une nouvelle baisse des taux en juillet de la Fed et 4 baisses de taux sur l’ensemble de l'année, marquant un changement significatif par rapport au début de l'année où le marché n'anticipait aucune baisse. Le modèle GDPNow de la Fed d'Atlanta, un indicateur composite de l’activité américaine, prévoit une contraction de l’économie au 1er trimestre 2025. Il s’avère être le plus négatif mais aussi le plus volatil. Cependant les autres indicateurs avancés de l’économie américaines sont moins pessimistes. Même s’ils anticipent un ralentissement, ils continuent de voir l’économie américaine croitre au premier trimestre 2025.
L'incertitude liée aux tarifs douaniers a entraîné un affaiblissement du sentiment des entreprises et des consommateurs, ce qui devrait freiner les investissements et la consommation.
La Fed devrait adopter une position neutre, observant la mise en œuvre de nouvelles politiques et l'impact des tarifs douaniers sur la croissance économique et l'inflation. Contrairement aux marchés financiers, la plupart des membres de la Fed se montrent plus préoccupés par l'impact des tarifs douaniers sur l'inflation que sur la croissance. La BCE envisage de réduire son taux à un niveau neutre, compte tenu des conditions économiques actuelles, mais toute action supplémentaire pourrait être limitée. La BCE préférant observer l’impact des tarifs douaniers potentiels de Trump et de la politique budgétaire nationale affecteront l'économie.
- Le changement de politique budgétaire accroît les risques de baisse pour l'économie américaine et profite à l'économie européenne et à sa monnaie commune.
- Nous nous en tenons à notre plan, le mandat Trump 1.0 étant notre guide. L'EUR/USD devrait se renforcer vers les 1,12.