Goldilocks dans un environnement instable

Benjamin Melman, Edmond de Rothschild Asset Management

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Il n’est pas impossible que l’économie américaine entame un léger ralentissement, ce qui serait une excellente nouvelle dans un contexte de surchauffe.

©Keystone

 

Le mois dernier, nous avions décidé de légèrement sous-pondérer les actions par précaution après l’excellent parcours de la classe d’actifs et la confirmation d’un scénario que nous n’attendions pas, à savoir la reflation américaine, avec le risque d’un retour de la volatilité liée aux nouvelles incertitudes autour de la réaction de la Réserve Fédérale. Le repli des marchés d’actions nous a d’abord conduit à remonter à la neutralité nos expositions en milieu de mois, puis à passer surpondéré en toute fin de mois.

Tout d’abord, la publication des résultats des entreprises au premier trimestre a jusqu’ici globalement délivré de bonnes surprises et il nous est apparu dangereux de rester durablement sous-investi dans un tel environnement. Ensuite, le discours de Monsieur Powell demeure plutôt rassurant: la barre reste haute avant d’envisager un resserrement monétaire. Enfin, il n’est pas impossible que l’économie américaine entame un léger ralentissement, comme le suggère les dernières statistiques sur l’emploi ou le tassement des enquêtes auprès des PME, ce qui serait une excellente nouvelle dans ce contexte de surchauffe. Aussi, dans un environnement où les économies européennes et chinoises donnent des signes de redémarrage sans pointer de risque inflationniste, nous remontons les expositions sur les actions.

Bien sûr, le risque de poursuite de la remontée inflationniste perdure aux Etats-Unis. Bien sûr, le risque géopolitique reste important. Par ailleurs, en dépit du prochain tapering du Quantitative Tightening de la Reserve, la liquidité monétaire des marchés devrait se tarir au cours de l’été au regard de la vitesse à laquelle se vide le programme de Reverse Repo (RRP) de la Fed. De même que d’ici l’été, les marchés seront probablement plus nerveux à l’approche de l’élection présidentielle américaine. La principale source de visibilité est que le risque de récession s’est objectivement réduit mais les autres facteurs de risque – inflation américaine, géopolitique, politique, liquidité restent entiers pour cette année 2024. À ce titre, nous évoluons de façon plus tactique dans cet environnement.

Notre surpondération est axée tant sur les actions américaines que sur les actions européennes. Nous continuons à privilégier les thèmes du Big Data, de la santé et des small caps européennes. La décote des small caps par rapport aux valeurs de larges capitalisations atteint des records et nous estimons que le desserrement des conditions de crédit bancaire, la très vraisemblable baisse des taux de la BCE dès le mois prochain ainsi que le redressement économique européen militent pour un rattrapage de cette classe d’actifs.

Sur les marchés obligataires, nous maintenons notre surpondération d’autant que le prix du pétrole a entamé une correction baissière qui a d’ailleurs récemment pesé sur les anticipations d’inflation. Si l’environnement plus reflationniste aux Etats-Unis nous a surpris, de nombreux facteurs militent toujours pour un ralentissement économique qui serait sans aucun doute porteur pour la classe d’actifs, d’autant plus que les rendements absolus demeurent attractifs. Les spreads de crédit sont devenus modestes mais ils correspondent à un environnement économique bénin, où les investisseurs sont très présents.

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