La politique monétaire restera stricte

Ann-Katrin Petersen, BlackRock

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Etant donné que la BCE a relevé ses taux à des niveaux très restrictifs, un rythme régulier de réduction des taux au cours des prochains trimestres laisserait encore la politique peser sur la croissance.

Une deuxième réduction, mais plus une valse qu’un quickstep. La BCE a réduit ses taux de 25 points de base aujourd’hui, comme prévu, après avoir revu à la baisse ses projections de croissance, mais en s’attendant toujours à ce que l’inflation atteigne son objectif de 2% au second semestre 2025. Nous pensons que la BCE pourrait procéder à une nouvelle baisse cette année, car les taux sont encore très restrictifs. Cependant nous pensons que les spéculations du marché sur une nouvelle baisse le mois prochain sont optimistes. La rigidité de l’inflation signifie que seule une nouvelle détérioration économique brutale inciterait la BCE à accélérer les baisses trimestrielles, de l’ordre du quart de point. A court terme, nous préférons les revenus des obligations de la zone euro à ceux des bons du Trésor américain.

L’inflation persistante signifie que la politique monétaire restera stricte. À l’instar du cycle de relance, il ne s’agit pas d’un cycle de réduction typique: ce n’est pas un retour au monde que nous connaissions, où l’inflation était constamment bien en dessous de l’objectif de 2%. Avec des marchés du travail encore tendus et une faible productivité, les pressions sur les prix domestiques pourraient maintenir l’inflation à un niveau proche ou supérieur à 2%, même si nous pensons que la croissance des salaires se ralentira encore par rapport aux niveaux actuels (encore trop élevés). Etant donné que la BCE a relevé ses taux à des niveaux très restrictifs, un rythme régulier de réduction des taux au cours des prochains trimestres laisserait encore la politique peser sur la croissance. Et ce, même si l’on tient compte d’un taux d’intérêt neutre probablement plus élevé en raison de changements structures.

Pas de grande surprise pour les marchés. Après la réunion de la BCE qui s’est tenue aujourd’hui, les marchés continuent de penser qu’il y a de bonnes chances qu’une réduction soit opérée en octobre. Les investisseurs doivent garder à l’esprit le tableau d’ensemble: les taux resteront probablement structurellement plus élevés qu’avant la pandémie, ce qui renforce l’attrait des actifs générant des revenus. D’un point de vue tactique, nous préférons désormais les obligations à court terme de la zone euro et le crédit aux bons du Trésor américain à court terme. Nous pensons que les attentes du marché concernant les baisses de taux de la Fed sont allées trop loin. Nous restons tactiquement neutres sur les obligations d’État à long terme de la zone euro, car nous pensons que les rendements continueront d’osciller dans les deux sens en fonction des nouvelles données économiques.

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