Bourses: tempête sur l’écosystème de l’IA

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Dans le sillage de Nvidia (-13%), plombée par la montée en puissance d’une start-up chinoise capable de concurrencer OpenAI, Meta lâche 1,89%, Microsoft 4,36%, Amazon 3,32% et Alphabet 3,36%.

Sauve qui peut dans l’IA: les indices américains reculent fortement lundi, sous le coup du plongeon des mastodontes technologiques, sonnées par la montée en puissance d’une start-up chinoise capable de concurrencer l’américain OpenAI pour quelques millions de dollars seulement.

Directement menacé par cette concurrence chinoise potentielle bien moins chère, Nvidia, géant américain des semi-conducteurs et challenger invaincu du domaine à ce stade, voyait vers 14H30 GMT, dans les premiers échanges, son titre sombrer de 13% sur l’indice américain Nasdaq.

En quelques instants, l’entreprise, première capitalisation mondiale, a perdu 465 milliards de dollars de valorisation.

Les autres géants de la tech américains, qui ont investi des milliards d’euros dans le développement de l’intelligence artificielle, plongeaient aussi, à l’image de Meta (-1,89%) Microsoft (-4,36%), Amazon (-3,32%) et Alphabet (-3,36%).

L’indice américain Nasdaq, à dominance technologique, dévissait de 3,20%. Le S&P 500 perdait 1,77% et le Dow Jones affichait un repli de 0,21%.

En Europe, Londres cédait 0,07%, Paris 0,31%, Francfort 0,71% et Amsterdam 1,33%.

«La nouvelle est potentiellement très significative» et «tout d’un coup, le marché prend un virage dans sa thèse d’investissement» dans le secteur de l’IA, commente Raphaël Thuin, directeur des stratégies de marchés de Tikehau Capital.

«La domination technologique des États-Unis est remise en question par la Chine», résume Kathleen Brooks, directrice de la recherche économique de XTB.

Somme dérisoire

DeepSeek a été conçu par une start-up basée à Hangzhou (est de la Chine) une ville connue pour sa forte concentration d’entreprises technologiques. Selon une publication de DeepSeek détaillant son développement, son modèle n’a été entraîné qu’avec une fraction des puces utilisées par ses concurrents occidentaux.

Or, nombre d’analystes pensaient que l’avantage des États-Unis en matière de production de puces hautes performances, ainsi que leur capacité à limiter l’accès de la Chine à cette technologie, garantirait leur domination en matière d’IA.

D’autant que DeepSeek a déclaré n’avoir dépensé que 5,6 millions de dollars pour développer son modèle, une somme dérisoire comparée aux milliards investis par les géants américains.

«Cela représente un centième de ce que les valeurs des hautes technologies américaines ont dépensé pour la recherche et le développement ces dernières années», abonde Christopher Dembik, conseiller en investissement de Pictet AM.

«La baisse des coûts est une bonne nouvelle sur la tendance long terme de l’IA. En revanche, ça interroge sur la valorisation et le positionnement qui entoure la tech américaine», souligne Raphaël Thuin.

D’autant que le secteur est sous les projecteurs cette semaine, Microsoft, Meta, Tesla et Apple publieront leurs résultats et tiendront des conférences à cette occasion.

«DeepSeek devrait maintenant devenir le sujet principal» et «les entreprises devront expliquer comment elles comptent monétiser l’IA dans un monde qui pourrait ne pas être dominé par OpenAI et les États-Unis», ajoute Jochen Stanzl, analyste pour CMC Market.

Panique sur l’écosystème IA

«Les investisseurs remettront en question les marges des entreprises jusqu’à ce que les bonnes réponses arrivent. D’ici là, les cours des actions pourraient continuer à chuter», estime l’analyste.Tous les secteurs qui soutiennent la croissance de l’IA sont en repli lundi et sur toutes les places financières, à l’image de l’énergie, des semi-conducteurs ou encore de l’électricité, exposés aux développements des centres de données.

En Europe, ASML chutait de 8,65%, ASM de 8,49%, BE Semiconductor Industries de 6,99%, STMicroelectronics reculait de 0,51%, Infineon de 3,22% et Soitec de 4,37% vers 14H30 GMT.

Les géants français des équipements électriques Schneider Electric (-9,22%) et Legrand (-5,86%) reculait très fortement à Paris. A Francfort, Siemens Energy s’enfonçait de plus de 20%.

A Tokyo, Advantest, le fournisseur de Nvidia, de Screen Holdings (-3,85%) et Disco Corp (-2,90%), a reculé de 8,61%.

Le puissant groupe d’investissement japonais SoftBank, qui avait bondi la semaine dernière avec sa participation au massif projet d’IA dévoilé par Donald Trump aux États-Unis, a également plongé lundi (-6,09%). Fujikura, qui fabrique des câbles pour centres de données, s’est effondré de 8%. A Paris, Nexans lâchait 2,02%.

Dans ce contexte de forte incertitude, les obligations d’État, valeurs refuges, étaient demandées, ce qui fait reculer leurs taux d’intérêt. L’emprunt américain atteignait 4,53%, contre 4,62% la veille en clôture.

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