L’environnement économique est presque idéal pour les actifs risqués, mais les perspectives politiques se dégradent. La confiance envers les actions et les obligations est toutefois solidement ancrée.
La désinflation se poursuit et surtout «les marchés actions ont historiquement délivré des performances toujours positives et le plus souvent très solides dans la phase d’atterrissage de l’économie américaine précédant la première baisse de taux, avance Benjamin Melman, Directeur des investissements d’Edmond de Rothschild, lors d’une conférence de presse, jeudi. «Ce n’est pas le moment d’être prudent», ajoute-t-il. Lorsque la Fed baissera ses taux d’intérêt, probablement en septembre, il s’agira alors de refaire le point et «d’affiner les perspectives économiques pour redéfinir les grands axes d’allocation».
Les élections françaises et américaines pourraient troubler cet environnement presque parfait. D’ailleurs Edmond de Rothschild AM «renonce à surpondérer les actifs européens dans l’attente de clarification sur le nouveau paysage politique français».
«La décote des small & mid caps européennes est plus élevée qu’au moment de la crise de Lehman Brothers en 2008».
Un risque politique
En France, selon le CIO, à la suite d’une victoire du Rassemblement national ou faute d’une majorité absolue, un creusement du déficit public est possible. «Un scénario favorable est même envisageable, dans le cadre d’une absence de majorité et de poursuite de la recomposition de la vie politique française, qui aboutirait à une alliance entre la gauche, le centre et la droite «de gouvernement» et qui permettrait à la France de poursuivre ses engagements initiaux de réduction du déficit public», selon Edmond de Rothschild AM. Les responsables pensent toutefois que le spread de taux entre l’OAT et le Bund peut encore s’écarter, mais «une crise majeure semble évitable». Benjamin Melman est d’avis que la notation de la France devrait être abaissée d’un ou deux crans, faute de réelles réformes et en raison d’un affaiblissement des institutions.
Sur les actions françaises, pénalisées par l’incertitude politique, une crise pourrait représenter un point d’entrée attractif, selon Edmond de Rothschild AM. Les sociétés sont moins exposées au risque local qu’on ne le pense: 85% du chiffre d’affaires des sociétés françaises cotées est enregistré hors de l’Hexagone.
Le risque politique américain se concentre sur une élection de Donald Trump, dont la politique inflationniste n’est pas encore suffisamment intégrée dans le rendement des obligations du bon du Trésor. Avec une nouvelle présidence de Joe Biden, les perspectives économiques ne seraient guère ajustées.
Opportunités dans les small & mid caps européennes
L’optimisme à l’égard des actions est particulièrement mis en avant à l’égard des petites et moyennes capitalisations européennes. Leur multiple des bénéfices correspond à celui des grandes capitalisations alors que l’augmentation de leurs bénéfices leur est nettement supérieure. La décote des small & mid caps européennes est plus élevée qu’au moment de la crise de Lehman Brothers en 2008, révèle Benjamin Melman. Le gérant est également favorable aux thèmes du Big Data et de la santé.
Une autre grande opportunité se dessine progressivement sur les marchés boursiers, en l’occurrence sur les marchés émergents, lesquels profitent par exemple d’un risque politique moindre qu’ailleurs.