L’offensive d’UniCredit sur BPM, une bataille bancaire à l’issue incertaine

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Surnommé le «Cristiano Ronaldo des banquiers» en raison de son expertise en matière de fusions-acquisitions, le CEO Andrea Orcel avance ses pions en Italie, après avoir ouvert un autre front en Allemagne, où il guette Commerzbank.

L’offre publique d’échange d’actions (OPE) lancée par la deuxième banque italienne UniCredit sur sa rivale Banco BPM s’apparente à un parcours d’obstacles à l’issue incertaine, se heurtant aux fortes résistances de sa proie et du gouvernement Meloni.

Surnommé le «Cristiano Ronaldo des banquiers» en raison de son expertise en matière de fusions-acquisitions, le PDG d’UniCredit, Andrea Orcel, 61 ans, avance ses pions en Italie, après avoir ouvert un autre front en Allemagne, où il guette Commerzbank.

Refus de BPM

Troisième groupe bancaire italien, Banco BPM a jugé d’emblée largement insuffisante l’OPE lancée fin novembre par UniCredit le valorisant à 10,1 milliards d’euros et préfère rester autonome.

Son directeur général Giuseppe Castagna assure qu’une fusion avec UniCredit impliquerait 6.000 suppressions d’emplois, compte tenu des synergies de coûts de 900 millions d’euros par an invoquées par Andrea Orcel.

Pour repousser ces avances, il étudie selon les analystes deux options: relever les objectifs de rentabilité de BPM pour rendre l’offensive du prédateur moins séduisante aux yeux des actionnaires ou alors convoler en justes noces avec la banque Monte dei Paschi di Siena (MPS) et gonfler ainsi la facture pour UniCredit.

Résistances du gouvernement

Le gouvernement de droite et d’extrême droite de Giorgia Meloni a réservé un accueil glacial à l’offre d’UniCredit car elle risque justement de faire dérailler son projet de créer un troisième pôle bancaire en Italie formé par Banco BPM et MPS, derrière Intesa Sanpaolo et UniCredit.

Matteo Salvini, vice-chef du gouvernement et patron de la Ligue (anti-immigration), a fustigé à plusieurs reprises le projet d’UniCredit, estimant qu’il «entraînerait la fermeture de centaines d’agences et des milliers de licenciements».

Le ministre de l’Economie Giancarlo Giorgetti, numéro deux de la Ligue, est allé jusqu’à agiter le spectre du «golden power», qui lui confère des pouvoirs spéciaux dans des secteurs considérés comme stratégiques pour le pays.

Crédit agricole en embuscade

Premier actionnaire de Banco BPM, Crédit Agricole a fait irruption dans la bataille il y a dix jours pour annoncer vouloir monter, par le biais d’instruments dérivés, à 15,1% de son capital, voire 19,99% en cas de feu vert du superviseur.

Crédit Agricole, qui détenait jusque-là 9,9%, a précisé ne pas vouloir lancer une offre sur BPM.

Mais sa montée au capital devrait lui permettre de renforcer son pouvoir de négociation concernant le partenariat entre UniCredit et le gestionnaire d’actifs Amundi, détenu par Crédit Agricole.

Giuseppe Castagna s’est empressé de saluer cet investissement, estimant que Crédit Agricole a ainsi «confirmé son soutien» à BPM.

Selon la presse italienne, Rome espère que Crédit agricole endosse le rôle de «chevalier blanc» et contre l’offensive d’UniCredit en soutenant le projet d’une fusion entre BPM et MPS, quitte à voir sa participation diluée.

Riposte d’UniCredit

UniCredit a déposé vendredi auprès du gendarme boursier italien son OPE sans toutefois rajouter le moindre centime au montant initial. «Notre offre aux actionnaires de BPM est appropriée», a assuré Andrea Orcel.

Officiellement, l’offensive de Crédit agricole «ne change rien pour UniCredit», a déclaré il y a une semaine un porte-parole de la banque italienne sur LinkedIn. «Nous avons toujours été prêts à négocier avec Crédit agricole».

Dans un autre message à l’adresse des actionnaires de BPM, entre-temps effacé, UniCredit a prévenu cependant que désormais «une partie importante de BPM est sous le contrôle de Crédit agricole» et que par conséquence «le secteur bancaire italien dans son ensemble est plus faible».

Bataille des chiffres

Une fusion entre UniCredit et Banco BPM donnerait naissance au premier groupe bancaire en Italie en matière d’actifs et capitalisation, devançant Intesa SanPaolo.

Si la fusion était menée à bon port, cette future entité deviendrait en outre la troisième banque en Europe en termes de capitalisation (plus de 75 milliards d’euros), derrière le géant britannique HSBC et sa concurrente suisse UBS.

Banco BPM a clôturé vendredi à la Bourse de Milan à 7,846 euros, un cours nettement supérieur à celui proposé par UniCredit, qui est de 6,657 euros.

Mais Andrea Orcel fait valoir que son offre représente une hausse de 14,8% par rapport au cours de Banco BPM avant que ce dernier ne lance une offre publique d’achat (OPA) sur le groupe de gestion d’actifs Anima.

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