L'Agence internationale de l'énergie a publié la semaine dernière son rapport annuel sur le marché des énergies renouvelables. L'étude présente un aperçu remarquable de l'état d'avancement de la transition énergétique. Le solaire et l'éolien sont les sources d'électricité les moins chères dans la plupart des pays du monde. Il convient de noter l'évolution de la situation en Chine, où l'énergie solaire réduit les coûts de la production d'électricité à partir du charbon. Ainsi, la Chine installe près de 250 gigawatts de systèmes solaires par an, ce qui représente le double des taux d'installation de centrales électriques en Europe et aux États-Unis. Ces statistiques sont époustouflantes, et nous sommes confortés dans notre idée que le thème de l'énergie propre est sur le point d'arriver à maturité au cours de cette décennie.
Les obstacles à l'adaptation sont devenus plus généraux, notamment les conditions économiques et les structures de marché, et ne sont plus liés aux coûts de la technologie. La transition énergétique est selon nous limitée par la rapidité avec laquelle les marchés intègrent les nouvelles centrales électriques. Plusieurs indicateurs montrent que cette limite est en passe d'être atteinte, notamment la prévalence croissante de prix de l'électricité déprimés ou négatifs en Europe et dans certaines parties des États-Unis, ainsi que l'augmentation des taux de réduction en Chine. Les aides financières telles que les crédits d'impôt et les rabais sur les redevances pourraient être totalement supprimées.
Dans le secteur de l'énergie solaire, les prix et les marges resteront probablement déprimés sur le long terme, car la capacité de production mondiale dépasse déjà ce que le monde peut installer bien au-delà de 2030.
Le relèvement de la limite de vitesse de la transition dépend plutôt d'autres mesures politiques, telles que l'assouplissement des procédures d'autorisation pour l'ensemble des infrastructures énergétiques ou l'augmentation de la flexibilité des marchés. Les transitions réussies partagent certaines caractéristiques, notamment des marchés libéralisés régis par des bourses et des enchères publiques, où les prix peuvent fluctuer librement, même au niveau des consommateurs individuels. Cette dynamique devrait également s'appliquer aux tarifs du réseau afin de contrôler les coûts de l'expansion nécessaire du réseau électrique. C'est l'absence de ces caractéristiques, et non le manque de capitaux, qui explique la lenteur de la transition énergétique dans les marchés émergents, notamment en Asie du Sud-Est.
Fondamentalement, les perspectives de croissance restent faibles. Dans le secteur de l'énergie solaire, les prix et les marges resteront probablement déprimés sur le long terme, car la capacité de production mondiale dépasse déjà ce que le monde peut installer bien au-delà de 2030. L'expansion chinoise risque d'intensifier la concurrence dans le domaine de l'énergie éolienne et des équipements de réseau. La chute imminente des prix mondiaux du gaz devrait exercer une pression sur les prix de l'électricité en dehors de l'Amérique du Nord.
Il existe des poches de croissance. Les services publics réglementés bénéficient de rendements stables. Les batteries de stockage du réseau sont en plein essor. Les réformes des autorisations en Europe soutiennent une augmentation des investissements dans l'éolien terrestre. Les centres de données et l'électrification industrielle en général stimulent la demande d'équipements électriques à haute tension, derrière le mètre. Cela dit, notre opinion sur ce thème reste globalement neutre. Les risques de consolidation n'ont pas encore disparu et les prix de l'électricité doivent se réinstaller pour que les fondamentaux s'améliorent.