Malgré la décrue des taux d’intérêt, la première banque italienne Intesa Sanpaolo a annoncé mardi viser un bénéfice net «bien supérieur» à 9 milliards d’euros cette année, après un profit record dépassant les attentes en 2024.
Intesa Sanpaolo a vu son bénéfice net grimper de 12% à 8,7 milliards d’euros l’an dernier, grâce au rebond des commissions et aux revenus générés par les taux d’intérêt.
«Nous dépassons nos engagements et venons de réaliser le meilleur résultat net de notre histoire», a commenté le PDG de la banque, Carlo Messina, dans une conférence avec des analystes.
Ce résultat est supérieur au consensus des analystes de Factset qui tablaient en moyenne sur 8,6 milliards d’euros.
Pour 2025, Intesa Sanpaolo mise sur un bénéfice net «bien supérieur» à 9 milliards d’euros, améliorant ainsi sa précédente prévision qui était d’»environ» 9 milliards. «Bien plus de 9 milliards signifie jusqu’à 10 milliards», a clarifié M. Messina.
Sa rivale UniCredit avait prévu en novembre un bénéfice net de plus de 9 milliards d’euros en 2024 ainsi qu’en 2025 et 2026, après un résultat supérieur aux attentes au troisième trimestre.
Actionnaires choyés
Pour choyer ses actionnaires, Intesa Sanpaolo a annoncé un nouveau rachat d’actions de 2 milliards d’euros qui débutera en juin.
Ce rachat s’ajoute aux 6,1 milliards d’euros de dividendes au titre des bénéfices de l’an dernier, dont un acompte de 3 milliards a déjà été versé en novembre.
«Nous avons déjà distribué 24,6 milliards d’euros aux actionnaires, alors que l’objectif était de 22 milliards d’euros pour l’ensemble du plan stratégique» 2022-2025, a relevé M. Messina.
En dépit de la baisse des taux amorcée par la Banque centrale européenne (BCE), Intesa Sanpaolo a tenu son objectif de dégager un bénéfice net de plus de 8,5 milliards d’euros en 2024.
Au quatrième trimestre, son bénéfice net a cependant reculé de 6,4% à 1,49 milliard d’euros, notamment en raison d’une baisse de 5,2% de son revenu net d’intérêts.
Le dernier trimestre a aussi pâti des coûts de 300 millions d’euros liés aux 4000 départs volontaires en 2024, sur un total de 9000 prévus d’ici 2027, soit environ 10% des effectifs de la banque.
Les revenus d’Intesa ont augmenté de 7,5% à 27,1 milliards d’euros sur l’ensemble de l’année 2024.
Les recettes ont été soutenues par le revenu net d’intérêts, qui a grimpé de 6,9% à 15,7 milliards d’euros, malgré la baisse des taux sur les marchés.
Les commissions nettes ont sensiblement rebondi, gagnant 9,4% à 9,4 milliards d’euros, après avoir reculé de 4% en 2023.
Carlo Messina, 63 ans, aux commandes de la banque depuis 2013, prévoit de se représenter lorsque son actuel mandat expirera cette année.
M. Messina compte sur la hausse des revenus provenant des commissions, de la gestion d’actifs et de la branche assurance pour compenser la baisse des taux d’intérêt sur les marchés.
«Loin de la confusion»
Intesa Sanpaolo est restée insensible à la vague d’offres de rachat qui secoue le secteur bancaire, avec notamment UniCredit qui cherche à avaler le numéro trois italien, Banco BPM, mais aussi l’allemande Commerzbank.
«Nous n’avons pas l’intention de participer à la consolidation en Italie. Nous resterons très loin de cette confusion qui règne sur le marché», a assuré mardi M. Messina.
Déjà en novembre, il avait déclaré que la banque ne comptait pas «agir en chevalier blanc dans ces opérations pour une raison très simple: nous avons une part de marché tellement élevée que nous ne pouvons pas faire d’opérations en Italie».
Quant au recours au «golden power» envisagé par le gouvernement Meloni qui lui confère des pouvoirs spéciaux sur des groupes considérés comme stratégiques, comme Banco BPM, Carlo Messina s’était montré sceptique.
Le gouvernement ne peut intervenir que «s’il y a des problèmes de sécurité nationale et dans ce cas, je n’y vois pas les conditions. Nous sommes contre l’ingérence politique», avait-il souligné.
Intesa Sanpaolo avait conclu avec succès en 2020 une offre publique d’achat et d’échange visant sa concurrente Ubi Banca, valorisée à 4,2 milliards d’euros.