Les marchés en Asie étaient sous pression vendredi, digérant toujours la communication prudente de la Fed et attentistes avant un indicateur américain, tandis que le yen tentait de se ressaisir après un regain de l’inflation au Japon.
Le yen se reprend
La monnaie japonaise est descendue à son plus bas niveau depuis cinq mois, en début d’échanges asiatiques, à 157,93 yens pour un dollar.
Elle avait lourdement trébuché la veille après la communication prudente de la Banque du Japon (BoJ), qui a maintenu son statu quo monétaire et repoussé jusqu’à nouvel ordre la poursuite de son durcissement monétaire.
La BoJ avait justifié sa décision en pointant l’accalmie sur le front de l’inflation en septembre et octobre, ainsi que les incertitudes relatives à la future la politique économique du président élu américain Donald Trump et aux résultats de négociations salariales au Japon, rappellent les analystes de MUFG Bank.
Or, la BoJ a tout juste entamé en mars la remontée de ses taux restés lontemps négatifs ou nuls. Sa prudence menace donc d’entretenir l’écart avec les taux élevés aux Etats-Unis, d’autant que la banque centrale américaine (Fed) devrait prendre son temps pour assouplir sa politique.
Résultat: le différentiel favorise le dollar, plus rémunérateur, au détriment du yen, durablement sous pression.
La devise nippone a tenté de rebondir plus tard vendredi après la publication d’une accélération plus forte qu’attendu de l’inflation au Japon en décembre, dopée par les coûts de l’énergie --et très au-delà de la cible de 2% de la BoJ.
Ce regain de l’inflation «devrait conforter la BoJ dans sa capacité à reprendre ses hausses de taux au cours des prochains mois», estime Toh Au Yu, de Capital Economics.
Le gouvernement a accompagné ce rebond du yen en assurant surveiller les fluctuations de la devise.
Vers 06h45 GMT, la monnaie nippone grimpait de 0,28% à 156,99 yens pour un dollar.
Tokyo recule, guette les Etats-Unis
A la Bourse de Tokyo, l’indice vedette Nikkei a terminé en repli de 0,29% à 38.701,90 points et l’indice élargi en baisse de 0,44% à 2701,99 points.
Les investisseurs digéraient encore la décision de la Banque du Japon perçue comme «accommodante», soulignait le courtier IwaiCosmo, dans l’attente des minutes de sa réunion la semaine prochaine.
Par ailleurs, les opérateurs restaient sur le qui-vive, avant la publication d’un baromètre de l’inflation aux Etats-Unis, susceptible d’éclairer les orientations de la Fed.
Le marché continue d’encaisser le choc de la communication de l’institution mercredi, qui ne prévoit plus que deux réductions supplémentaires en 2025 contre quatre auparavant.
La perspective d’une paralysie budgétaire de l’Etat fédéral à Washington, après le rejet d’une proposition au Congrès, avive la nervosité ambiante.
A la Bourse de Hong Kong, l’indice Hang Seng montait de 0,20% à 19’792,50 points vers 06H45 GMT, dans des échanges prudents. Signe des tiraillements du marché: en Chine continentale, l’indice composite de Shanghai cédait 0,09% et celui de Shenzhen grimpait de 0,37%.
Sony grimpe
Le géant japonais du divertissement Sony a annoncé jeudi qu’il allait monter à 10% du capital de son compatriote Kadokawa, conglomérat du secteur des médias à l’origine du jeu vidéo à succès «Elden Ring». Il en deviendra le premier actionnaire et veut collaborer avec lui dans l’animation et le jeu vidéo.
Suite à cette annonce, Sony a vu son titre grimper de 0,73% à Tokyo, limitant ses gains après avoir bondi de près de 3% en séance, tandis que Kadokawa au contraire s’est effondré de 15,94%.
Le fabricant de la console PlayStation 5 poursuit depuis plusieurs années une intense stratégie d’acquisitions de studios de jeu vidéo dans le cadre de sa concurrence avec l’américain Microsoft.
Repli du pétrole, la Fed pèse
Les cours du pétrole continuaient de reculer, toujours plombés par la position prudente affichée par la Fed, qui a contribué à apprécier le dollar. Or un renchérissement de la monnaie américaine rend moins attractifs les achats de brut, libellés dans cette devise.
Les perspectives moroses sur le front de la demande, face à une offre toujours surabondante, continuent par ailleurs de déprimer le marché.
Vers 06h45 GMT, le baril de West Texas Intermediate (WTI) américain perdait 0,32% à 69,16 dollars, et celui de Brent de la mer du Nord lâchait 0,27% à 72,68 dollars.