Le conseil d’administration du premier assureur italien, Generali, a approuvé lundi un protocole d’accord avec le groupe bancaire français BPCE, maison mère de Natixis Investment Managers, en vue de la création d’une coentreprise dans le domaine de la gestion d’actifs, a appris l’AFP de source financière.
Leur union devrait donner naissance à un nouveau champion de la gestion d’actifs avec près de 2000 milliards d’euros d’encours qui occuperait la deuxième place en Europe derrière Amundi, filiale du groupe Crédit Agricole.
L’annonce officielle de l’accord sur une coentreprise paritaire entre Generali Investments et Natixis IM est attendue mardi matin, avant l’ouverture des marchés.
Les deux entreprises comptent créer une plateforme de gestion d’actifs qui sera détenue à 50% par Generali et 50% par Natixis. Le groupe français devrait y apporter l’ensemble de ses encours, soit 1279 milliards d’euros.
Le groupe Generali, qui en détient 843 milliards au total, compte y contribuer pour 650 milliards d’euros, car il gardera dans son giron les actifs de sa banque privée Banca Generali.
Sous l’égide de son PDG, Philippe Donnet, Generali a commencé en 2017 à se concentrer davantage sur la gestion d’actifs pour diversifier ses sources de revenus et a racheté en avril 2024 le gestionnaire d’actifs américain Conning Holdings.
Woody Bradford, PDG de Generali investments et ancien patron de Conning, devrait être nommé directeur général de la coentreprise pour une durée de cinq ans, alors que la présidence reviendrait à Natixis, selon une source financière.
En unissant leurs forces, Natixis IM et Generali Investments se rapprochent du gestionnaire d’actifs Amundi, premier en Europe avec un encours de 2192 milliards d’euros au troisième trimestre 2024.
Natixis Investment Managers appartient au groupe BPCE, rassemblant notamment les Banques populaires et les Caisses d’épargne, qui connaît un nouvel élan depuis l’arrivée aux manettes fin 2022 d’un nouveau président du directoire, Nicolas Namias.
L’accord entre Generali et Natixis est cependant vu d’un mauvais oeil par deux actionnaires importants de l’assureur italien, le magnat de la construction Francesco Gaetano Caltagirone (6,92%) et Delfin, la holding de la famille Del Vecchio (9,93%).
Ces deux investisseurs redoutent une perte de contrôle de Generali sur l’épargne nationale en cas de fusion avec des actifs français et pourraient demander la convocation d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires pour examiner l’accord.
Le gouvernement de droite et d’extrême droite de Giorgia Meloni suit cet accord franco-italien de très près et pourrait avoir recours au «golden power», qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays.