En Allemagne, Jörg Kukies, un ancien de Goldman Sachs, aux Finances

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Le signal envoyé par le chancelier social-démocrate Olaf Scholz avec cette nomination est clair: restaurer une relation de «confiance» perdue avec le précédent ministre.

Jörg Kukies, nommé jeudi ministre allemand des Finances pour remplacer le Libéral Christian Lindner, dont le départ a fait voler en éclats la coalition d’Olaf Scholz, est un proche du chancelier au passé de banquier d’affaires, ce qui lui vaut déjà des critiques.

Le signal envoyé par le chancelier social-démocrate avec cette nomination est clair: restaurer une relation de «confiance» perdue avec le précédent ministre, limogé la veille en raison de désaccords profonds sur la politique économique et budgétaire à suivre.

M. Kukies, 56 ans, était jusqu’ici secrétaire d’Etat à la chancellerie, chargé des dossiers financiers, économiques et climatiques, ainsi que des question européennes. Il était aussi le «sherpa» du chancelier, son principal conseiller pour l’aider à préparer les grands sommets internationaux du G7 ou du G20.

Cet économiste de formation occupait auparavant le même poste au sein du ministère des Finances, lorsque ce dernier était dirigé par un certain... Olaf Scholz, sous le dernier gouvernement Angela Merkel.

C’est en 2018 que M. Scholz convainc ce diplômé de la Sorbonne de Paris et d’Harvard de quitter la banque d’investissement Goldman Sachs, pour intégrer sa garde rapprochée.

Son passé de banquier d’affaires, qui rappelle celui du président français Emmanuel Macron, ancien associé-gérant de Rothschild, lui avait déjà valu des critiques au sein du parti social-démocrate (SPD) d’Olaf Scholz.

Il lui vaut aujourd’hui celles de l’opposition de la gauche populiste.

«Les sociaux-démocrates confient la préparation du budget fédéral précisément à un ancien banquier de Goldman Sachs», cela dit «beaucoup» sur l’état du parti, a fustigé la cheffe du nouveau parti BSW, qui a le vent en poupe dans le pays, Sahra Wagenknecht.

L’intéressé peut en retour faire valoir sa loyauté ancienne au SPD, dont il est membre depuis l’âge de 18 ans.

Jeune socialiste

Ce natif de Mayence a même été brièvement président des Jeunes socialistes de Rhénanie-Palatinat au début années 1990.

Un poste qu’il a quitté pour ses études à Paris puis aux Etats-Unis, où il a offert ses services à Goldman Sachs, l’une des plus grandes banques d’investissement au monde.

Sa carrière au sein de la banque l’a mené à Londres puis à Francfort, comme expert en actions.

En 2014, la banque l’a nommé co-responsable des activités en Allemagne et en Autriche. Il était alors notamment responsable des «solutions avec produits financiers dérivés», comme il l’avait expliqué à l’époque à la «Wirtschaftswoche».

En 2018, son départ du monde bancaire pour la politique avait été qualifié de «coup de tonnerre» par le Handelsblatt.

Intervention de l’état

Au ministère des Finances, Jörg Kukies s’est beaucoup illustré en soutenant l’interventionnisme d’Etat. Il a d’abord fait ses preuves lors de la crise sanitaire du Covid-19, en gérant un fonds de stabilisation économique chargé de sauver les entreprises en difficulté.

C’est aussi lui qui a organisé la nationalisation temporaire de Lufthansa durant cette période.

A son passif, il a été critiqué pour avoir rencontré en 2019 le patron de Wirecard, un prestataire de services de paiement, dont la faillite en 2020 a provoqué un séisme dans la finance allemande, et s’est vu reprocher de ne pas être intervenu suffisamment tôt pour éviter cette issue.

Mais une commission d’enquête parlementaire n’a au bout du compte pas trouvé d’éléments à lui reprocher dans cette affaire.

A la suite de ce scandale, le tandem Scholz-Kukies a présenté une réforme de l’autorité de surveillance des marchés financiers.

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